Tunisie

Mes Humeurs : Artémis, une galerie éternelle et indestructible

La galerie Artémis rouvrira le soir du 16 du mois avec une exposition intitulée «Renaissance». Fairouz Lamouri, veuve de Ridha, disparu en mai 2025, dirigera la galerie et apportera une nouvelle vision fidèle à l’esprit du fondateur.


La Presse — Depuis plusieurs années, la galerie était à l’abandon, silencieuse et témoin d’une époque où l’art, par cet espace, vibr ait encore dans la région d’El Menzah 9. On la croyait vouée à l’oubli, tout comme de nombreuses autres galeries, malheureusement disparues à cause des revers de l’Histoire.

Pour le plus grand plaisir des amateurs d’art, l’ancienne galerie Artémis réveillera ses lumières le soir du 16 décembre. Cette nouvelle existence ne manquera pas de dynamiser la scène culturelle de Tunis.

Bientôt, derrière des vitres nettoyées et dans un espace rafraîchi, la galerie rouvre ses portes avec éclat et une exposition de prestige. C’est Fairouz Lamouri, la veuve de feu Ridha, décédé en mai 2025, qui pilotera et orientera désormais le destin d’Artémis.

Fairouz Lamouri a accompagné son mari pendant des années dans la gestion de la galerie. Elle a appris le métier en côtoyant les figures de la culture, notamment lors des vernissages où elle a trié, restauré, et classé, s’imbibant des essentiels de la profession, pas dans les manuels, mais à travers l’odeur de l’huile de lin, l’essence térébenthine, les formes des pinceaux, et les échanges intellectuels avec les artistes, en se formant aux valeurs des peintres.

Longtemps, elle n’a rien voulu toucher, ni les cadres empilés, ni les tableaux entassés, qui demeuraient là, figés dans leur dernier geste, ni même le carnet où son mari notait les noms des artistes exposés ou à contacter, quelque chose en elle s’opposant à ce que tout cela soit perdu.

Le récent deuil lui a laissé une envie irrésistible : celle de ressusciter l’aura endormie d’Artémis avec une nouvelle vision, fidèle à l’esprit du fondateur. Discrètement, l’art l’a appelée et elle a répondu avec conviction.

Une récente visite à la galerie a révélé les noms des peintres dont les œuvres seront dévoilées lors du vernissage ; il suffit de dire qu’ils sont des figures majeures de l’art : les Tunisiens Aly Ben Salem, Hatem Mekki, Néjib Belkhoja, Abderrazak Sahli, le Marocain Nabili, et les Algériens Stambouli et Amraoui.

Cette première exposition s’intitule : « Renaissance ». Un titre qui fait autant référence aux tableaux qu’à la galerie, et probablement à la nouvelle directrice elle-même.

La galerie Artémis retrouve vie. Si les murs conservent encore l’ombre affectueuse de Ridha, ils portent désormais également la détermination lumineuse de Fairouz, qui, en rouvrant cet espace, ne ravive pas seulement le souvenir de son mari, mais affirme aussi sa propre voix et transforme son chagrin en un acte de vie.