Des industries énergivores optent pour des modèles énergétiques plus durables

Les secteurs comme le ciment, les matériaux de construction et la sidérurgie jouent un rôle essentiel dans le développement économique du pays. Ces industries sont cruciales pour la croissance des infrastructures et l’urbanisation rapide. Cependant, la production de ces matériaux repose sur des procédés particulièrement énergivores, ce qui fait que ces secteurs représentent une part importante de la consommation énergétique nationale.
Avant d’envisager des solutions à ces défis, il est essentiel de comprendre pourquoi ces secteurs consomment autant d’énergie. En effet, la transformation de matières premières comme le calcaire, le minerai de fer ou les argiles nécessite des températures très élevées, ce qui impose des procédés de chauffage intensifs. Par ailleurs, maintenir ces températures élevées pendant de longues périodes est indispensable pour garantir la qualité et les propriétés des produits finaux, ce qui complique la gestion énergétique de ces industries.
En plus de ces exigences thermiques, ces secteurs doivent faire face à la nécessité de maintenir une production continue pour répondre à la demande croissante en matériaux de construction.
Un autre facteur majeur qui contribue à la forte consommation d’énergie est l’utilisation de matières premières difficiles à transformer. Ces matières exigent des procédés complexes, souvent longs et énergivores, pour passer de l’état brut à l’état fini. Ainsi, les industriels jonglent avec des besoins énergétiques importants et des impératifs environnementaux de plus en plus contraignants, rendant complexe la transition vers des pratiques plus durables.
Le virage vert de l’industrie marocaine
Cependant, plusieurs initiatives commencent à émerger pour relever ces défis et amorcer cette transition. De nombreuses entreprises marocaines, notamment dans les secteurs de la cimenterie et de la sidérurgie, ont entamé des investissements significatifs dans des technologies de production plus propres. Parmi celles-ci, l’intégration des énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne, pour alimenter leurs usines est devenue une option privilégiée. En outre, des projets de production de ciment à faible teneur en carbone et des initiatives de captage et de stockage du carbone sont également en cours, visant à réduire les émissions de CO2 générées par la production industrielle.
L’intégration des énergies renouvelables constitue ainsi une piste particulièrement prometteuse. Plusieurs cimenteries et aciéries marocaines se tournent déjà vers ces solutions plus propres, ce qui permet de réduire leur dépendance aux énergies fossiles et de limiter leur empreinte écologique. Cela témoigne de la volonté croissante du secteur industriel de s’engager dans la voie de la transition énergétique. Les efforts entrepris dans ce sens montrent une prise de conscience croissante de la nécessité d’allier développement industriel et respect de l’environnement.
En particulier, le secteur des matériaux de construction a placé la question environnementale au cœur de ses priorités. Bien qu’il demeure énergivore et exigeant en termes de ressources naturelles, il subit une transformation significative pour répondre aux enjeux de la transition écologique.
À travers l’innovation, une gestion raisonnée des ressources et une approche responsable de la réhabilitation des sites, l’industrie marocaine prouve qu’il est possible de concilier développement économique et préservation de l’environnement. Des acteurs comme la Fédération des industries des matériaux de construction du Maroc incarnent cette dynamique et œuvrent activement pour une industrie plus verte, plus responsable et plus durable, afin de répondre aux exigences du développement durable tout en soutenant la croissance économique du pays. Contacté par «Le Matin», son président David Toledano souligne que la Fédération met en place des pratiques responsables pour optimiser les processus de fabrication, réduire la consommation d’énergie et d’eau, et encourager des solutions plus respectueuses de l’environnement. Un des objectifs clés est de réduire l’empreinte carbone de l’industrie. Dans ce cadre, Toledano affirme que de nombreuses grandes unités de production, comme celles du secteur de l’acier, font le choix de l’électricité comme source d’énergie, abandonnant ainsi les énergies fossiles. Parallèlement, ajoute-t-il, plusieurs groupes industriels, tels que Riva, s’engagent activement dans une production décarbonée.
David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction : De plus en plus de grandes unités de production choisissent l’électricité comme source d’énergie, abandonnant les énergies fossiles

Le Matin : Quel est l’engagement du secteur des matériaux de construction en faveur de l’environnement ?
David Toledano : Le secteur des matériaux de construction est pleinement conscient de son impact environnemental et travaille depuis longtemps à le réduire. L’industrie est énergivore, notamment dans l’exploitation des carrières et les processus de fabrication, avec des activités comme la production de ciment, la fabrication de briques, et la production de sanitaires et d’acier. En plus de l’énergie, nous prélevons des ressources naturelles, en plus de l’eau, des marbres, des argiles pour l’industrie céramique, et bien d’autres matières premières pour la production du ciment, des agrégats et des sables. En tant que Fédération, nous reconnaissons cette réalité et mettons en place des pratiques responsables et durables. Nous nous efforçons d’optimiser nos processus pour réduire la consommation d’énergie et d’eau, et de promouvoir des solutions innovantes qui préservent l’environnement.
Comment le secteur gère-t-il l’exploitation des carrières et la réhabilitation des sites après leur fermeture ?
Nous avons toujours été engagés dans la restitution à la terre de ce que nous prélevons. L’exploitation des carrières est soumise à une étude d’impact environnemental, visant à analyser les effets de l’exploitation sur l’écosystème. Une fois la carrière ouverte, nous ne nous arrêtons pas là. Nous signons des conventions et des contrats qui nous obligent à effectuer des travaux de remise en état des sites à la fin de l’exploitation. Nous avons de nombreux exemples dans des régions comme Meknès, où les sites ont été réaménagés avec soin. Il ne s’agit pas de laisser des terrains déformés, mais plutôt de restaurer les paysages. Nous créons des lacs et des espaces d’eau et nous nous efforçons de reconstituer la faune et la flore originelles. Ces actions font partie intégrante de nos cahiers des charges et garantissent notre engagement envers un développement durable.
Quelles initiatives ont été mises en place pour améliorer la gestion de l’énergie et des déchets ?
Concernant l’énergie, nous sommes des consommateurs importants, mais nous avons pris des initiatives pour adopter des solutions plus écologiques. Par exemple, la cimenterie de Tétouan a été pionnière dans l’installation d’éoliennes pour alimenter une grande partie de l’usine. Nous avons élargi cette approche à d’autres sites, cherchant à remplacer les énergies fossiles par des alternatives comme les pneus déchiquetés ou les huiles usagées. Ces déchets, au lieu d’être enfouis, sont brûlés pour générer de l’énergie, ce qui permet de réduire les déchets tout en produisant de l’énergie. De plus, nous avons mis en place des unités dédiées à la destruction des plastiques, un problème majeur pour l’environnement. Ces plastiques sont brûlés dans des conditions contrôlées, contribuant à leur élimination tout en générant de l’énergie. Nous avons également créé des unités de traitement des déchets au Maroc pour transformer localement les déchets en produits réutilisables dans notre industrie. Ces mesures permettent de réduire l’impact environnemental tout en optimisant la gestion des déchets.
Quelles sont les démarches du secteur pour réduire l’empreinte carbone et favoriser la décarbonisation ?
Un enjeu majeur pour nous est la décarbonisation de notre industrie. Nous avons aujourd’hui de plus en plus de grandes unités de production, notamment dans le secteur de l’acier, qui choisissent l’électricité comme source d’énergie, abandonnant les énergies fossiles. Des groupes comme Riva et d’autres acteurs de l’industrie ont fait le choix d’une production décarbonée. Nous nous dirigeons également vers une production d’électricité d’origine maroco-marocaine, en recourant à l’énergie solaire et éolienne. Cette transition énergétique nous permet non seulement de réduire notre empreinte écologique mais aussi de contribuer davantage à la protection de la nature et à la préservation de notre environnement. En produisant notre propre énergie renouvelable, nous faisons un pas important vers une industrie plus verte et durable.