Conner Rousseau : « Je dois expliquer à ma grand-mère qu’il n’est plus correct d’utiliser le « n-word », mais cela ne fait pas d’elle une raciste »
Dans une interview exclusive accordée à Het Laatste Nieuws, le président de Vooruit, Conner Rousseau, est notamment revenu sur les résultats des socialistes flamands lors des élections communales et provinciales du 13 octobre dernier, avant d’évoquer un incident jugé raciste survenu sur la VRT la semaine passée, qu’il refuse de qualifier comme tel.
- Publié le 19-10-2024 à 09h12
« Vous avez dit qu’une vague rouge a balayé la Flandre dimanche, mais c’était surtout le cas dans les centre-villes. En Flandre rurale, le CD&V continue à régner en maître« , lui ont d’abord lancé ses interlocutrices. « Des progrès ont été réalisés partout – y compris dans les provinces. S’il vous plaît, donnez-nous un peu de temps. Bart De Wever n’a fait de la N-VA le plus grand parti en Flandre qu’après douze ans. […] D’ici 2029, nous devrons encore grandir, y compris dans les régions rurales de Flandre« , leur a-t-il alors répondu.
Après avoir évoqué les raisons de la croissance de Vooruit ainsi que ses liens avec les autres partis flamands, Conner Rousseau a déclaré que la percée du Vlaams Belang lors des communales avait pu se limiter à Ninove « parce que la N-VA, le CD&V et Vooruit ont écouté le signal donné par les électeurs du Vlaams Belang le 9 juin« . « Le gouvernement flamand est fortement attaché au néerlandais. Ce qui dérange les résidents de mon immeuble dans le quartier, c’est qu’ils ne savent plus discuter avec leurs voisins. Cela leur inspire la peur. Ce n’est donc pas nécessairement justifié, mais il ne faut pas immédiatement qualifier ces personnes de racistes« , s’est-il ensuite justifié auprès des deux journalistes. Le président des Socialistes flamands d’ensuite insister sur l’apprentissage du néerlandais en tant que moyen d’intégration, soulignant que « ceux qui refusent obstinément recevront une sanction« .
« Il faut prendre en compte les intentions des gens, pas seulement leurs mots »
Ses interlocutrices ont ensuite souhaité revenir sur un tollé survenu lors de l’émission « Het groot debat » diffusée sur la chaîne de service public flamande VRT le jour des élections. Durant le programme, l’intervention d’une femme de Denderleeuw avait fait grand bruit lorsque celle-ci avait affirmé « avoir peur des personnes de couleur », des propos qualifiés de racistes par la coprésidente de Groen Nadia Naji. Invité par les journalistes Het Laatste Nieuws à donner son avis sur la question, Conner Rousseau a alors répondu « après un long moment de réflexion », comme elles le soulignent dans l’interview. « Au cours de l’année dernière, j’ai appris à quel point les mots durs peuvent faire mal« , a-t-il commencé. « Mais il faut prendre en compte les intentions des gens, pas seulement leurs mots. […] Cette femme a exprimé qu’elle se sentait aliénée. Ce n’étaient pas de mauvaises intentions. La dernière chose à faire est de condamner ces gens, parce que vous les poussez alors juste vers les extrêmes. […] Ma grand-mère aurait pu dire quelque chose comme ça, et c’est la personne la plus gentille au monde. Je dois aussi lui expliquer qu’il n’est plus correct d’utiliser le « n-word », mais cela ne fait pas d’elle une raciste.«
Par la suite, la discussion s’est concentrée sur les tollés provoqués par les propos de Conner Rousseau l’année dernière, mais aussi sur ses résultats dans la commune de Sint-Niklaas, où il a malgré tout obtenu le plus grand nombre de voix de préférence même si sa liste a finalement été détrônée par celle de l’actuel bourgmestre N-VA Lieven Dehandschutter.