France

Nouveau Premier ministre : Jean-Luc Mélenchon et « l’obsession » d’une présidentielle anticipée ?

«Nos alliés ont peur. Nous, c’est l’inverse, nous n’avons pas peur d’être dans un moment historique ». Jean-Luc Mélenchon a accentué ces derniers jours la pression sur ses camarades du Nouveau front populaire. Le patron de La France insoumise, qui a séché l’entrevue à l’Elysée mardi, ne voit désormais plus qu’une seule issue à la crise politique : la démission du président de la République. Accusé de vouloir semer « le chaos », le tribun se prépare donc déjà pour une présidentielle anticipée, au risque de faire dynamiter la fragile coalition des partis de gauche.

NFP à Matignon ou censure

Depuis la chute de Michel Barnier, les insoumis pressent de nouveau Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu du Nouveau front populaire. Alors que le nouveau chef du gouvernement doit être connu ce jeudi soir, le groupe LFI a indiqué qu’il censurerait toute figure hors-NFP qui arriverait à Matignon. « Pourquoi dilapider notre victoire aux législatives ? Le président doit respecter le vote des Français. Ceux qui tentent de maintenir le macronisme sous respirateur artificiel d’une manière ou d’une autre trahissent le contrat initial du NFP », tranche l’élu LFI des Hauts-de-Seine Aurélien Saintoul.

Dans le viseur insoumis, les partenaires de gauche qui ont accepté de rencontrer mardi le chef de l’Etat. Et surtout les socialistes. Ces derniers ont proposé un contrat de « non-censure » au bloc central si, dans le même temps, le futur Premier ministre s’engageait à ne pas utiliser de 49.3. « Cela obligerait le Parlement à trouver des compromis, texte par texte », souligne le député socialiste Laurent Baumel. « Le pays a besoin d’apaisement, pas de ceux qui brutalisent sans arrêt la vie politique et attendent le grand soir », ajoute le patron des sénateurs PS Patrick Kanner, proche de François Hollande.

« Leur seule obsession, c’est la présidentielle »

Ces divergences ont fait monter la température entre les deux partenaires de gauche cette semaine et illustrent une vraie différence stratégique. « Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l’entend », a piqué Olivier Faure mercredi sur BFMTV, appelant les insoumis à faire des « compromis » pour sortir de la crise. « C’est sidérant ! Nous n’avons pas été élus pour aider Emmanuel Macron à remonter sur son cheval. En faisant ça, le PS s’écarte du NFP. Il faut en finir avec ces sept ans de macronisme en retournant aux urnes », tranche Eric Coquerel, le président insoumis de la Commission des finances.

L’appel à la démission d’Emmanuel Macron a d’ailleurs acté une première vraie rupture entre LFI et ses partenaires de gauche. « Leur seule obsession c’est Jean-Luc Mélenchon président de la République ou au moins candidat à la présidence », regrettait ce jeudi matin sur BFMTV Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique, allié au PS. « Les insoumis ont toujours la même logique, la logique du chaos, la logique de la VIe république », dénonce également Karl Olive, député macroniste, qui appelle les formations de gauche à s’émanciper du « gourou Mélenchon ».

Les insoumis se préparent déjà

Les insoumis, eux, sont persuadés qu’Emmanuel Macron ne pourra pas tenir ainsi jusqu’en 2027. « Le macronisme est un zombie, il est temps de s’en débarrasser », tranche Aurélien Saintoul. « Quand on évoquait cet été la destitution du président, tout le monde rigolait. Aujourd’hui, les faits nous donnent raison. Et des personnes de droite comme Jean-François Copé ou David Lisnard parlent désormais aussi de démission », ajoute-t-il, alors que la procédure de destitution du président portée par LFI avait échoué cet automne au Parlement.

Les dernières actus sur Jean-Luc Mélenchon

Evoquant la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a démenti toute « intention obsessionnelle d’aller me casser la tête à faire ce boulot » lors d’une réunion publique lundi devant plusieurs centaines de personnes à Redon (Ille-et-Vilaine). Mais ce meeting avait bien des allures de campagne, que le parti ne se cache pas de préparer déjà activement, en allant à la pêche aux 500 signatures. Dans cette perspective, qui d’autre que le tribun pour porter le drapeau ? « S’il doit y avoir une élection présidentielle dans les prochains mois, le meilleur candidat à gauche est Jean-Luc Mélenchon », assurait mercredi soir sur BFMTV Manuel Bompard, coordinateur de LFI. Mais avec ou sans les partenaires de gauche ?