Belgique

Françoise Bertieaux refuse tout cadre légal spécifique contre les violences sexuelles sur les campus

Mardi, lors d’un long débat en commission au Parlement, plusieurs parlementaires, de la majorité comme de l’opposition, ont notamment rappelé le contenu d’une résolution parlementaire adoptée (avec le soutien du MR notamment) il y a un peu plus de deux ans à ce sujet.

Celle-ci formulait plusieurs recommandations, dont l’adoption d’un cadre légal propre à l’enseignement supérieur.

Interrogée mardi par plusieurs députés, la ministre Bertieaux a clairement fait savoir qu’il n’entrait pas dans ses intentions d’adopter cadre pareil instrument pour l’enseignement supérieur.

« Cela, je m’y refuse. Ce serait considérer les campus comme des ghettos et personne n’ignore que (…) ce genre de séparation sociale aggrave les situations difficiles », s’est justifiée la ministre.

« Nos établissements supérieurs ne sont pas des commissariats de police ou des tribunaux! Je refuse d’enfermer les étudiants dans des bulles où ils ne prendraient pas part à la société », a-t-elle ajouté, rappelant que les universités étaient soumises, comme tout un chacun, aux règles de l’Etat de droit.

Tout en citant les différentes initiatives déjà mises en place sur les campus, Mme Bertieaux a rappelé que la sécurité publique relevait « en premier lieu de la responsabilité des bourgmestres ». Certaines universités se sont par ailleurs dotées de leur propre services de sécurité, a-t-elle ajouté.

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Sans minimiser les violences sexuelles dans l’enseignement supérieur, la ministre a néanmoins dit constater leur présence « dans toute la société ». Pour en venir à bout, c’est un « travail éducationnel (…) collectif qui doit se faire, bien avant l’enseignement supérieur », a-t-elle plaidé

A cet égard, Mme Bertieaux a cité les efforts récents menés par la FWB pour promouvoir l’éducation à la vie relationnelle et affectives à l’école, mais aussi dans les services de la jeunesse, etc. « Cette majorité a fait plus en la matière qu’aucune autre », a martelé la ministre.

Ces propos n’ont pas vraiment convaincu, en ce compris au sein de la majorité arc-en-ciel.

Hélène Ryckmans (Ecolo) a ainsi sèchement déploré le rejet par la ministre d’un cadre légal spécifique à l’enseignement supérieur. « Même Unia et l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur) disent que le cadre actuel n’est pas suffisant! (…) Si des choses ont été faites, ce n’est pas à vous qu’on les doit! », a-t-elle grincé.

Dans l’opposition, Nicole Nketo Bomele (DéFI) a aussi critiqué l’attitude la ministre. « Se dédouaner sur les autorités locales comme vous le faites, c’est un faux-fuyant en avant », a estimé l’élue. Au nom des Engagés, Michel de Lamotte a, lui, appelé à des « mesures structurelles et un changement de culture ».

Amandine Pavet (PTB) s’est, elle, dite choquée par la réponse de la ministre. La formation marxiste a d’ailleurs annoncé le dépôt d’une motion qui sera soumise à l’approbation de la séance plénière prévue mercredi après-midi.