Pourquoi des franchisés Carrefour se rebellent contre le géant de la grande distribution
Ils n’en peuvent plus et ils sont prêts à le crier. Un peu partout en France, des gérants de magasins Carrefour laissent éclater leur colère, dénonçant les conditions abusives des clauses imposées par le groupe de grande distribution français. Leader européen du secteur, Carrefour a tissé un véritable empire grâce à son système de franchises. L’enseigne possède plus de 4.000 magasins de proximité de type Carrefour Contact, City, Express ou encore Proxi et 8 à Huit. Il faut y ajouter plus d’un millier de Carrefour Market, dont 70 % fonctionnent comme franchisés. Ce vaste programme de développement avait été impulsé à l’arrivée d’Alexandre Bompard au poste de PDG en 2017. Mais à quel prix ?
Depuis plusieurs mois, des chefs d’entreprise réunis au sein de l’Association des franchisés de Carrefour dénoncent les clauses « abusives » imposées par le géant de la grande distribution. Ils ont intenté plusieurs actions en justice et ont reçu le soutien du ministère de l’Économie et récemment du procureur de Rennes. Explications.
Réunis dans la capitale bretonne, plusieurs franchisés ont dénoncé des conditions d’exercice déloyales. Interrogé par nos confrères de Ouest-France, l’un d’entre eux explique qu’il est contraint d’acheter sa marchandise à la centrale d’achat du groupe, « 20 % plus cher » que les concurrents, et même que les hypermarchés du groupe. A ce tarif, impossible d’être rentable. D’après le président de l’association, « 80 % des franchisés de Carrefour proximité France ne parviennent pas à gagner leur vie », assurent nos confrères. Les franchisés sont les « vaches à lait » du distributeur, affirmait en 2023 Jérôme Coulombel, ancien collaborateur, auteur du livre Carrefour, la grande arnaque.
Une amende de 200 millions réclamée
La rébellion avait véritablement démarré l’an dernier quand le ministère de l’Economie avait requis une amende de 200 millions d’euros contre le groupe alimentaire, réclamant au passage la nullité d’une dizaine de clauses inscrites dans les contrats de franchise. Ce sera au tribunal d’en décider. Vendredi 27 février, l’association des franchisés de Carrefour, qui revendique 260 adhérents, a également reçu le soutien du parquet de Rennes. Il entend « demander à la juridiction saisie d’ordonner la cessation des pratiques reprochées » aux différentes entreprises du groupe Carrefour assignées à Rennes.

Le groupe Carrefour a dit mardi avoir « une totale confiance dans sa capacité à démontrer la parfaite validité de ses contrats comme l’équilibre de sa relation avec ses partenaires », et « continuera de défendre avec confiance ce modèle ».
La CFDT a aussi assigné le distributeur au sujet du passage de nombreux magasins grand format en franchise et location-gérance, estimant qu’il s’agit d’un plan de restructuration déguisé, « destiné à réduire les frais de personnel et à dénoncer les accords d’entreprises ». Carrefour répond que cela évite de fermer des magasins.