Tunisie

Relance économique nationale : l’implication bancaire ne s’est pas avérée payante.

En août 2025, les banques tunisiennes ont prêté à l’État environ 14,3 milliards de dinars, soit une hausse de 37,5% sur un an. Les prêts représentent désormais 17,9% du total des actifs des banques, justifiés par l’absence d’opportunités de financement au niveau national et international.

Contre toute attente, l’économie tunisienne continue de gagner en efficacité et nos finances en solidité.

Sur ce point, il est possible d’affirmer que l’engagement des banques tunisiennes et leur implication dans les différentes phases de redressement ont été décisifs.

La Presse — À chaque mention d’urgence économique, d’orientation stratégique ou de soutien au développement, le secteur bancaire se retrouve systématiquement sous les projecteurs.
Un refuge incontournable pour les architectes économiques nationaux.

Une telle attention est légitime. En effet, historiquement, le secteur bancaire a toujours été reconnu pour son soutien indéfectible à la politique de développement nationale, notamment par le financement régulier de nos secteurs stratégiques tels que l’industrie, le tourisme ou l’agriculture.

Il convient de souligner qu’au cours des dernières années, face à la complexité de la conjoncture économique et à la réticence du marché financier international, l’apport des banques a considérablement augmenté.

Les dernières statistiques montrent une tendance clairement à la hausse. En août 2025, d’après le rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les banques tunisiennes ont accordé à l’État environ 14,3 milliards de dinars, enregistrant une hausse de 37,5 % sur un an.

La même source précise que « ces prêts représentent désormais 17,9 % du total des actifs des banques. Un niveau trop élevé justifié par l’absence d’opportunités de financement tant sur le plan national qu’international.

Il est admis que, faute de pistes fiables, les banques sont contraintes d’intervenir de manière exceptionnelle pour honorer certains paiements publics urgents ou pour soutenir le niveau national de liquidité.

Par ailleurs, le Chef de l’État rappelle régulièrement l’ampleur de la responsabilité des banques dans la mise en œuvre des orientations stratégiques du pays, en particulier en ces temps difficiles.

Pour lui, comme il a déjà été souligné, « l’État a ses lois et les transactions commerciales leurs usages, mais l’intérêt supérieur de la Tunisie doit primer sur toute autre considération ». Les banques ont répondu à cet appel de manière positive.

Cependant, malgré l’importance de cet engagement, certains observateurs continuent de reprocher aux banques leur manque d’ardeur dans le développement national.

Ils estiment que l’engagement récent du secteur est plutôt circonstanciel et ne repose aucunement sur une stratégie ou une vision à long terme bien définie.

À leurs yeux, les banques ne parviennent pas à se départir d’une attitude excessivement prudente et réservée.

Un sens de responsabilité élevé

Sous toutes ces critiques, on pense que les banques tunisiennes apportent un soutien suffisant aux besoins de l’économie nationale.

Elles démontrent ainsi, chaque fois que la situation l’exige, un sens de responsabilité élevé et une implication totale dans les choix stratégiques nationaux, dans la limite de leurs capacités, bien entendu.

Il ne faut pas oublier, comme l’ont prouvé certaines expériences étrangères, qu’une sollicitude excessive de la part des banques pourrait éroder leurs liquidités et, plus gravement, conduire à l’assèchement de leurs ressources.

Une telle éventualité est préoccupante, car elle aurait des conséquences lourdes.

En effet, un assèchement des ressources signifierait, par conséquent, une remise en question directe de toute performance économique potentielle.

Car l’épuisement des moyens serait certainement synonyme d’un arrêt de l’épargne, d’un blocage des crédits sous leurs différentes formes, d’un gel des financements et d’un ralentissement risque de la consommation, sans oublier les répercussions sur l’investissement et la productivité.

Un tel scénario place nos banques dans l’obligation d’adopter une démarche intelligente et équilibrée, sans pour autant négliger leur devoir national.

Les banques doivent chercher à élargir leur résilience et à accroître leur compétitivité financière.

Cela ne serait possible que grâce à une réforme profonde et globale, visant principalement, comme déjà mentionné dans ces colonnes, à moderniser divers services, accélérer la digitalisation bancaire et améliorer leur degré d’internationalisation.

Tous ces facteurs contribueraient à permettre à nos banques d’accomplir leurs devoirs nationaux avec davantage de souplesse et d’assurance.

Anis SOUADI