France

Affaire Bétharram : « Tout le monde savait », s’insurge une victime devant l’évêque

«La première chose que je tiens à dire, sincèrement, c’est que ce qui nous importe ce sont les victimes, elles sont au cœur de nos préoccupations, a tenu à souligner Marc Aillet, l’évêque de Bayonne, lors d’une conférence de presse ce jeudi, à la maison diocésaine de Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce n’est pas d’hier que je reçois des victimes. Pour moi, il s’agit de continuer à les soutenir. »

Ce représentant de l’Église catholique s’exprime après le scandale de violences physiques et sexuelles révélées par d’anciens internes de Notre-Dame-de-Bétharram (établissement qui dépend de la congrégation des Pères de Bétharram) mais aussi dans d’autres établissements catholiques, comme le collège Saint-François Xavier d’Ustaritz.

« Tout le monde savait ! »

« Jamais nous nous doutions de ce qui s’est passé, c’est inimaginable, a commenté Laurent Bacho, représentant de la congrégation de Bétharram. J’ai été dans cet établissement pendant huit ans et jamais je n’ai imaginé ça. C’est ignoble. » Il a récemment rencontré en personne huit victimes. « Nous avons pris des décisions, qui peuvent paraître un peu tardives, mais cela nous emmène sur un chemin difficile qui peut être celui de la reconstruction pour les victimes », a-t-il ajouté.

« Tout le monde savait qu’on martyrisait les enfants à Bétharram, s’est insurgé Arnaud Gallais, victime et représentant de Mouv’Enfants qui a pris la parole muni d’un gant blanc lors de la conférence de presse. Vous découvrez ? Arrêtez de mentir. C’est la honte de dire ça. » Le représentant du collectif d’Ustaritz a abondé : « tout le monde savait, que ce soit à Ustaritz ou à Bétharram. Mes parents savaient qu’il y avait de la violence. »

« L’Eglise n’est pas restée inactive depuis vingt-cinq ans »

« Je tiens à préciser que ces derniers rebondissements notamment à Ustaritz nous ne l’avons appris que par la presse », a déclaré l’évêque. Il s’est félicité avec Vincent Destais, directeur diocésain de l’enseignement catholique, à ses côtés lors de la conférence de presse, de la libération de la parole des victimes.

« L’Eglise n’est pas restée inactive depuis vingt-cinq ans, en même temps que la société prenait conscience de ces actes monstrueux commis sur des enfants », tient aussi à préciser l’évêque. Il en veut pour preuve la mise en place en 2016 d’une cellule d’écoute des victimes, qui permet des signalements aux parquets de Pau et Bayonne. Une déléguée épiscopale a aussi été nommée et chargée de la prévention et la protection des mineurs, dans le cadre d’un protocole de protection des mineurs.

De son côté, la congrégation des frères de Bétharram a engagé la vente de terrains et de maisons lui appartenant, pour pouvoir financer le fonds qui permettra la réparation aux victimes. Il a aussi été envisagé, en concertation avec les victimes, la pose d’une plaque mémorielle.

« Il est hors de question que cela se reproduise »

« Il faut que la lumière soit faite. C’est un sentiment de honte, de compassion, et de souffrance collective », a commenté le directeur diocésain de l’enseignement catholique, rappelant que 29.000 élèves sont scolarisés dans les 132 établissements du diocèse.

« Comme vous, on a besoin de comprendre un tel silence, une telle caution. Nous vous le devons. Il est hors de question que cela se reproduise, a-t-il ajouté. Nous condamnons violemment, nous ne cautionnons en rien les actes tels qu’ils sont décrits. »

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Après les révélations des violences qui ont eu cours dans l’établissement de Notre-dame-de-Bétharram, le parquet de Pau enquête sur plus d’une centaine de plaintes.