France

Gouvernement Lecornu II : Edouard Geffray nommé ministre de l’Éducation, un « bras d’honneur » pour les syndicats

Edouard Geffray a été nommé ministre de l’Education nationale dans le gouvernement Lecornu II ce dimanche. Il a été directeur général de l’enseignement scolaire et a été numéro 2 du ministère auprès de Jean-Michel Blanquer pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron.


Si le grand public n’a jamais entendu parler de lui avant sa nomination au gouvernement Lecornu II ce dimanche, l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire, Edouard Geffray, est connu des enseignants et des personnels de l’Éducation nationale. Malheureusement, diront certains. D’abord pour sa malheureuse déclaration de décembre 2019. À l’époque, directeur général de l’enseignement scolaire (Degesco) au sein du ministère, il avait comparé le suicide de l’enseignante Christine Renon dans son école de Pantin à « une chute dans un escalier ».

Mais surtout, il est connu pour son rôle clé auprès de Jean-Michel Blanquer en tant que numéro 2 du ministère durant tout le premier mandat d’Emmanuel Macron. Pendant toutes ces années et jusqu’à l’été 2024, il a mis en œuvre la réforme du lycée et du baccalauréat, géré la période du Covid-19 et travaillé à la mise en place de diverses politiques, notamment le fameux « choc des savoirs » de Gabriel Attal.

### Tenu pour comptable de « réformes dénoncées »

Il va sans dire que sa nomination au ministère de l’Éducation nationale, en tant que septième ministre du deuxième quinquennat, a suscité des réactions au sein des syndicats. « Alors que certains de ses prédécesseurs n’étaient pas spécialistes de l’Éducation, le nouveau ministre Geffray connaît l’institution et ses rouages pour avoir été numéro 2 de ce ministère pendant plusieurs années », indique la CGT Éducation dans un communiqué.

Cependant, le syndicat ne se réjouit pas. Il rappelle qu’il a été le « véritable bras droit » de Jean-Michel Blanquer « que les personnels n’ont pas regretté après l’avoir largement combattu », et considère Geffray comme responsable de la mise en œuvre et de « l’application de très nombreuses réformes dénoncées par la CGT Éduc’action et la communauté éducative », citant pêle-mêle : école de la confiance, généralisation du tout-évaluation, choc des savoirs, tri social, groupes de niveaux, labellisation des manuels, réforme du bac, réforme de la voie pro…

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des enseignants du second degré, ne conserve pas non plus un bon souvenir de lui. Dans une interview accordée à Mediapart, elle décrit Geffray comme « très raide sur la mise en place des réformes, homme de main de Blanquer », qu’elle considère comme « l’architecte opérationnel des réformes éducatives du macronisme, qui ont fait beaucoup de mal à l’école, aux personnels et aux élèves ».

### « On devient fous ! »

Frédéric Volle, secrétaire général du Syndicat national unifié des directeurs, instituteurs et professeurs des écoles de l’enseignement public FO (Snudi-FO), partage ce constat. Il déclare à 20 Minutes que cette nomination représente « la continuité de la politique de suppressions de postes d’Emmanuel Macron, de la mise en œuvre du « toujours plus de management » dans l’école publique et de la militarisation de l’école en général [si le SNU a été abandonné, les « classes défense », partenariat entre le ministère des Armées et celui de l’Éducation nationale, se multiplient] ».

Cette nomination est considérée par Volle comme un véritable « bras d’honneur aux personnels et enseignants » de l’Éducation nationale, d’autant plus qu’il a été annoncé par Sébastien Lecornu la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires en 2026 ce mardi matin : « Il y a peu de chances que l’Éducation nationale soit épargnée… ». « On devient fous ! Même battu à chaque élection, Emmanuel Macron continue vaille que vaille de mettre en œuvre sa politique. Malgré la colère des enseignants qui voient leurs conditions se détériorer, des AESH qui ne sont toujours pas fonctionnaires et souvent vivent sous le seuil de pauvreté, des parents qui constatent la fermeture de classes et les élèves en situation de handicap qui ne sont plus pris en charge… »

Des conditions qui pourraient inciter encore plus les parents à se mobiliser, selon le syndicaliste qui confie n’avoir jamais vu les parents aussi impliqués et sensibilisés aux conditions de travail des enseignants et d’éducation pour leurs enfants.

### Huit ministres en huit ans

Morgane Verviers, secrétaire générale de l’Unsa Éducation, préfère pour l’heure ne pas évoquer cette question, se concentrant plutôt sur la promesse de rupture faite par Sébastien Lecornu : « Il est attendu au tournant. Edouard Geffray connaît les rouages du ministère, donc il sait ce que signifierait une rupture et ce que nous attendons ».

Si elle avait oublié, la syndicaliste se charge de le rappeler : « Qu’on cesse avec cette « réformite » aiguë, qu’on soigne la façon dont on parle à nos collègues et la façon dont on parle d’eux ». Par la suite, Morgane Verviers appelle à mettre fin à la stagnation des salaires des personnels de l’Éducation nationale ainsi qu’à la dégradation des conditions de travail. « Nos positions sont très claires et Monsieur Geffray les connaît. Nous lui rappellerons qu’avec huit ministres en huit ans, le problème ne vient sans doute pas des enseignants et qu’il appelle, de son côté, à l’humilité ».