Le CCOJB interpelle Alexander De Croo : “En abandonnant Israël, vous abandonnez votre communauté juive”

Une communauté “isolée et abandonnée”

”Ces dernières années, (la communauté juive de Belgique) a subi les effets d’un antisémitisme toujours croissant, lequel a littéralement explosé depuis le 7 octobre 2023, explique la lettre ouverte diffusée ce mercredi matin. Après la sidération, la tristesse extrême et la colère provoquées par la barbarie d’une cruauté indicible du pogrom du 7 octobre, elle vit dans une inquiétude profonde au sujet de sa propre sécurité tant elle ressent une forte hostilité à son encontre. Pire, en l’absence de manifestations d’une empathie réelle, elle se sent isolée et abandonnée, à tel point que nombreux sont les Juifs qui s’interrogent quant à leur avenir en Belgique. Les Belges juifs vivent pour la plupart un attachement envers l’État d’Israël et ils apportent un soutien fort à son existence et à sa sécurité.”

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Un changement de discours diplomatique

Si le CCOJB et le FJO reconnaissent qu’Alexander De Croo a, dans un premier temps, reconnu l’horreur des crimes commis par les terroristes du Hamas, ces organisations déplorent un changement dans le discours du chef du gouvernement fédéral. “Depuis que vous vous êtes rendu au Moyen Orient en compagnie de votre collègue espagnol (Pedro Sanchez, NdlR), votre discours s’est transformé en une hostilité forte à l’encontre d’Israël, la Belgique se plaçant en tête des pays européens dans la critique radicale de la riposte israélienne. Vos positions récentes ne font plus aucune allusion aux crimes barbares du 7 octobre, sans évoquer les féminicides, les viols et les mutilations abjectes subies par les femmes israéliennes, sans plus même exiger la libération des otages retenus en captivité depuis près de six mois et sans exprimer la solidarité de notre pays à l’égard de la population israélienne.”

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Les auteurs de lettre ouverte pointent plus particulièrement le comportement de certains ministres de la majorité Vivaldi. “Plusieurs membres de votre gouvernement ont eux-mêmes participé à cette attitude radicale contre Israël, à travers des déclarations étonnantes de par leur agressivité, telle Madame De Sutter (Groen) qui a appelé au boycott d’Israël et à agir devant la Cour Internationale de Justice à l’instar de l’Afrique du Sud, telle Madame Gennez (Vooruit) appelant aussi à une action devant cette même Cour ou accusant l’Allemagne de se retrouver une deuxième fois du mauvais côté de l’histoire, procédant ainsi à une assimilation d’Israël à l’état nazi, telle encore Madame Khattabi (Écolo) qui avait éprouvé des difficultés à qualifier le Hamas de terroriste.”

Le Premier ministre est directement interpellé afin qu’il redéfinisse une position plus équilibrée à l’égard de la situation au Proche Orient. “Nous appelons de votre part et de votre gouvernement l’expression d’une position nuancée et équilibrée, à l’instar de nombre de vos homologues européens, en particulier français et allemands, n’ayant de cesse de rappeler les atrocités barbares du 7 octobre et de réclamer la libération des otages, dont il n’est pas trop fort d’affirmer qu’ils se trouvent réellement en enfer. Les conclusions du Sommet européen des 21 et 22 mars 2024 ont également élaboré une position plus équilibrée que celle défendue par la Belgique. […] En abandonnant ainsi Israël, vous abandonnez votre communauté juive.”

Il convient de préciser que la diplomatie belge réclame un cessez-le-feu immédiat des combats dans la bande de Gaza mais également une libération de tous les otages capturés par le Hamas le 7 octobre en Israël. Notons également que d’autres organisations au sein de la communauté juive ne soutiennent pas cette vision très critique de la politique étrangère menée par la Vivaldi et estiment que cette lettre ouverte est maladroite car excessive.

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Un coordinateur national pour lutter contre l’antisémitisme

La lettre ouverte adressée à Alexander De Croo dénonce également la mollesse de la réponse du gouvernement fédéral à la montée de l’antisémitisme en Belgique. “Pourquoi se contente-t-on, le 15 janvier 2024, de lancer un mécanisme de coordination interfédéral de lutte contre l’antisémitisme, suite de la Cellule de veille antisémitisme créée en 2004 qui n’a eu aucun résultat tangible […] ? Il est temps de faire écho aux préoccupations impérieuses des Belges juifs, il est temps de les entendre, il est plus que temps de désigner un coordinateur national indépendant et de lui donner les moyens d’enfin mettre au point une stratégie de lutte contre l’antisémitisme.”