OMC : Le protectionnisme ne atteint pas des niveaux historiques

Le protectionnisme mondial a atteint un montant de 2.640 milliards de dollars d’importations frappées par des droits de douane, soit quatre fois plus qu’il y a un an. L’OMC a constaté que près d’un cinquième (19,7 %) des importations mondiales sont désormais concernées par des droits de douane et autres mesures similaires introduites depuis 2009, contre 12,6 % il y a seulement un an.

Le protectionnisme mondial atteint un niveau sans précédent : 2.640 milliards de dollars d’importations sont désormais soumis à des droits de douane, soit quatre fois plus qu’il y a un an.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) tire la sonnette d’alarme tout en saluant les efforts pour maintenir les échanges, appelant à des réformes urgentes pour sécuriser le commerce international.

Dans un rapport publié début décembre, l’OMC indique que la valeur des importations mondiales concernées par des droits de douane et autres mesures protectionnistes a été multipliée par quatre entre la mi-octobre 2024 et la mi-octobre 2025, comparativement aux 12 mois précédents, établissant un record qui n’avait pas été atteint depuis 15 ans.

Selon les chiffres de l’OMC, la valeur de 2.640 milliards de dollars représente 11,1 % du total des importations mondiales. Cela dépasse de plus de quatre fois la valeur des importations soumises à des droits de douane une année auparavant, qui était de 611 milliards de dollars.

Les économistes de l’OMC, exprimant leurs analyses dans le rapport, prévoient que la croissance du commerce mondial chutera à 0,5 % en 2026, contre 2,4 % en 2025.

Ngozi Okonjo-Iweala, la directrice générale de l’OMC, a déclaré que « la forte augmentation du volume des échanges commerciaux soumis à des droits de douane reflète la montée du protectionnisme observée depuis le début de l’année ». Elle a ajouté que « près d’un cinquième (19,7 %) des importations mondiales sont désormais concernées par les droits de douane et autres mesures similaires introduites depuis 2009, contre 12,6 % il y a seulement un an ».

Parallèlement à cette montée du protectionnisme, l’OMC note que ses membres ont tenté d’introduire des mesures facilitant le commerce pour atténuer l’impact des nouveaux tarifs. En effet, 311 mesures de facilitation commerciales ont été mises en place durant la période couverte par le rapport, affectant 2.090 milliards de dollars de marchandises, ce qui équivaut à environ 1,5 fois la valeur des marchandises visées enregistrées une année auparavant, soit 1.441 milliards de dollars.

« Nous constatons que les Membres s’efforcent de faciliter les échanges et privilégient le dialogue aux représailles. Cela témoigne de l’importance qu’ils continuent d’accorder au maintien de flux commerciaux transfrontaliers fluides », a commenté la directrice générale de l’OMC.

Elle a également souligné que « les Membres de l’OMC devraient profiter des perturbations commerciales actuelles pour faire progresser les réformes attendues depuis trop longtemps. Ils ont ainsi l’opportunité de s’attaquer à certaines des préoccupations sous-jacentes liées aux récentes mesures unilatérales, tout en repositionnant l’OMC afin de mieux les aider à saisir de nouvelles opportunités commerciales prometteuses ».

Durant cette même période, le nombre d’enquêtes ouvertes par les membres de l’OMC s’est élevé en moyenne à 32,3 enquêtes de défense commerciale par mois, un chiffre légèrement inférieur au pic de 37,3 atteint en 2024.

Concernant le domaine des services, le nombre de mesures protectionnistes a été établi à 124, « un niveau globalement conforme aux années précédentes », selon l’OMC.

En conclusion, l’Organisation se félicite que ses membres « ont continué de soulever des préoccupations commerciales au sein des comités et organes de l’organisation, la plupart concernant des mesures ou politiques mises en œuvre par leurs pairs », soulignant que « les comités de l’OMC sont restés des plateformes essentielles pour aborder les questions commerciales, permettant aux membres de dialoguer sur les points de friction réels ou potentiels », selon le rapport.