Tunisie

Secteur automobile : la Tunisie répond aux exigences de durabilité

Le secteur automobile tunisien opère un virage stratégique majeur, avec la responsabilité sociétale devenant un critère de sélection déterminant pour les grands constructeurs internationaux. Issam Jemli a déclaré que les donneurs d’ordre n’acceptent plus de travailler avec des sous-traitants qui ne démontrent pas leur engagement environnemental, social et de gouvernance.


Le secteur automobile tunisien est en train d’opérer un changement stratégique important. Ce qui était auparavant considéré comme de la responsabilité sociale est désormais devenu un critère de sélection essentiel pour les grands fabricants internationaux.

Issam Jemli l’affirme sans ambiguïté. Le Directeur général de BONTAZ Tunisie et membre du comité directeur de la Tunisian Automotive Association (TAA) s’est exprimé jeudi lors d’un panel sur l’impact de l’intelligence artificielle sur les industries africaines, dans le cadre du troisième African ESG Summit. Son message est clair : les donneurs d’ordre ne veulent plus collaborer avec des sous-traitants qui ne montrent pas leur engagement en matière d’environnement, de social et de gouvernance.

Face à cette pression concurrentielle, la filière s’est réorganisée. La TAA, fondée en 2016, se consacre à renforcer la compétitivité des acteurs locaux. L’association a notamment développé un outil d’évaluation numérique qui permet aux entreprises de mesurer leurs progrès concernant les critères ESG.

Cet outil interactif évalue la performance des sociétés selon les trois dimensions classiques : environnement, social et gouvernance. Cette approche méthodique permet d’identifier les axes d’amélioration prioritaires.

L’intégration de ces enjeux va au-delà des initiatives privées. Le pacte de compétitivité signé entre la profession et l’État tunisien en 2022 a été élargi par un sixième volet consacré spécifiquement à la durabilité. Cette inclusion dans un accord officiel témoigne de la reconnaissance institutionnelle de ces transformations.

Les entreprises du secteur concentrent leurs efforts sur deux axes complémentaires. Le premier concerne la gestion des ressources et l’économie circulaire, visant à maximiser la réutilisation des composants et matériaux. Cette démarche répond à la fois aux exigences écologiques et économiques.

Le second axe se concentre sur l’élévation du niveau technologique. Issam Jemli souligne particulièrement l’importance du développement local de systèmes électroniques et de logiciels embarqués. BONTAZ Tunisie réalise ainsi des travaux en suivant les standards Renault ou conçoit des solutions pour les véhicules de nouvelle génération.

Cette dynamique dépasse également les acteurs établis. Des jeunes entreprises technologiques mettent au point des solutions pour mesurer et réduire l’empreinte environnementale des industriels. Cette synergie entre acteurs traditionnels et startups contribue à la transformation du secteur.

Pour l’industrie automobile tunisienne, il est désormais évident que la performance environnementale et sociale conditionne l’accès aux contrats internationaux. La durabilité s’impose comme une variable stratégique, tout aussi importante que la qualité ou les délais de production.