Restructuration : un dispositif qui ne suffit pas face à la crise économique
L’approbation de 151 dossiers de restructuration financière PME est considérée comme « une avancée positive mais nettement insuffisante » par Yassine Gouiaa, président de l’Organisation nationale des entrepreneurs. En 2022, 40% des PME se trouvaient au bord de la faillite, confrontées à des problèmes structurels profonds et à une sous-capitalisation chronique.
L’approbation de 151 dossiers de restructuration financière pour les PME est un progrès, mais cela reste largement insuffisant face à la gravité de la crise économique que traverse le pays, selon Yassine Gouiaa, président de l’Organisation nationale des entrepreneurs. Ce chiffre est dérisoire face aux difficultés économiques générales, alors que près de 800 000 entreprises, dont la moitié aurait besoin d’une restructuration urgente, subissent les conséquences des crises sanitaires et économiques successives.
La situation économique critique se constate à travers des statistiques préoccupantes, indiquant qu’en 2022, 40 % des PME étaient au bord de la faillite, confrontées à de profonds problèmes structurels, de grandes difficultés financières ou à une sous-capitalisation chronique. L’État a annoncé un engagement d’environ 342 millions de dinars pour soutenir ces entreprises dans le cadre du mécanisme de restructuration, qui vise principalement à remédier aux crises financières des sociétés industrielles.
**Des critères d’éligibilité particulièrement restrictifs**
Les critères d’éligibilité très stricts expliquent en partie le nombre limité d’entreprises sélectionnées dans cette première vague. Les sociétés candidates doivent avoir des actifs immobilisés bruts compris entre 100 000 et 15 millions de dinars, ce qui exclut de nombreuses entités. Les secteurs du commerce, de la promotion immobilière, de la finance et des hydrocarbures sont également exclus du dispositif. Pour bénéficier de cette aide, les entreprises doivent prouver avoir subi des difficultés financières significatives au cours des trois dernières années, illustrées par une baisse importante de leur chiffre d’affaires et de leur activité, un endettement accru, des pertes continues ou une diminution des fonds propres en dessous de la moitié du capital social. De plus, il est indispensable que l’entreprise ait exercé son activité pendant au moins un an et tienne une comptabilité conforme à la législation. Gouiaa espère que ce premier groupe de 151 entreprises servira de projet pilote, ouvrant la voie à une extension future du programme.
**Un déficit de transparence et de concertation**
Les lacunes dans la mise en œuvre et la communication autour de ce processus suscitent de vives critiques de la part de Gouiaa. L’absence d’appel public à candidatures et le manque de clarté des plateformes d’information sur les critères d’éligibilité ont empêché de nombreuses entreprises de se manifester. Les lourdeurs administratives et la lenteur des procédures sont des obstacles majeurs pour les entreprises en difficulté, qui ont besoin d’une réponse rapide. Le manque de données officielles précises concernant le nombre réel d’entreprises en crise rend difficile l’élaboration de politiques publiques adéquates répondant à l’ampleur du problème.
M. Gouiaa exprime sa désapprobation face à l’exclusion des organisations de la société civile, dont l’Organisation nationale des entrepreneurs, des instances décisionnelles, comme la réunion du 15 décembre qui a examiné 11 dossiers. Ces entités économiques restent pourtant plus en phase avec la réalité quotidienne des entreprises et sont mieux placées pour comprendre les défis pratiques auxquels elles font face sur le terrain.

