Tunisie

Viandes rouges : Urgence d’une stratégie nationale nécessaire

Les bouchers fixent le prix du kilo de viande de mouton, tandis que le président de l’Otic a assuré que « le coût de revient d’un kilogramme de viande est d’environ 26 dinars, alors qu’il est vendu au détail à un prix variant entre 55 et 60 dinars ». En outre, le président de l’Otic a affirmé « qu’un boucher gagne 34 dinars au kilo », sans citer de sources vérifiables.

Viande 27 09 2025

La Presse — Avant l’Aïd, alors que les prix des moutons atteignaient des niveaux records, nous avions affirmé que ce sont les bouchers, omniprésents et souvent voisins, qui déterminent le prix du kilo de viande de mouton.

Il est évident que derrière ces « officines » de vente de viande rouge se trouvent ceux qui possèdent des capitaux et peuvent rassembler plus d’une douzaine de moutons devant leurs magasins. Si le prix d’un mouton dépasse largement le million, il suffit de faire le calcul pour tirer les bonnes conclusions.

Le consommateur a renoncé à cette viande rouge et se tourne automatiquement vers des alternatives plus accessibles. Cette situation est illustrée par un jeune garçon et son père regardant des gigots de mouton, le père expliquant à son fils que c’était autrefois un produit connu sous le nom de viande, qui existait au siècle dernier.

L’étau se resserre

Cette situation ne doit cependant pas être prise à la légère, car elle semble échapper à la maîtrise des responsables, du moins en apparence.

L’étau se resserre effectivement sur les spéculateurs. Les récentes saisies de tonnes de viandes rouges et blanches montrent que cette « organisation » qui a perturbé le marché, soutenue par ces spéculateurs, subit les conséquences d’un grain de sable qui remet tout en question.

Ces saisies représentent malheureusement une perte nette pour l’économie nationale, résultat d’une politique stricte mise en œuvre ces derniers mois. Acculés par la pression, ces spéculateurs peinent à trouver preneurs et, n’ayant pas de lieux de stockage adéquats, ils accumulent les produits n’importe où.

Dans le pire des cas, si ces viandes ne sont pas écoulées ou saisies, elles seront transformées dans une étable, comme cela a été observé récemment à Bizerte, dans un sous-sol ou autre, en salami ou en jambon.

De nombreux colorants et condiments falsifient la réalité, imposent un goût et masquent l’odeur.

34 dinars au kilo

Les déclarations récentes du président de l’Otic, affirmant « qu’un boucher gagne 34 dinars au kilo », ne nous ont pas surpris. À moitié seulement, car l’un des principaux acteurs du secteur, la société Ellouhoum qui gère directement les viandes rouges, n’a pas donné son avis. Les départements de l’Agriculture et du Commerce, également concernés par cette affirmation, soulèvent des questions sur les chiffres avancés.

Le président de l’Otic a précisé que « le coût de revient d’un kilogramme de viande est d’environ 26 dinars, alors qu’il se vend au détail entre 55 et 60 dinars ».

Quelle est la vérité ?

Si le calcul du président de l’Otic est correct, bien qu’il n’ait pas cité de sources, ce qui nous laisse sceptiques, nous sommes confrontés à un immense point d’interrogation.

L’ouverture d’un point de vente du producteur au consommateur à El Ouardia, où la viande ovine est vendue à 49 dinars et la viande bovine à 32 dinars, ainsi que d’autres projets d’ouverture dans différentes villes, ne résoudra pas le problème.

Une stratégie à mettre en place

Étant donné que cette question est d’intérêt national et que les problèmes liés se répercutent de manière chronique, notamment à l’Aïd, une stratégie doit être mise en œuvre pour reprendre le contrôle total sur le secteur.

Il ne s’agit donc pas de simples négociations dans une échoppe de tapis, mais d’un plan d’action sérieux basé sur des études réalisées par des spécialistes du secteur et des membres de la société civile. La confrontation d’idées est toujours bénéfique lorsqu’il s’agit de l’intérêt national.

Il est aussi important que l’ouverture des boucheries soit soumise à une autorisation préalable et que leur nombre respecte des critères géographiques spécifiques. D’ailleurs, l’interdiction de l’abattage en bordure de route devrait encore être en vigueur.

Quelle est la différence entre un abattoir délabré et l’entrée d’une boucherie couverte de résidus de sang et de terre ?

Ces points de vente, ces importations ponctuelles et autres actions temporaires peuvent être positives, mais elles ne résolvent rien. Il est temps de traiter cette question comme un dossier à étudier sérieusement, plutôt que comme une simple situation exceptionnelle à laquelle il faut échapper.

Cela ne profite qu’à ceux qui spéculent et contrôlent le secteur.