Ouverture des JTC : une édition centrée sur l’humain et le changement
La 26e édition des Journées théâtrales de Carthage a débuté hier, 22 novembre, au Théâtre de l’Opéra, à la Cité de la culture de Tunis, avec un programme comprenant 12 pièces en compétition officielle et de nombreuses autres productions hors compétition. Des hommages posthumes ont été rendus à plusieurs créateurs emblématiques lors de la cérémonie d’ouverture, et des prix seront décernés dans diverses catégories par un jury international présidé par Lassaad Ben Abdallah.
La 26e édition des Journées théâtrales de Carthage a débuté hier, le 22 novembre, au Théâtre de l’Opéra, situé à la Cité de la culture de Tunis. Cette année, le programme comprend 12 pièces en compétition officielle, ainsi qu’une riche sélection de spectacles hors compétition : 15 dans la catégorie Théâtre du monde, 16 créations tunisiennes, 6 œuvres provenant de la scène arabe et africaine, sans compter 6 productions de théâtre amateur.
La cérémonie d’ouverture des JTC a été diffusée en direct sur la chaîne Watania 1. Le maître de cérémonie, El Wathek Belleh Chakir, a orchestré les différentes phases et moments forts de la soirée. Grâce à sa présence scénique et son aisance à l’oral, le jeune journaliste a su créer une atmosphère conviviale tout en guidant le public avec clarté et professionnalisme. Dans son discours d’ouverture, Mounir Argui, directeur artistique et président du comité d’organisation, a cité Bertolt Brecht : « Le théâtre n’est pas un miroir qui reflète l’image du monde, mais un marteau avec lequel nous façonnons le monde tel qu’il devrait être, plus juste, plus humain, plus lumineux ». Le slogan de cette édition met en avant l’engagement artistique : “Le théâtre, une conscience et un changement. Le théâtre, le cœur battant de la rue.”
Argui a souligné que nous traversons une époque où « le monde a plus que jamais besoin d’un art qui fait face à l’isolement et la peur pour rétablir la confiance dans la beauté et la liberté ». Il a rappelé dans ce sens notre soutien plein et entier à la cause palestinienne « non pas à travers des slogans mais à travers ce que l’art sait faire ». Cette édition, tout en conservant ses sections habituelles, introduit pour la première fois un Forum international de théâtre intitulé « L’artiste de théâtre, son temps et son œuvre ». Cet espace est conçu pour témoigner, échanger et partager des expériences, des connaissances et des points de vue.
Le programme du théâtre des détenus, ou « Théâtre de la liberté », se poursuit cette année dans les établissements pénitentiaires et les centres de rééducation, en collaboration avec le Comité général des prisons et de la rééducation. Sept ateliers pratiques seront animés par des spécialistes reconnus, en plus de la tenue d’un colloque sur les recherches théâtrales en lien avec les thèses soutenues dans les universités tunisiennes, afin de valoriser la recherche scientifique dans le domaine théâtral. Une rencontre est également prévue avec Patrice Pavis, un des plus grands théoriciens du théâtre contemporain mondial et critique éminent dans le domaine des études théâtrales et de la performance.
Des prix seront décernés dans plusieurs catégories : meilleur texte, meilleure scénographie, meilleure interprétation féminine et meilleure interprétation masculine. Le jury international de la compétition est présidé par le dramaturge tunisien Lassaad Ben Abdallah et compte parmi ses membres Saade Aldaass (Koweït), Malek Laakoun (Algérie), Abdon Fortunée (Congo), Thameur Arbid (Syrie) et Imed El May (Tunisie).
Lors de la cérémonie d’ouverture, des hommages posthumes ont été rendus à des créateurs ayant marqué les scènes des théâtres tunisiens, arabes et africains, notamment Fraj Chouchen, Anouar Chaafi, Mohamed Fadhel Jaziri, Fethi Haddaoui, Ahmed Hadhek El Orf, Mohamed Ali Belhareth, Taoufik Hammami, Mokhtar Mlih, Amara Melliti, Salah El Bojini et Abir Jebali. La cérémonie a également été l’occasion de consacrer Latefa Ahrrare (Maroc), Imad Mohson Ali Chanfari (Sultanat d’Oman), Abdramane Kamaté (Côte d’Ivoire), ainsi que cinq artistes tunisiens : Leila Rezgui, Fethi Akkari, Ali Khemiri, Lazheri Sebii, Slim Sanhaji et Hedi Boumiiza.
En fidèle tradition, l’ouverture des JTC a été animée par un programme musical. Les festivités devaient commencer sur l’avenue Habib-Bourguiba avec le spectacle Jeloud (Peaux) d’Akram Ghadhab, une création inspirée des instruments de percussion traditionnels. Toutefois, ce programme a été annulé en raison de fortes pluies. Au Théâtre de l’Opéra de Tunis, un premier intermède musical a été assuré par Mohamed Ali Chebil avec une de ses chansons en dialecte tunisien. En tant que l’un des chanteurs les plus populaires de la scène musicale tunisienne, son intervention a suscité de longs applaudissements.
Une seconde prestation musicale a été réalisée par Boutheina Nabouli et Benjemy avec un nouveau titre, « Ye ain golli ». La voix puissante et émotive de la jeune chanteuse s’est mêlée aux sonorités électroniques de Benjemy, créant une expérience unique spécialement conçue pour cette soirée, fortement applaudi par le public. La cérémonie d’ouverture a été suivie par une représentation du Théâtre national égyptien, « Le Roi Lear », mise en scène par Shady Sorour. Cette adaptation de l’œuvre de Shakespeare marque le retour sur scène de l’icône arabe Yahya El-Fakharani, pour une première mondiale de l’une des pièces les plus emblématiques du dramaturge anglais. Une seconde pièce d’ouverture, « Rêve(s), Comédie noire », écrite par Fadhel Jaïbi, a été programmée au Théâtre Le Rio. Les JTC se dérouleront jusqu’au 29 novembre, promettant une semaine riche en spectacles et en rencontres théâtrales.

