Tunisie

Mohamed Lakhdar Hamina : Pionnier du cinéma algérien et défenseur de l’indépendance

Mohamed Lakhdar Hamina, pionnier du cinéma algérien, est décédé à l’âge de 91 ans. La 36e édition des JCC lui a rendu hommage en projetant plusieurs de ses films, dont «Chroniques des années de braise», «Crépuscule des ombres» et «Le vent des Aurès».

Un hommage qui a permis au public de redécouvrir l’œuvre rare, mais riche de cet auteur profondément ancré dans l’histoire de son pays, particulièrement durant la guerre d’indépendance.

La Presse — Mohamed Lakhdar Hamina, pionnier et figure emblématique du cinéma algérien, est décédé à 91 ans. Il a marqué le cinéma avec des œuvres marquantes telles que « Le vent des Aurès » et « Chroniques des années de braise », qui reste la seule Palme d’or arabo-africaine décernée au Festival de Cannes.

Ce dernier film illustre la guerre d’indépendance algérienne à travers les yeux d’un agriculteur.

La 36e édition des JCC a rendu un hommage vibrant à Hamina en lui consacrant une section où ont été projetés plusieurs de ses films : « Chroniques des années de braise », « Crépuscule des ombres » et « Le vent des Aurès ».

Ce tribu a permis au public de revisiter l’œuvre rare mais foisonnante de cet auteur ancré dans l’histoire de son pays, surtout durant la guerre d’indépendance.

Originaire de la ville de M’Sila, dans le nord de l’Algérie, Mohamed Lakhdar Hamina a été marqué dans sa jeunesse par la répression et les injustices infligées par les colons français.

Témoin de cette période, il a décidé de rejoindre la résistance algérienne après avoir d’abord étudié l’agriculture, puis le droit.

Dans les années 60, peu avant l’indépendance, il s’est installé à Tunis et a travaillé avec le gouvernement provisoire de l’Algérie.

Il a vite compris que le cinéma pouvait être un outil puissant pour transmettre la mémoire nationale et faire état des atrocités commises par l’occupant français.

Il est alors parti à Prague pour étudier le cinéma à la Famu, l’une des meilleures écoles de cinéma en Europe.

Cependant, il a rapidement quitté l’école pour rejoindre les célèbres studios Barrandov de Prague.

Doté d’une solide expérience cinématographique qui va façonner son style, il a été chargé par le ministère de l’Information en exil, avec deux autres cinéastes, Djamel Chanderli et Pierre Chaulet, de réaliser un documentaire sur la situation de l’Algérie sous occupation coloniale, intitulé « Djazaïrouna ».

Après l’indépendance algérienne en 1962, il s’est lancé dans la réalisation de films se distinguant par son engagement politique envers la juste cause de son pays, contribuant ainsi à l’édification du cinéma national algérien.

Son premier long métrage, « Le vent des Aurès » (1966), est un chef-d’œuvre.

Il a reçu des éloges de la critique internationale et a remporté un prix au Festival de Cannes en 1967.

L’histoire émouvante d’une mère cherchant son fils emprisonné durant la guerre d’indépendance a touché un large public et reste gravée dans les mémoires jusqu’à aujourd’hui.

En 1975, il a réalisé un autre chef-d’œuvre, « Chroniques des années de braise », une fresque en six parties sur la lutte de l’Algérie contre le colonialisme, qui lui a valu la Palme d’or du Festival de Cannes, la seule distinction obtenue par un réalisateur arabe jusqu’à présent.

Il a ensuite réalisé d’autres films tels que « Tempête de sable » (1982), « Hassen Terro » (1986), « Vent de sable » (1982) et son dernier film « Crépuscule des ombres » (2014).

Son œuvre anticolonialiste immortalise des moments clés de l’histoire algérienne et contribue à la préservation de la mémoire postcoloniale. Mohamed Lakhdar Hamina, figure majeure du cinéma algérien, a laissé une empreinte indélébile non seulement dans le cinéma algérien, mais aussi dans le cinéma africain et auprès de tous ceux ayant subi les traumatismes de la colonisation.