OMS : Accord historique sur la lutte contre les futures pandémies

L’Organisation mondiale de la santé tient enfin son accord après plus de trois ans de négociations. Ce mercredi, les pays membres ont approuvé par consensus un texte historique visant à mieux se préparer et lutter contre les futures pandémies.
« Ce soir marque une étape importante dans notre voyage commun vers un monde plus sûr », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués. « Vous avez écrit l’histoire » avec ce projet d’accord qui sera examiné lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé en mai.
« Le multilatéralisme est bien vivant »
Il aura fallu une dernière journée et nuit de négociation, avant que l’ensemble du texte soit validé. « On a topé à 1h58 », a indiqué un délégué, tandis que l’OMS préparait le champagne. Cela démontre « que le multilatéralisme est bien vivant », s’est en outre félicité Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Cinq ans après l’arrivée du Covid-19, ses millions de morts et une économie mondiale dévastée, l’accord doit permettre de mieux préparer le monde, loin d’être équipé pour affronter une autre pandémie, selon l’OMS et les experts.
Les négociations avaient pourtant avancé plus lentement que prévu mardi, après trois jours de pause, butant essentiellement jusqu’au bout sur le transfert de technologies pour la production de produits de santé liés aux pandémies, en particulier au profit des pays en développement. Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors du Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests.
Des négociations sans les Etats-Unis
Plusieurs pays, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd dans l’économie, sont opposés à l’idée d’obligation de transfert et insistent sur son caractère volontaire. Un consensus a finalement émergé autour du principe de transfert de technologies « convenu d’un commun accord ». Considéré comme une des pièces centrales du texte, ce dernier prévoit par ailleurs la création d’un « Système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages » (PABS en anglais), à savoir les produits de santé découlant de leur utilisation, comme des vaccins ou des tests par exemple. Le texte vise aussi à élargir l’accès à ces produits en établissant un réseau mondial de chaîne d’approvisionnement et de logistique.
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Le chef de l’OMS était venu rejoindre les négociateurs en fin de journée mardi, et en a profité pour s’adresser à la presse. Pour lui le texte est « équilibré » et apporte « plus d’équité ». Surtout, il a exhorté à ne pas perdre de vue l’essentiel : « Le coût de l’inaction est bien plus élevé » parce que « le virus est le pire ennemi, il pourrait être pire qu’une guerre ». Mais, même face à ce constat, les Etats-Unis étaient absents des négociations, Donald Trump ayant décidé qu’ils quittaient l’organisation. Reste à savoir maintenant à quel point cela affectera l’accord.