OL – Bucarest : Oui, ce Lyon nous fait croire à l’alignement des planètes contre Manchester United
Au Parc OL,
Et si on avait droit en 2025 à l’éclatante revanche de notre bonne vieille « Farmers League » ? Dépassé sans réellement exister à Arsenal (2-0) en octobre, le PSG a montré la voie en Ligue des champions en renversant en deux mois Manchester City (de 0-2 à 4-2) puis surtout Liverpool au terme d’un 8e de finale retour épique à Anfield (0-1, 1-4 aux tirs au but). Après le scalp de ces deux références de PL depuis près d’une décennie, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Aston Villa se présente face à l’armada de Luis Enrique en C1, avant peut-être une revanche contre Arsenal en demie.
De quoi inspirer en Ligue Europa l’Olympique Lyonnais, qui a hérité jeudi soir d’un quart de finale face au géant Manchester United, en rêvant pourquoi pas de défier Tottenham en finale, le 21 mai à Bilbao. Oula, l’enflammade est totale par ici. Alors tentons de faire (légèrement) revenir le curseur de la raison en vous expliquant pourquoi, après l’orgie offensive en 8es face à Bucarest (1-3 à l’aller, 4-0 au retour), on voit cet OL de Paulo Fonseca rivaliser en avril avec les Red Devils.
Une démonstration contre Bucarest à ne pas banaliser
OK, contrairement à la coriace opposition de l’aller durant une mi-temps, on a eu de sérieux doutes jeudi sur la véritable qualité de ce FCSB vite à la ramasse, avant de changer quatre joueurs à la pause. Mais n’oublions pas que dans cette Ligue Europa 2024-2025, les Roumains ont battu à trois reprises les Grecs du PAOK Salonique, Midtjylland (Danemark), Qarabag (Azerbaïdjan), tout en accrochant l’Olympiakos et Hoffenheim (0-0).
Jordan Veretout résume la limpide méthode pour aboutir à cette balade de fin d’hiver : « On est une équipe ambitieuse et on n’a pas le droit de se contenter de faire des matchs moyens ou de s’arrêter de jouer à 1-0 ou 2-0. On a été les chercher, on a su les faire courir et on s’est facilement trouvés ». Si bien que dans le camp d’en face, l’entraîneur Elias Charalambous a été jeudi soir dithyrambique au sujet du niveau de jeu affiché par l’OL.
« C’est une équipe calibrée pour la Ligue des champions, assure-t-il. Je suis très impressionné. Ils ont des jeunes joueurs talentueux et affamés. Je sens qu’ils peuvent aller très loin, ils ont un grand avenir. » Elias Charalambous n’avait sans doute pas planifié à la vidéo qu’il pourrait encaisser un doublé d’Ernest Nuamah, l’homme aux 7 buts en 62 matchs avec Lyon jusque-là.
Nuamah et Mikautadze, les autres recrues hivernales
Et si le joueur qui subit davantage de réserves contre lui en deux mois sur le sol français que le plus illustre boucher de District 8 en Alsace dans toute une « carrière », à savoir le soyeux milieu argentin Thiago Almada, n’était pas l’unique recrue hivernale lyonnaise ? Jamais depuis leur arrivée à l’OL, il y a respectivement un an et demi et huit mois, Ernest Nuamah et Georges Mikautadze n’ont affiché un tel niveau de confiance dans leurs performances.
Si irrégulier/irritant pour ses erreurs techniques à la pelle jusque-là, et poussé dehors dès le mercato estival 2024, l’ailier ghanéen reste sur quatre buts et une passe décisive lors de ses six derniers matchs avec Paulo Fonseca. Une belle série que traverse également l’avant-centre géorgien, dont la si longue adaptation dans son club formateur a débouché sur une masterclass totale jeudi, entre son superbe doublé (14e et 47e) et ses deux passes décisives pour Nuamah (37e et 88e).
Même s’il appréciait Pierre Sage, le « Roi Georges » est plus efficace depuis son départ (4 buts et 4 passes dé), et il s’impose désormais comme l’option numéro une en pointe devant Alexandre Lacazette. Ça n’était a priori pas le dilemme le plus simple à régler pour Paulo Fonseca.

Une transition Paulo Fonseca vite digérée
Certes, ce coup de sang fatal contre l’arbitre Benoît Millot lors d’OL-Brest, accompagné d’une suspension record, entache nettement son bilan. Mais alors que l’éviction de Pierre Sage par John Textor semblait a minima prématurée, Paulo Fonseca n’a pas traîné pour convaincre à Lyon, avec 6 victoires en 8 matchs officiels, et une spectaculaire moyenne de 2,9 buts inscrits par rencontre.
« Ça fait plus d’un mois que le coach est là et on adhère tous à son schéma de jeu, que ce soit aux entraînements et à la vidéo, décryptait jeudi soir Moussa Niakhaté. Plus on le pratique et plus ça se développe forcément, et on est dans cette bonne dynamique. »
Cherki et Tolisso, le mode international
Attention, Rayan Cherki et Corentin Tolisso sont globalement énormes depuis le début de la saison, tant par leur créativité, leur régularité, que leur propension à être décisifs comme rarement jusque-là (et même jamais dans le cas de Cherki). Mais eux aussi semblent avoir encore franchi un cap depuis l’arrivée de Paulo Fonseca, en particulier le champion du monde 2018, grâce à son positionnement bien plus avancé.
Avec ses 5 buts et 1 passe décisive depuis le départ de Pierre Sage, Corentin Tolisso est carrément l’homme clé du jeu de l’OL, et son expérience, à 30 ans, sera très précieuse pour affronter Manchester United. Quant au toujours international Espoirs (true story), il est à la fois aujourd’hui le meilleur passeur de Ligue 1 (9 offrandes) et de Ligue Europa (8, dont 2 lors du match retour contre Bucarest), tout en ayant inscrit 8 buts, toutes compétitions confondues. Mais au fait, il n’y avait pas une liste de « DD » les concernant à coup sûr avant ce 8e de finale de Ligue Europa ?

Des cadres sans le moindre complexe à Old Trafford
Comment ne pas avoir en tête H24 le quart de finale retour de Ligue Europa du 17 avril à Old Trafford ? L’un des casse-têtes du vestiaire lyonnais sera là dans les prochaines semaines, même si Jordan Veretout a tenté de nous présenter le OL-Le Havre de dimanche comme « un gros match ». Une chose est certaine : entre Maitland-Niles, Mata, Niakhaté, Caleta-Car, Tagliafico, Matic, Tolisso, Veretout et Lacazette, ce groupe peut s’appuyer sur de nombreux joueurs de plus de 26 ans, (très) expérimentés pour de telles joutes européennes.
Les perfs en première phase de Ligue Europa contre les Glasgow Rangers (1-4) et l’Eintracht Francfort (3-2), deux équipes toujours en lice en quarts de finale, ne sont à ce titre pas anodines (coucou Bruno C.). « Plus le niveau va monter et plus on va se mettre au niveau du match, prédit Georges Mikautadze. Contre Manchester, ce sont des beaux matchs à jouer, et on va aller là-bas pour gagner et se qualifier pour les demi-finales. »
Ancien défenseur de Nottingham Forest, Moussa Niakhaté était évidemment sur la même ligne en zone d’interview, avec respect mais sans le moindre complexe : « On joue au foot pour des affiches comme ça, contre United, un des meilleurs clubs de l’histoire. Mais on ne va pas y aller pour prendre des vidéos ou pour regarder Old Trafford. On sera là-bas pour se qualifier et je pense qu’on a démontré depuis le début de saison qu’on a l’effectif pour leur poser des problèmes ». En même temps, qui n’a pas posé le moindre problème à Man U cette saison ?
Ces Red Devils, à la fois géants et 14es de PL
Manchester City, Brighton (x2), Liverpool, Tottenham (x3), West Ham, Arsenal, Nottingham Forest, Bournemouth, Wolverhampton, Newcastle, Crystal Palace et Fulham. Voici l’interminable liste des clubs ayant battu (et parfois humilié) le Manchester United d’Erik Ten Hag puis de Ruben Amorim cette saison.
OK, il n’y a donc pas eu la moindre défaite en Ligue Europa, et l’éclatant succès contre la Real Sociedad jeudi (4-1, avec trente minutes à 11 contre 10) pourrait faire passer les Red Devils (avec leur statut de club légendaire) pour l’épouvantail de la compétition. Mais on parle bien d’un actuel 14e de Premier League, largué à 13 points de la zone Ligue des champions et à 36 points de son rival historique Liverpool.

Sympa, cette formule sans monstre reversé de C1
L’OL a eu beau s’offrir récemment quelques parcours sympas en Ligue Europa (quart de finale contre la Juventus en 2014 puis face à West Ham en 2022, demi-finale contre l’Ajax Amsterdam en 2017), jamais la formule n’a semblé aussi propice pour rêver d’un exploit. Pourquoi ? Car on en a fini pour de bon avec l’aberration des clubs reversés de la Ligue des champions, très souvent dangereux, et parfois titrés derrière, comme l’Atlético de Madrid en 2018 (désolé amis marseillais) et le Séville FC en 2023.
Quand on jette un œil au plateau des quarts de finale, il y a une surprise (les Norvégiens de Bodo/Glimt), deux équipes que l’OL a donc battues en première phase (l’Eintracht Francfort qui a depuis perdu Marmoush et les Glasgow Rangers), deux valeurs sûres européennes (Lazio Rome et l’Athletic Bilbao, qui accueillera la finale de l’épreuve…), et deux grands noms anglais/mastodontes supposés mais à la dérive en PL (Tottenham et Manchester United). Rien d’insurmontable, si ?
Notre dossier sur l’OL
« Cette Ligue Europa est un objectif que le président avait fixé en début de saison, révèle Georges Mikautadze. Et nous les joueurs, on a conscience des qualités qu’on a et on va tout faire pour aller jusqu’au bout. » Dès la première journée contre l’Olympiakos (2-0) fin septembre, le triple finaliste de la C3 Nemanja Matic avait du reste assumé « vouloir gagner la Ligue Europa ». Depuis jeudi soir, il y a bien quelques illuminés lyonnais qui se chauffent pour mettre une option sur une nuit d’hôtel à Bilbao le 21 mai, non ?