Belgique

« Ce n’est pas pour sauver la planète, mais pour nous sauver nous-mêmes » : un nouveau centre dédié à l’analyse des risques climatiques pour la Belgique

Le projet a été mis sur les rails suite aux inondations de juillet 2021. Sur proposition de la ministre du Climat, de l’Environnement et du Green Deal Zakia Khattabi (Écolo), le Cerac est né en octobre 2023 sous la direction de Luc Bas. Son objectif est de renforcer la capacité d’adaptation de notre pays face aux dérèglements climatiques.

Ce nouvel organe, attaché au SPF Santé publique, se fonde sur trois piliers : analyser et identifier les risques environnementaux et climatiques en collaboration avec des experts scientifiques multidisciplinaires et des organisations fédérales, formuler des recommandations au monde politique sur la base de ces informations, et informer la société belge sur la manière dont le dérèglement climatique peut impacter la population.

Le Cerac sera ainsi chargé de surveiller les neuf limites planétaires (seuils à ne pas dépasser si l’humanité veut vivre dans un écosystème sûr ; ces limites sont par exemple le niveau d’érosion de la biodiversité, l’utilisation mondiale de l’eau, ou la disparition de la couche d’ozone). Il devra informer le Conseil national de sécurité sur les risques climatiques et environnementaux pour la sécurité belge. “Nos recommandations et analyses ne sont pas contraignantes, mais nous sommes chargés d’analyser quelles actions ont été menées ou non”, a précisé Luc Bas.

La Belgique a déjà dépassé cinq des six limites qui “peuvent déstabiliser la Terre”, alerte un nouveau rapport

Une première analyse de risque complète pour 2025

”Ce n’est pas pour sauver la planète, c’est pour nous sauver nous-mêmes. La planète peut survivre sans nous”, a rappelé le directeur du Cerac. Ce dernier souligne que les personnalités politiques ne sont pas les seules visées par ces analyses de risques : “Ce n’est pas seulement le monde scientifique, l’Union Européenne, les citoyens ou l’ONU qui doivent comprendre ce qu’il se passe. C’est le monde économique dans son ensemble”.

L’objectif du Cerac est de publier une première analyse complète des risques climatiques et environnementaux en Belgique durant une période de douze mois entre 2024 et 2025, afin de faire ensuite des recommandations. Le centre propose par ailleurs déjà sur son site, lancé lundi, une série d’informations utiles concernant ces risques et leurs conséquences pour la population belge. On peut notamment y lire que le niveau de la mer en Belgique pourrait augmenter de 60 à 90 centimètres d’ici 2100, et que le nombre de journées de canicule pourrait atteindre 50 jours par an.

L’équipe de l’organe fédéral a également présenté ce qui sera sa première étude sur la perspective belge d’un dépassement des limites planétaires. Elle sera publiée fin mai. Les résultats préliminaires confirment que ces limites sont largement dépassées dans notre pays en ce qui concerne les cycles biogéochimiques, le réchauffement climatique et l’intégrité de la biosphère, alors qu’elles restent dans les limites pour la consommation d’eau douce.

”Nous poursuivons un travail recommandé par le GIEC, nous espérons que ce n’est que le début d’une prise de conscience nécessaire, a commenté la ministre Zakia Khattabi. Il est essentiel de connaître les risques de ces crises pour notre santé, notre économie, et notre société de manière plus large. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons prendre des décisions éclairées pour éviter ces risques autant que possible et protéger les populations et les secteurs vulnérables si nécessaire.”