Tunisie

Vendredi soir, une comédie relance le théâtre tunisien au municipal.

Vendredi soir 28 novembre 2025 au Théâtre municipal de Tunis, Abdelaziz Meherzi dévoile en première sa nouvelle création : une comédie raffinée en dialecte tunisien, inspirée de La Locandiera de Carlo Goldoni. La pièce offre ainsi un véritable théâtre de caractères, où chaque protagoniste représente une facette de la société tunisienne contemporaine, entre traditions persistantes, ambitions nouvelles et contradictions profondes.


Vendredi 28 novembre 2025, le Théâtre municipal de Tunis accueillera, dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage, la première de la nouvelle création d’Abdelaziz Meherzi : une comédie sophistiquée en dialecte tunisien, s’inspirant de La Locandiera de Carlo Goldoni. Cette œuvre vise à redonner au public tunisien le goût du grand théâtre populaire, dans un genre que le metteur en scène décrit comme perdu au profit du burlesque et du théâtre-journal.

Après Saïda Mannoubia, Meherzi présente un personnage féminin fort. Il déclare : « Cette pièce traite de la femme en tant que symbole et locomotive de la société ». Dans l’œuvre de Goldoni, qu’il considère comme le « Molière du théâtre italien », la femme est à la fois un mystère, une force motrice et un révélateur. Meherzi souligne que « Comprendre la femme est difficile, gérer une relation l’est encore plus ». Ainsi, il propose une adaptation tunisienne du texte classique, une comédie enracinée dans les codes et les spécificités sociales de la Tunisie actuelle.

L’intrigue se déroule dans une résidence gérée par Chahira, une femme libre, brillante et indépendante. Face à un noble orgueilleux, un riche homme d’affaires avec un passé douteux et un misogyne convaincu, elle utilise son intelligence et son charme comme armes de résistance et de vérité. Blessée par le mépris de Sinouji, elle choisit de le séduire pour lui donner une leçon : la puissance de la femme transcende les certitudes masculines. Cela constitue un jeu de pouvoir, d’ironie et de séduction où la comédie devient un espace de réflexion sociale. Chaque personnage illustre une facette de la société tunisienne contemporaine, entre traditions anciennes et ambitions nouvelles.

Meherzi indique que la pièce aborde « la décadence de la noblesse et l’émergence d’une nouvelle catégorie grâce au profit facile et au commerce malhonnête ». Cela résonne fortement avec la réalité tunisienne d’aujourd’hui, où les élites évoluent plus rapidement que les valeurs, et où les certitudes sociales sont fragiles. Cette relecture de Goldoni rappelle que la comédie doit servir de miroir, à la fois plaisant et sévère, à une société en mutation.

Le metteur en scène exprime sa gratitude envers le ministère des Affaires culturelles pour son soutien dans son retour au théâtre classique. Il souligne également l’importance de la coproduction avec la télévision tunisienne, une marque de confiance envers la comédie en tant qu’art noble et fédérateur. Meherzi promet un spectacle « très attractif », qui saura raviver l’intérêt du public pour le théâtre.