Octobre rose : des femmes offrent leurs cheveux pour des perruques.
Des salariées de MBA Mutuelle ont accepté de donner leurs cheveux lors de l’opération « Tous de mèche », qui a lieu dans une trentaine d’entreprises de Rennes et Saint-Malo. L’association Fake Hair Don’t Care précise qu’il faut en moyenne dix donneurs pour réaliser une seule perruque.
Des cheveux tombent sur le carrelage de la salle de réunion. Ceux-ci ne seront pas gardés, car trop courts. Seules les longues mèches d’au moins dix centimètres sont soigneusement conservées dans des enveloppes. « Je ne vais pas souvent chez le coiffeur. Là, ça me fait un peu bizarre », confie Alice. Salariée de MBA Mutuelle, cette responsable d’équipe vient de donner ses cheveux au sein même de son entreprise. « Ça te va bien, je trouve », lui répond une collègue pour la rassurer.
Toutes ont accepté de se couper les cheveux pour les donner à une association qui fabrique des perruques pour les femmes atteintes de cancer. Cette opération, appelée « Tous de mèche », se déroule dans une trentaine d’entreprises à Rennes et Saint-Malo et prend de l’ampleur chaque année, depuis son lancement il y a cinq ans.
Le principe est simple. Des coiffeurs bénévoles se rendent dans les entreprises pour récolter des cheveux dans le cadre d’octobre rose. Les longues mèches seront utilisées pour réaliser des perruques via l’association Fake Hair Don’t Care. « Je le fais avec plaisir. On sait que le cancer peut toucher n’importe qui. Je participe pour que des femmes puissent avoir une perruque et se sentir bien dans leur corps. Le visage, c’est quand même la première chose que l’on voit », continue Alice, qui a laissé tomber vingt centimètres de boucles noires.
« Toucher aux cheveux, c’est toucher à leur féminité »
Cette perte est bien plus qu’un simple effet secondaire de la chimiothérapie pour les personnes touchées. L’ « alopécie », qui apparaît généralement après deux ou trois semaines de traitement et peut également affecter les cils et les sourcils, rend la malade visible aux yeux de tous. Selon l’institut national du cancer, elle est souvent mentionnée comme le principal effet négatif des traitements contre le cancer. « Pour beaucoup de femmes, toucher aux cheveux, c’est toucher à leur féminité. C’est très compliqué de les perdre. Beaucoup n’osent plus se montrer », rapporte Fabien Rocton, qui arrange ses ciseaux. Ce coiffeur, basé à Saint-Grégoire, s’est porté volontaire pour collecter des cheveux. En échange de leur don, ces femmes bénéficient d’une coiffure gratuite. « On a même eu des garçons qui sont venus ce matin », assure Charlotte Duchemin.
La responsable de la communication événementielle, organisatrice de l’opération au sein de MBA Mutuelle, a aussi décidé d’offrir dix centimètres de ses cheveux bouclés. « Quitte à se faire couper, autant que ça serve à de nobles causes. C’est un petit geste pour nous, mais cela peut aider des femmes », explique-t-elle. Serait-elle prête à se raser la tête, comme l’a fait la Miss France Vaimalama Chaves il y a quelques jours pour une campagne de sensibilisation au cancer du sein ? « Non, ça, je ne pourrai pas », avoue Charlotte Duchemin. Chacune des participantes interrogées a exprimé la même chose. « Mes cheveux, j’y tiens et j’essaye d’en prendre soin. Je sais que tout le monde n’a pas la chance de les garder, donc j’essaye de participer à ma petite échelle », témoigne Alice.
La perruque, un accessoire très cher
Cependant, cet accessoire n’est pas accessible à tous. L’Assurance maladie et la mutuelle peuvent couvrir jusqu’à 700 euros de frais pour les malades ayant perdu leurs cheveux. Cependant, le coût des perruques peut souvent dépasser 1.000, voire 2.000 euros lorsque celles-ci sont fabriquées avec des cheveux naturels. « C’est un moment déjà difficile pour les femmes. On essaie de leur apporter du bien-être. Et surtout de le rendre accessible. Il y a un coût, mais il y a aussi de l’entretien », précise Marine Vincent.

La bénévole de l’association Fake Hair Don’t Care précise qu’il faut « trois à quatre semaines de travail » à la perruquière pour chaque bénéficiaire. En outre, il faut en moyenne dix donneurs pour réaliser une seule perruque. Cependant, les dons ne manquent pas. L’association Fake Hair Don’t Care a même dû suspendre sa collecte en raison de l’afflux de mèches reçues.

