Mes Odyssees en Méditerranée : La Galite, île des pêcheurs siciliens et ponzais
L’archipel de La Galite, point le plus septentrional du continent africain, n’a pas toujours été habité de manière permanente et son occupation récente est due à l’audace et à l’opportunité. Après l’indépendance de la Tunisie, la population commença progressivement à quitter l’archipel, ne laissant qu’une poignée de personnes, dont la doyenne de la communauté Céleste Mazella qui demeura jusqu’à 95 ans.
L’archipel de La Galite, connu sous le nom de Jalta en tunisien, possède une histoire unique, marquant le point le plus septentrional du continent africain. Contrairement à d’autres régions, son peuplement n’a pas toujours été permanent ; son occupation récente résulte d’une combinaison d’audace et d’opportunité.
Cet archipel volcanique et aride était tout d’abord une destination saisonnière pour des pêcheurs de langoustes. Des familles comme les Vitiello, D’Arco et Mazella, originaires de l’Île de Ponza, venaient y exercer leur métier avant de repartir. La découverte de sources d’eau douce a cependant incité ces communautés à s’établir durablement sur l’île.
Ainsi, une population s’est enracinée, avec des naissances sur place s’étalant sur plusieurs générations. Cette communauté représentait un véritable creuset méditerranéen, composée de familles ponzaises, mais également siciliennes comme les Caltagirone, dont les ancêtres venaient de Marsala.
La présence d’habitants et d’enfants devint notable, et La Galite fut officiellement rattachée à la Tunisie. Cette reconnaissance institutionnelle a conduit à la mise en place d’infrastructures essentielles à la vie collective, comme une capitainerie, une gendarmerie, un dispensaire, une église et une école.
La vie sur l’île gravita autour de la mer. La pêche, en particulier celle de la langouste, représentait l’activité économique principale. Les familles complétaient leurs revenus à travers l’élevage, l’agriculture et la production de vin. L’artisanat trouvait également sa place, illustré par un petit atelier où un résident, Alexandre Vitiello, fabriquait à la main des bateaux pour la langouste et des maisons, sans recours à des machines ou à l’électricité.
L’effervescence de la pêche se manifestait par la fréquentation régulière de navires en provenance de Trapani et Palerme pour la capture de sardines, anchois et maquereaux. L’économie liée à la langouste était si structurée que des commerçants du continent, tels qu’un M. Scotto ou un langoustier de Bizerte, venaient s’y approvisionner. Un entrepreneur, M. Andaloro, également de Bizerte, avait même établi une usine de mise en boîte des « Langoustes de la Galite » durant quelques années.
Historiquement, l’île a aussi été un lieu d’exil pour le leader tunisien Habib Bourguiba entre 1952 et 1954.
Cependant, après l’indépendance de la Tunisie, la population a progressivement déserté l’archipel. Ce départ, continu, a conduit à ce qu’il ne reste qu’une poignée de personnes, parmi lesquelles Céleste Mazella, doyenne de la communauté, qui y est demeurée jusqu’à un âge avancé (95 ans).
Actuellement, La Galite est déserte, ses constructions sont en état de ruine et l’île n’est gardée que par quelques militaires. Des découvertes archéologiques illustrent son rôle de carrefour méditerranéen depuis l’Antiquité : caveaux, squelettes, amphores, pièces d’or et statuettes ont été retrouvés. Le Musée du Bardo conserve d’ailleurs une statuette en bronze de Bacchus qui a été découverte sur l’île.
L’histoire de la présence permanente sur l’île remonte à l’arrivée du premier Sicilien en tant que gardien en 1886. Ce gardien, originaire de l’Île de Ponza, et sa femme de Marsala, furent rejoints par leurs enfants, qui restèrent également sur place en tant que gardiens, renforçant ainsi la présence de ces familles de pêcheurs-gardiens.
L’héritage de La Galite se perpétue, notamment à travers ses descendants. L’un d’eux, Pierre de La Galite, a choisi d’honorer la mémoire de son île par un nom d’artiste et par sa création musicale, illustrant ainsi son attachement profond à cette terre d’origine.
Il continue à faire vivre La Galite à travers sa passion, en écrivant des chansons pour les enfants et les adultes, qu’il partage sur YouTube. Avec plus d’un million de vues et plusieurs albums en autoproduction, il a adopté le pseudonyme de Pierre de La Galite.
C’est sa manière de ramener un peu de cette île aride et volcanique dans le monde contemporain, de faire entendre son nom, son histoire et de ne jamais oublier d’où il vient : Jalta, son île au cœur de la Méditerranée.

