C’est quoi cet antivol qui pue le cadavre pour dissuader les voleurs de vélos ?

Chaque année, près de 580.000 vélos sont volés en France, soit plus d’un par minute. Un fléau qui pousse 30 % des victimes à abandonner totalement l’usage du vélo, faute de pouvoir sécuriser leur monture, selon le rapport de 2023 sur les vols de vélo en France réalisé par l’ADMA (l’Académie des Mobilités Actives). Face à ce constat, Aiko Leroux, jeune entrepreneuse, a décidé de s’attaquer au problème avec une approche radicale : un antivol qui libère une odeur insupportable en cas de tentative de vol. Baptisé Cactus, ce dispositif innovant repose sur un gaz inspiré des processus de décomposition des cadavres.
Aiko Leroux n’avait pas prévu de se lancer dans l’entrepreneuriat. D’abord photographe pour la presse sportive, elle suit ensuite une classe préparatoire et intègre une école d’ingénieurs. Mais c’est un événement du quotidien qui la pousse à entreprendre : le vol de son vélo électrique bleu, malgré deux antivols haut de gamme censés garantir sa sécurité.
« Sur le papier, j’avais tout bien fait. Mais aujourd’hui, les antivols classiques ne font que ralentir les voleurs, ils ne les arrêtent pas », explique-t-elle. De cette mésaventure naît une question : comment rendre le vol de vélo suffisamment désagréable pour que les malfaiteurs renoncent ?
Un gaz à la puanteur extrême
Lors d’un concours étudiant, elle esquisse alors les premiers concepts de Cactus, un antivol basé sur un principe inédit : au lieu de seulement résister aux outils de coupe, il punit activement les voleurs en libérant un gaz d’une puanteur extrême. Il contient de la putrescine, une molécule bien connue des biologistes : c’est l’un des principaux composés responsables de l’odeur insoutenable des cadavres en décomposition.
« Ce n’est ni toxique ni dangereux pour la santé, mais c’est absolument irrespirable », précise Aiko Leroux. L’odeur persiste une à deux heures en extérieur et jusqu’à quatre heures dans un espace fermé, rendant toute tentative de vol extrêmement désagréable.
Deux ans de recherches
En plus de son effet chimique, Cactus joue aussi sur le visuel : un design en U ultrarésistant, de couleur verte, qui intrigue par sa différence avec les antivols noirs classiques. Des stickers jaunes et un marquage « danger », rappelant ceux des produits chimiques.
Après deux ans de recherche et développement, Cactus est conçu pour éviter tout déclenchement accidentel. Son mécanisme repose sur une canalisation à paroi métallique épaisse et un système de trois valves, dont une scellée avec une résine utilisée dans le nucléaire. Le dispositif sera certifié SRA et FUB, ce qui permettra aux utilisateurs d’assurer leur vélo en cas de vol.
Une distribution dès l’été 2025
Actuellement en phase de précommande à 180 euros, Cactus sera disponible en France, Belgique, Italie et Espagne dès l’été 2025. Une version améliorée, vendue 260 euros, suivra en 2026 après une phase de tests et d’ajustements. Le produit sera distribué en ligne, dans des boutiques spécialisées et via des partenariats avec des fabricants et loueurs de vélos.
Avec Cactus, Aiko Leroux espère changer la donne dans la lutte contre le vol de vélos. Reste à voir si les voleurs oseront encore s’attaquer aux vélos équipés de cet antivol… au risque de sentir mauvais pendant des heures.