Acheteurs discrets, somme record…Dans les coulisses de la vente d’un yacht saisi par l’Etat

Une petite minute d’enchères et dix millions d’euros qui tombent dans les caisses de l’Etat : la justice a vendu ce jeudi le yacht Stefania, saisi à un milliardaire biélorusse dans une enquête pour trafics d’armes, trafic de produits stupéfiants et blanchiment. Une première pour ce type de bien. Et pour cela, les huiles de la justice marseillaise s’étaient donné rendez-vous aux chantiers navals de La Ciotat (Bouches-du-Rhône).
Parmi ces personnalités, Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, qui a salué « une vente exceptionnelle », en coopération avec les autorités italiennes, ou a été le saisi le Stefania « avant qu’il ne parte vers des eaux plus inhospitalières ».
« Le produit du produit »
Etaient également présents Franck Rastoul, procureur général près la cour d’appel d’Aix-en-Provence et Xavier Bonhomme, le président de l’agence de saisie des avoirs criminels, qui s’est félicité de récupérer « le produit du produit ». Comprenez le produit de la vente de drogue.
Si l’identité de nouveau propriétaire du Stefania, 41 mètres de long, cinq suites, une piscine et un jacuzzi, est resté confidentiel, nous avons toutefois pu apprendre que l’acheteur était physiquement représenté à la vente à laquelle la presse a été finalement tenue à l’écart, dans une décision confuse.
Voilà de quoi préserver la tranquillité de la trentaine de candidats acquéreurs à avoir fait le déplacement (ou à disposer d’un fidèle le faire pour eux) jusqu’aux chantiers navals de La Ciotat, où le Stefania, tiré hors de l’eau et posé sur bers, pouvait être inspecté sous toutes ses coutures.
Et si cette vente historique s’est déroulée dans un recoin discret de cet immense espace peuplé de hangars et de yachts, aux côtés desquels le Stefania passerait presque figure de barque, elle pourrait ne pas être la dernière. Amaré sur un quai du chantier, l’Amore Vero, yacht de 86 mètres saisi à un milliardaire russe proche de Poutine au début de la guerre en Ukraine, attend que l’on statue sur son sort.
Il a été précisé que le nouveau propriétaire du Stefania n’est pas de nationalité française. Mais il reste certain qu’il continuera à croiser dans les eaux méditerranéennes, entre la Corse, Saint-Tropez et les îles Baléares, parcours estival classique pour qui possède ce genre de bateau.