International

L’Espagne fait un nouveau pas vers la semaine de 37,5 heures (au lieu de 40)

Les Espagnols ne peuvent pas encore se réjouir mais c’est un pas supplémentaire vers la réduction du temps de travail qui a été franchi. Après un an de délicates tractations, le gouvernement de Pedro Sanchez a donné son feu vert mardi à la réduction de 40 à 37,5 heures de la semaine de travail.

« C’est un jour historique » car « cela fait 41 ans que la durée légale de la semaine de travail n’a pas été modifiée dans notre pays », a déclaré la ministre du Travail Yolanda Diaz, figure du parti d’extrême gauche Sumar, à l’issue du conseil des ministres.

« La réduction de la journée de travail va améliorer la productivité dans notre pays […] Cela ne sert à rien de passer des heures et des heures au travail, il s’agit d’être efficaces », a insisté la ministre, chargée de piloter cette réforme phare du gouvernement de gauche espagnol.

Inquiétudes patronales

Le texte adopté mardi résulte d’un accord signé le 20 décembre avec les deux principaux syndicats de salariés, UGT et CCOO, mais sans les organisations patronales, qui avaient décidé mi-novembre de quitter la table des négociations, après onze mois de réunions infructueuses.

Ces dernières s’inquiètent de l’impact de la réforme sur la compétitivité espagnole. Elles estiment que tous les secteurs d’activité ne sont pas logés à la même enseigne et qu’une baisse généralisée du temps de travail pourrait fragiliser certaines entreprises.

Une crainte évacuée par Yolanda Diaz, qui a insisté sur la solidité de l’économie espagnole, qui a enregistré 3,2 % de croissance l’an dernier. « Nous avons plus d’emplois que jamais et plus de croissance économique que jamais », a-t-elle souligné, jugeant nécessaire de « moderniser » le pays.

Convaincre les parlementaires

Cette réduction doit concerner près de 12 millions de salariés du secteur privé, principalement dans le commerce, la restauration ou l’agriculture – les 37,5 heures étant déjà appliquées dans la fonction publique et dans les grandes entreprises.

Au-delà des milieux économiques, le principal défi pour le gouvernement de Pedro Sánchez, qui ne dispose pas de la majorité absolue à la chambre des députés, consiste à convaincre ses partenaires parlementaires du bien-fondé de la réforme.

L’accord validé mardi se heurte en effet aux réticences du Parti nationaliste basque (PNV) mais aussi et surtout des indépendantistes catalans de Junts per Catalunya (JxCat), deux formations alliées de l’exécutif mais réputées proches des milieux économiques.