Les JCCÂ : L’art de ne jamais céder.
Les Journées cinématographiques de Carthage ne deviendront jamais un espace dédié au star-system et au palmarès tiède. À chaque édition, les JCC dessinent une géographie nouvelle, celle des esprits, des regards et des sensibilités.
On ne le répétera jamais assez : les Journées cinématographiques de Carthage ne seront jamais un festival comme les autres. Elles ne le désirent pas. Elles ne le peuvent pas.
C’est précisément cette particularité qui constitue leur force. Les JCC ne deviendront jamais un lieu consacré au star-system, encore moins une vitrine pour le banal, le film attendu, le palmarès consensuel et tiède.
Ici, le cinéma ne se consomme pas, il se vit.
Depuis leur création, les JCC représentent ce moment suspendu où les cinématographies se rencontrent, se confrontent, se remettent en question.
Pendant une semaine, l’écran se transforme en passeport, en une fenêtre ouverte sur d’autres réalités parfois lointaines, souvent ignorées, mais toujours nécessaires.
C’est un temps d’émerveillement authentique devant des images qui ne suivent ni les modes ni les lois du marché, mais qui répondent à l’urgence de dire, de montrer, de témoigner.
Les JCC sont cet écran qui ébranle nos préjugés. Celui qui façonne, année après année, notre imaginaire collectif.
Celui qui nous permet, parfois pour la première fois, de découvrir une façon de filmer, d’occuper l’espace, d’adopter un regard particulier sur le monde.
Ici, les problématiques sont multiples, complexes, enracinées dans des réalités sociales, politiques, humaines qui se refusent à la simplification. Le cinéma y est un acte, une prise de position, un souffle.
À chaque édition, les JCC tracent une nouvelle carte. Pas celle des atlas officiels, mais celle des esprits, des perspectives, des sensibilités.
Une carte mouvante, renouvelée, indocile. C’est sans doute pour cela que l’on ne s’en lasse jamais.
Les JCC rejettent la routine. Elles préfèrent le risque à la répétition, l’audace au confort.
Bien entendu, à chaque inauguration, des visages inconnus se pressent sur un tapis rouge souvent mal assumé, jouant les stars d’une soirée, imitant des codes qui ne leur appartiennent pas vraiment.
Il est vrai que la soirée d’ouverture manque parfois de chaleur, de passion, de ce public cinéphile qui fait battre le cœur du festival. Mais cela ne dure qu’un instant.
Rapidement, les JCC retrouvent leur véritable public. Celui des salles pleines en journée, des débats passionnés, des discussions prolongées à la sortie des projections. Celui qui vient pour le cinéma, uniquement pour le cinéma.
Les JCC ne perdent pas le cap. Elles avancent, portées, presque bénies, par un public particulier et par des défenseurs de l’action culturelle, souvent discrets, parfois invisibles, mais toujours présents.
Y compris au sein du comité d’organisation. Des gardiens de l’ombre, des vigies attentifs, veillant à ce que le festival conserve son ADN.
À ce que les JCC demeurent fidèles à leur promesse initiale : être le lieu d’un cinéma libre, exigeant, engagé.
Et tant que cet esprit perdurera, les JCC resteront ce qu’elles ont toujours été : un espace de résistance douce, un rendez-vous essentiel, un cinéma qui regarde le monde droit dans les yeux.

