Les prix mondiaux des matières premières atteignent un plus bas en 2026.
Les prix des matières premières devraient tomber en 2026 à leur plus bas niveau depuis six ans, selon la Banque mondiale. Le rapport indique que le pétrole Brent devrait s’effondrer à 60 dollars/baril en 2026, plombé par un excédent d’offre mondiale et une demande atone.
Les prix des matières premières devraient atteindre en 2026 leur niveau le plus bas depuis six ans. Alors que les pressions inflationnistes diminuent, des tensions géopolitiques obscurcissent les perspectives économiques.
D’après la Banque mondiale, le cours du pétrole continuera de baisser en 2026 en raison d’une surproduction. Dans son rapport publié fin octobre 2025, elle indique que le prix du pétrole, qui avait atteint 120 dollars en 2022 – son niveau le plus élevé en raison de la guerre en Ukraine – est redescendu autour de 80 dollars en 2023 et 2024, avant de passer sous les 70 dollars à la fin de l’année 2025. En 2026, il devrait descendre encore, approchant la barre des 60 dollars.
Cette baisse du prix du pétrole s’explique par une surabondance de l’offre, comme l’indique la Banque mondiale. Cette surproduction « s’est considérablement accentuée en 2025 et devrait encore augmenter l’année prochaine, atteignant un niveau supérieur de 65 % par rapport au pic de 2020 ». En complément, l’Agence internationale de l’énergie prévoit un « excédent de 4 millions de barils par jour en 2026, soit 1,6 million de barils par jour de plus que l’excédent observé en 2020, au plus fort de la pandémie ».
Plusieurs facteurs expliquent cet excès de production. Par exemple, en Chine, la demande de pétrole a ralenti en raison des efforts visant à rendre son économie plus « verte » et à renouveler son parc automobile. « La popularité croissante des voitures hybrides à l’échelle mondiale contribue également à réduire la dépendance au pétrole traditionnel, favorisant ainsi la transition énergétique ».
L’économie mondiale est confrontée à une période d’incertitude, en partie à cause des droits de douane imposés par l’administration américaine. De plus, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole élargie (Opep+) « a augmenté sa production pour reconquérir des parts de marché perdues, ce qui a un impact économique ».
Concernant les incertitudes qui persistent, la Banque mondiale prévient qu’une gestion de l’excès de production est possible, mais plusieurs doutes demeurent. Les prévisions de la banque reposent sur « l’hypothèse que les tensions géopolitiques ne vont pas s’intensifier ». Un conflit entre grandes puissances, comme la Russie et l’Ukraine ou dans le Proche-Orient, pourrait en effet chambouler la situation des cours pétroliers.
Le rapport souligne également que les cours mondiaux des produits de base devraient poursuivre leur descente pour la quatrième année consécutive, atteignant en 2026 leur niveau le plus bas depuis six ans. Les prix devraient fléchir de 7 % en 2025 et en 2026, en raison d’une croissance économique mondiale atone et d’une incertitude politique persistante.
« Le déclin des prix de l’énergie contribue à atténuer l’inflation mondiale, tandis que la baisse des prix du riz et du blé rend les denrées alimentaires de base plus abordables dans de nombreux pays en développement. » Malgré les baisses récentes, les prix des produits de base demeurent supérieurs à leurs niveaux d’avant la pandémie, atteignant +23 % en 2025 par rapport à 2019 et +14 % en 2026.
Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale et premier vice-président pour l’Économie du développement, évoque que « les marchés des produits de base contribuent à stabiliser l’économie mondiale. Le recul significatif des cours de l’énergie a permis de faire baisser l’inflation mondiale des prix à la consommation ». Cependant, il prévient que cette période de répit ne durera pas, et que les gouvernements devraient tirer parti de la situation actuelle pour assainir leurs finances publiques, améliorer l’environnement des affaires et accélérer les échanges commerciaux et les investissements.
Les prix des denrées alimentaires devraient également diminuer, avec des projections de baisse de 6,1 % en 2025 et de 0,3 % en 2026. Les cours du soja, en recul en 2025 en raison d’une production record et de tensions commerciales, devraient se stabiliser au cours des deux années suivantes, d’après la Banque mondiale. Les prix du café et du cacao devraient diminuer en 2026 grâce à une offre plus abondante. En revanche, les prix des engrais devraient connaître une augmentation de 21 % en 2025 en raison de la hausse des coûts des intrants et des restrictions commerciales, suivie d’une baisse de 5 % en 2026. « Le renchérissement des engrais risque d’éroder davantage les marges bénéficiaires des agriculteurs et suscite des inquiétudes quant aux rendements agricoles futurs ».
Selon la même source, « les cours des métaux précieux ont atteint des niveaux record en 2025, tirés par la demande d’actifs sûrs et les achats soutenus des banques centrales ». Le prix de l’or, valeur refuge par excellence en période d’incertitude économique, devrait augmenter de 42 % en 2025, puis de 5 % l’année suivante, atteignant un niveau presque deux fois supérieur à la moyenne observée entre 2015 et 2019.
L’économiste en chef de la Banque mondiale souligne que « la baisse des prix des produits de base pourrait être plus forte que prévu si la croissance mondiale reste faible, en raison de tensions commerciales persistantes et d’incertitudes sur les politiques économiques ». Une production de pétrole plus importante que prévu de la part des pays de l’Opep+ pourrait aggraver l’excès d’or noir sur le marché et exercer une pression supplémentaire à la baisse sur les prix de l’énergie. De plus, les ventes de véhicules électriques, qui devraient augmenter considérablement d’ici à 2030, pourraient réduire encore davantage la demande de pétrole.
Par ailleurs, les tensions géopolitiques et les conflits pourraient faire grimper les cours pétroliers et accroître la demande de matières premières refuges comme l’or et l’argent. En ce qui concerne le pétrole, l’impact de sanctions supplémentaires sur le marché pourrait également entraîner une hausse des prix supérieure aux prévisions. Des conditions climatiques extrêmes pourraient affecter la production agricole et augmenter la demande d’électricité pour le chauffage et le refroidissement, ajoutant ainsi une pression sur les prix de l’alimentation et de l’énergie.
Sur le plan des réformes budgétaires, Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives, souligne que la baisse des prix du pétrole « offre aux économies en développement la possibilité de faire avancer des réformes budgétaires visant à favoriser la croissance et la création d’emplois ». L’élimination progressive des subventions aux carburants coûteuses pourrait libérer des ressources pour le développement des infrastructures et du capital humain, des domaines propices à la création d’emplois et à l’amélioration de la productivité à long terme. Selon lui, « de telles réformes contribueraient à réorienter les dépenses de consommation vers l’investissement, regagnant ainsi des marges de manœuvre budgétaires ».
Concernant les économies africaines, fortement tributaires des exportations de ressources, les projections mettent en avant des vulnérabilités structurelles mais aussi des opportunités de réforme. Dans son rapport, la Banque mondiale dépeint un paysage contrasté pour les matières premières africaines. Pour le pétrole, le Brent devrait chuter à 60 dollars par baril en 2026 (contre 81 dollars le baril en 2024, ou environ 68 dollars le baril en 2025), en raison d’un excédent d’offre mondiale (+65 % par rapport à 2020) et d’une demande faible. Cette chute devrait avoir un impact lourd sur les économies pétrolières comme le Nigeria, l’Angola ou l’Algérie, qui dépendent des recettes d’exportation.

