Tunisie

Rétrospective 2025 : Gaza, miroir de notre inhumanité.

Gaza est en 2025 marquée par une crise totale sur le plan politique, climatique et humain. Les drames qui s’y déroulent soulèvent des questions cruciales sur la solidarité, la responsabilité et la civilisation au niveau international.

Par ces temps de basculement, où le bruit des bombes éclipse les dérèglements climatiques et les crises économiques mondiales, un nom reste gravé dans notre conscience : Gaza. Pour les habitants de Gaza, 2025 est une année de tous les malheurs.

Entre les ruines et l’oubli, nos frères palestiniens ne subissent pas uniquement une guerre ; ils traversent le paroxysme de toutes les crises de ce début de siècle.

La Presse — Il existe des moments dans l’histoire où le silence devient une complicité, voire une lâcheté. Nous sommes en train de vivre l’un de ces moments. Le monde tel qu’il évolue témoigne de l’obsolescence de notre humanité.

La planète Terre qui se réchauffe, des démocraties ébranlées par le populisme, et une économie de rente qui accentue chaque jour le fossé entre le Nord et le Sud précipitent notre chute.

Cependant, au cœur de cette turbulence mondiale, il y a le pire : cette enclave de souffrance où l’être humain semble avoir disparu des priorités internationales.

Une convergence de tragédies

À Gaza, la crise est totale. Sur le plan politique, l’impasse est totale, alimentée par l’aveuglement des uns et l’impuissance calculée des autres.

Sur le plan climatique, alors que nous discutons lors de sommets discrets, les populations déplacées se entassent dans des abris précaires, exposées aux rigueurs d’un hiver impitoyable pour les plus démunis.

Enfin, sur le plan humain, c’est une défaite collective. Comment peut-on parler de progrès ou de droit international lorsqu’une population entière est privée de l’essentiel : l’eau, la nourriture, la sécurité et, plus grave encore, l’espoir ?

Le poids de notre fraternité

Il est évident que Gaza n’est pas une île isolée du reste du monde. Ce qui s’y passe est le test ultime de notre solidarité.

Si nous permettons que ce territoire et ses enfants souffrants deviennent un angle mort de l’Histoire, alors nous acceptons, par extension, que n’importe lequel d’entre nous ou de nos enfants puisse, demain, vivre le même sort dans l’indifférence générale.

Les turbulences économiques qui secouent les marchés mondiaux semblent dérisoires face au coût d’une vie humaine à Rafah ou à Khan Younes. La géopolitique, si elle ne sert qu’à faire des comptabilisations et à peser les alliances, n’est que pur cynisme.

Dire non à la sauvagerie

S’il est vrai que le monde est complexe et que les responsabilités sont partagées, l’urgence est binaire : on aide ou on détourne le regard. En ces temps d’incertitudes, penser à nos frères de Gaza n’est pas seulement un acte de piété ou de charité.

C’est un acte de résistance contre la barbarie, contre une sauvagerie ayant atteint son paroxysme. C’est affirmer que, malgré les tempêtes climatiques et les naufrages politiques, le lien qui nous unit à autrui reste notre seule boussole fiable.

Le réveil sera douloureux si nous laissons cette flamme s’éteindre. Car au final, ce n’est pas seulement Gaza que l’on bombarde, mais l’idée même que nous nous faisons de la civilisation.

Gaza, un test pour la civilisation humaine

Les tragédies de Gaza se déroulent dans un monde déjà fragile. Les démocraties se retrouvent sous la pression des populismes.

Les fractures économiques entre le Nord et le Sud continuent de se creuser.

La tentation de repli s’étend. Dans ce contexte instable, Gaza est devenue un angle mort, trop complexe pour susciter une mobilisation, trop sensible pour obliger à agir, trop éloignée pour déranger durablement.

Or, le silence ne relève plus d’une prudence diplomatique mais devient une forme de complicité passive. Parler de fraternité n’est pas un acte sentimental.

C’est une obligation politique et morale. Gaza est un test. Un test de cohérence pour le système international. Un test de crédibilité pour les institutions multilatérales.

Un test, enfin, pour des sociétés qui se réclament de l’universalité tout en acceptant que certaines vies comptent moins que d’autres.

Pensant à Gaza aujourd’hui, il ne s’agit ni d’une émotion passagère ni d’une idéologie. C’est un refus de la banalisation de l’inacceptable. Car ce qui se joue à Gaza ne concerne pas seulement un territoire assiégé.

C’est l’idée même que nous nous faisons de la justice, de la responsabilité et de la civilisation qui est mise à l’épreuve.