Plusieurs manifestations en France en soutien à la cause palestinienne

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Paris et dans toute la France pour soutenir la cause palestinienne et demander la « libération » de l’équipage du Madleen, ce bateau humanitaire arraisonné par Israël au large de Gaza dans la nuit de dimanche et lundi.
Est-ce l’arraisonnement par Israël au large de la bande de Gaza du Madleen, ce bateau humanitaire de l’organisation Freedom Flotilla Coalition, ou bien la présence à son bord de Rima Hassan et de Greta Thunberg ? Les soutiens de la cause palestinienne étaient en tout cas nombreux, lundi 9 juin, place de la République, à Paris.
La France insoumise (LFI) avait donné rendez-vous en fin d’après-midi dans la capitale et dans de nombreuses villes françaises, dont Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rennes ou Grenoble, aux soutiens de la Palestine pour demander la « libération » de l’équipage du Madleen et la poursuite de la mission humanitaire.
Plusieurs milliers de personnes se sont massés sur la place de la République en ce lundi de Pentecôte ensoleillé – LFI a revendiqué 150 000 manifestants en France, dont 50 000 à Paris –, si bien que les drapeaux palestiniens et autres keffiehs ont rapidement supplanté les symboles de partis politiques. Les chants et slogans s’enchaînent en attendant les prises de parole. « Free Palestine ! Free Palestine ! », scandent les manifestants, bientôt suivi de « Israël assassin, Macron complice ».
Dans la foule, Célia, 24 ans, drapeau palestinien sur les épaules, tente de se frayer un chemin pour s’approcher un peu plus près de la statue de Marianne au centre de la place. Elle a traversé toute la région parisienne depuis le Val d’Oise pour participer à son premier rassemblement pour la Palestine.
« Ce qui s’est passé avec le bateau humanitaire m’a décidé à venir, je ne pouvais plus rester chez moi sans agir. J’espère que tout ce soutien va faire bouger Emmanuel Macron et qu’il fera quelque chose pour l’équipage, même si pas grand-chose n’a bougé pour les Palestiniens depuis les premières manifestations », regrette-t-elle.
« Je pleure très souvent en pensant à toutes horreurs »
Un peu plus loin, Mohammed et Barbara sont venus de Chelles, en Seine-et-Marne, avec leur fils Imrâne, âgé de 10 ans. Ce dernier tient une pancarte sur laquelle on peut lire « La paix, rendons leur ! » et « Liberté pour la Palestine et tous les peuples opprimés. »
« Je dors mal, je culpabilise, je pleure très souvent en pensant à toutes ces images d’horreur : ces mamans qui tiennent le cadavre de leur enfant dans les bras ou ces bébés devenus orphelins », témoigne la mère de famille, pour qui sa présence à ce rassemblement est « une invitation à l’humanisme ».
Son fils et son mari affirment qu’ »il est temps que le génocide en cours cesse », même s’ils n’attendent plus rien du pouvoir politique. Mais Barbara, qui pensait que le soutien au peuple palestinien s’essoufflait, est ravie de constater que des milliers de personnes ont fait l’effort de venir. « Ça me rassure de voir qu’il y a du monde, ce qui se passe ne devrait laisser personne indifférent », estime-t-elle.
Quelques instants plus tard, le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon prend le micro. Celui qui a fait de la cause palestinienne son principal thème de communication depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le déclenchement de la guerre de Gaza accuse l’État hébreu de s’être livré à un « acte de piraterie internationale ».
Le voilier, avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, est parti d’Italie le 1er juin pour « briser le blocus israélien » à Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus de dix-huit mois de guerre.
Il transportait notamment la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan, ainsi que de l’aide humanitaire. Au cours de la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin, l’organisation Freedom Flotilla Coalition a annoncé que l’armée israélienne avait arraisonné le navire.
« Nous craignons le pire, car nous les savons capables du pire »
« Nous craignons le pire, car nous les savons capables du pire », poursuit l’ancien triple candidat à l’élection présidentielle française (2012, 2017, 2022) au sujet du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, tout en regrettant la réaction du gouvernement français, qui « n’a, semble-t-il, rien à dire à propos d’un acte de piraterie », avant d’appeler à un nouveau « grand rassemblement du peuple français au service des Palestiniens » samedi en France.
Le président français Emmanuel Macron a de son côté « demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France » des six ressortissants français, selon l’Élysée. Il a affirmé lundi depuis le Sommet sur les océans à Nice que le blocus humanitaire à Gaza était un « scandale » et une « honte », appelant à nouveau à un « cessez-le-feu », à la « libération des otages » et à la « réouverture des routes humanitaires » sur le territoire palestinien assiégé.
Insuffisant aux yeux des insoumis et des écologistes, également présents place de la République, qui urgent le président français de « reconnaître dès maintenant l’État de Palestine ». Jean-Luc Mélenchon a également fait l’éloge du courage de Rima Hassan, qui « représente le peuple français qui l’a élue », provoquant des applaudissements nourris de la foule qui scandait aussitôt « Rima ! Rima ! Rima ! »
Aux premiers rangs, Tomi [le prénom a été modifié, NDLR], un Tunisien de 42 ans installé depuis peu en France, secoue la tête, indigné. « Je ne comprends pas qu’en 2025 il ne soit toujours pas possible de vivre ensemble, dans la paix et la solidarité. Les médecins sur place n’ont plus d’hôpitaux, plus de médicaments, comment peuvent-ils soigner les Palestiniens ? », interroge-t-il, alors que les militants entonnent bientôt « Nous sommes tous des enfants de Gaza ».
Pendant ce temps, à plus de 3 000 kilomètres de la place de la République, le Madleen a rejoint lundi soir le port israélien d’Ashdod, selon un photographe de l’AFP. Escorté par deux navires de la marine israélienne, le bateau est entré dans la rade à la nuit tombée, vers 20 h 45 (17 h 45 GMT), selon ce photographe.