Suicide d’une policière à Charleroi : plainte pour viol confirmée, problème « personnel » évoqué
La semaine dernière, une jeune policière de 30 ans, Élisa, s’est suicidée avec son arme de service. Selon le parquet de Charleroi, les éléments recueillis confirment qu’un motif personnel et d’ordre privé est à l’origine du geste fatal.
C’est un drame qui pourrait être lié à de la violence sexiste et sexuelle sur un lieu de travail. La semaine dernière, une jeune policière de 30 ans, Élisa, s’est suicidée avec son arme de service. Ses parents, interrogés par RTL, dénoncent un harcèlement et un viol présumés par un collègue, des agissements qui auraient conduit la jeune femme à prendre cette décision tragique.
Un acte lié à un problème « personnel et non professionnel », selon le parquet
Ce lundi après-midi, à la suite des nombreux articles de presse, le parquet de Charleroi a souhaité apporter des clarifications : « Le parquet confirme l’existence d’une enquête pour harcèlement en milieu de travail actuellement menée par l’Auditorat du travail du Hainaut. Suite à la déposition de la policière, un dossier répressif a été ouvert pour viol concernant un membre de la zone de police de Charleroi. Cependant, cette information a été traitée sans poursuites pénales en raison de charges insuffisantes. Après le suicide de la policière, le parquet a ouvert une enquête. Des investigations ont été menées, y compris l’analyse du téléphone de la victime et l’audition d’un proche. Les éléments recueillis confirment qu’un motif personnel et d’ordre privé est à l’origine du geste fatidique, ce qui contredit les informations communiquées jusqu’à présent. »
Il est signalé que six autres femmes auraient également déposé plainte contre un commissaire de la zone, qui est ainsi devenu leur supérieur hiérarchique. Ce dernier aurait été suspendu en juin dernier, mais son retour aurait été annoncé. Cette perspective aurait inquiété Élisa, qui craignait de se retrouver face à son supposé agresseur. Ses parents affirment que les événements sur son lieu de travail ont conduit la jeune femme à son geste, une thèse que le parquet conteste pour l’instant.
Un malaise croissant
Du côté syndical, la CGSP police rappelle sa condamnation de toute forme de harcèlement et souligne la nécessité d’implémenter un véritable plan contre le sexisme et le racisme au sein de la police.
Ces violences au sein de la police suscitent des réactions au-delà des syndicats de police. Camille Delhoux, permanente chargée des femmes pour la CSC, déclare : « Ce sont des milieux très masculins où la violence et le harcèlement sont courants, et beaucoup de femmes en souffrent quotidiennement. Elles portent parfois une douleur si profonde qu’elles en arrivent à poser ce genre d’acte. » Elle ajoute : « Il reste beaucoup de travail de formation à réaliser auprès de tous les policiers et policières. Le meilleur moyen de prévenir ce type de harcèlement est la prévention et la formation. Ainsi, dès les premiers signes, tout le monde sera armé pour stopper les violences. »
La police fédérale exprime son soutien à ses collègues et à leurs proches.
La police de la zone de Charleroi, qui a choisi de ne pas faire de déclaration en raison de l’enquête en cours, a été questionnée. La police fédérale souhaite transmettre un message d’émotion : « Cet événement tragique a touché l’ensemble de la famille policière. Chaque drame est de trop. Nos pensées vont avant tout à sa famille, ses amis et ses collègues. »
La police précise que « comme les autres organismes du secteur public, elle a l’obligation de mener tous les cinq ans une enquête sur les risques psychosociaux. Ces résultats débouchent sur des mesures concrètes. Chaque année, l’employeur élabore des plans d’action ciblés qui font l’objet d’une concertation et d’un suivi avec les partenaires sociaux. »
Elle ajoute encore : « Les comportements indésirables ne font pas partie de l’ADN de notre organisation ; tout dysfonctionnement doit être traité avec fermeté. Il est encourageant que des membres du personnel signalent ces comportements afin que l’on puisse s’attaquer aux problèmes. La promotion du bien-être et la création d’un environnement psychosocial sûr pour chacun des quelque 14.000 membres du personnel de la Police Fédérale sont des priorités pour la vision et la politique du commissaire général. »
Les obsèques d’Élisa ont eu lieu vendredi dernier.

