Tunisie

Tunisie : L’huile d’olive, un atout géopolitique essentiel.

La campagne oléicole de la Tunisie devrait atteindre 500.000 t selon les estimations, mais des contraintes comme le manque de main-d’œuvre et les prix d’achat trop bas pour les producteurs (entre 8 et 10 d le litre d’huile d’olive) compliquent la situation. L’huile d’olive représente une part essentielle des exportations, une entrée de devises précieuse et soutient des centaines de milliers de familles en Tunisie.


À une époque où la Tunisie anticipe une campagne oléicole prometteuse, l’huile d’olive émerge comme un atout national à valoriser. Malgré certaines vulnérabilités, ce secteur possède un potentiel remarquable, soutenu par un savoir-faire ancestral et une qualité reconnue à l’international. En se basant sur des expériences réussies, telles que celle de la Chine avec la baie de goji, la Tunisie a l’opportunité de transformer son huile d’olive en moteur de développement et d’avenir.

La Tunisie se trouve cette année confrontée à un paradoxe : elle possède l’un des meilleurs vergers d’oliviers au monde, mais peine à soutenir une filière stratégique, souvent vulnérable face aux aléas climatiques et aux fluctuations du marché. Les experts soulignent depuis des années qu’avec une volonté forte, l’huile d’olive pourrait redevenir un atout géopolitique majeur, à l’instar du pétrole.

La campagne oléicole, initialement attendue comme meilleure que les années précédentes avec une prévision de production de 500.000 tonnes, a rapidement rencontré des obstacles : absence de main-d’œuvre, prix d’achat trop bas pour les producteurs (entre 8 et 10 dinars le litre), augmentation des coûts de production et absence d’une stratégie de stockage moderne. Les agriculteurs réalisent que sans un soutien rapide, cette saison pourrait se transformer en échec, forçant le pays à importer ce qu’il exportait autrefois.

Ce n’est pas la première fois que la Tunisie compromet une richesse millénaire. Cependant, l’économie tunisienne ne peut plus se permettre un tel gaspillage : l’huile d’olive représente une composante essentielle des exportations, une source de devises précieuses et un secteur vitale pour des centaines de milliers de familles.

Dans un contexte mondial où l’Espagne fait face à des sécheresses récurrentes et où l’Italie innove, la Tunisie dispose d’une occasion inestimable pour renforcer sa position parmi les grands producteurs. Toutefois, cette reconnaissance ne s’acquerra ni par le volume ni par la chance, mais nécessitera une montée en gamme, une labellisation forte, un marketing basé sur l’authenticité méditerranéenne et une vision stratégique. Les producteurs tunisiens génèrent une huile réputée parmi les meilleures, mais ce qui manque, c’est une politique nationale à la hauteur d’un secteur jugé stratégique.

Pour sauver la saison, il sera vital d’adopter un nouveau regard sur l’huile d’olive, en la considérant non seulement comme un produit agricole, mais comme un symbole d’excellence, un secteur d’exportation à haute valeur ajoutée, une véritable marque nationale. Des solutions existent : la mise en place d’un prix minimum garanti afin de préserver les revenus des agriculteurs, la constitution de stocks stratégiques pour atténuer les fluctuations saisonnières, des incitations à l’embouteillage local, ainsi qu’une diplomatie économique dédiée à l’exploration de nouveaux marchés et l’innovation dans les variétés résilientes face à la sécheresse.

Le rôle de l’État ne devrait pas être de remplacer les producteurs, mais d’assurer un cadre favorable qui leur permettra de moderniser et de transformer ce moment fragile en un cycle durable. La Tunisie a déjà démontré dans d’autres domaines sa capacité à se réinventer grâce à la symbiose entre tradition et modernité. L’huile d’olive détient ce même potentiel. En la soutenant aujourd’hui, le pays ne protège pas seulement une récolte ; il préserve un héritage, une identité, et potentiellement un modèle.

Le pays a besoin de succès. Celui-ci est à portée de main, il suffit de s’en saisir et de croire que la Tunisie peut tirer parti de ses atouts. L’huile d’olive, qui éclaire les lampes depuis des siècles, peut également éclairer l’avenir. En Chine, on a su transformer une baie traditionnelle en atout économique, sanitaire et diplomatique. La baie de goji, riche en antioxydants, est devenue un objectif national.

Ce qui était autrefois un simple ingrédient de la médecine traditionnelle est aujourd’hui devenu une industrie moderne, innovante et orientée vers l’exportation. La Chine ne se contente pas de produire du goji ; elle construit autour de ce fruit un modèle économique valable.

Dans la région de Ningxia, souvent marginalisée, la métamorphose est saisissante. Les vergers de goji, jadis dispersés et exploités artisanalement, sont maintenant intégrés dans de vastes exploitations dotées de systèmes d’irrigation intelligents, de stations de tri numériques, de certifications de qualité pour l’export et de laboratoires de transformation en jus, poudre, huiles et extraits. Le marché national, déjà immense, incite les producteurs à innover.

Les marques haut de gamme se multiplient, combinant tradition et marketing inspiré par le Japon ou la Corée. Le goji est devenu un produit emblématique de la production chinoise, attirant même des touristes du monde entier désireux de découvrir l’histoire qui entoure ce précieux produit.

La Tunisie devrait s’en inspirer pour changer le destin d’un trésor national, l’huile d’olive.