Tunisie

Près d’un jeune sur dix ne sépare pas des stupéfiants.

Le sociologue Khalifa Ghorbal a affirmé que le nombre de jeunes toxicomanes en Tunisie a été multiplié par cinq entre 2013 et 2023, passant de 1,3 % à 8,9 % des jeunes. Hichem Hajji a souligné que l’abandon précoce des études, le chômage et la désintégration familiale sont les principaux facteurs de la propagation de la toxicomanie chez les jeunes.


Le sociologue Khalifa Ghorbal a déclaré que la toxicomanie parmi les jeunes Tunisiens est devenue un sujet inquiétant et qu’il est essentiel d’accélérer l’investissement dans la prévention plutôt que dans le traitement.

M. Ghorbal a indiqué que des données de l’Institut national de la statistique (INS) révèlent que le nombre de jeunes toxicomanes a été multiplié par cinq entre 2013 et 2023, la proportion passant de 1,3 % à 8,9 % des jeunes.

S’exprimant sur Mosaïque FM lors d’un colloque de sensibilisation intitulé « Faire face à l’addiction et réduire ses risques : une responsabilité partagée », il a ajouté que des études montrent que l’addiction est très répandue chez les jeunes âgés de 13 à 18 ans, avec un âge moyen de dépendance de 17 ans et trois mois. Ghorbal a également souligné que le taux de décrochage scolaire au niveau des écoles secondaires atteint 10,9 %, ce qui, selon lui, crée un environnement propice à l’aggravation de l’addiction.

Il a réitéré la nécessité d’investir dans la prévention avant le traitement, en intégrant et réhabilitant les jeunes dans des centres de formation professionnelle, notant que les taux les plus élevés de dépendance se trouvent chez les jeunes ayant quitté l’école ou étant au chômage.

Une approche sécuritaire jugée insuffisante

Pour sa part, Hichem Hajji, membre du Bureau national de l’Organisation tunisienne pour l’éducation et la famille, a indiqué que bien que l’approche sécuritaire contribue à limiter le commerce de la drogue, elle demeure insuffisante pour contrer l’addiction chez les jeunes.

M. Hajji a noté que le traitement et la prévention de l’addiction exigent une action communautaire participative et une approche nationale multidimensionnelle. Il a rappelé que le commerce de la drogue est devenu un enjeu de politique internationale, certaines nations le considérant comme une solution à leurs disputes.

Il a affirmé que l’abandon précoce des études, le chômage et la désintégration familiale figurent parmi les principaux facteurs de la croissance de la toxicomanie chez les jeunes. Il a donc appelé à un encadrement social pour limiter ce phénomène, notamment à travers l’insertion professionnelle, la formation et la promotion des activités sportives.