Tunisie

Kairouan : Offrir les infrastructures nécessaires au développement de la ville.

Kairouan n’a pas les infrastructures qu’elle mérite, ce qui pénalise son développement. La région dispose d’une main-d’œuvre jeune et d’un potentiel élevé, mais elle ne peut attirer des entreprises internationales que si ses infrastructures et services essentiels sont améliorés.


Kairouan semble être en train de se transformer. Les investissements affluent et les projets se multiplient, comme en témoigne la récente annonce d’expansion de « Yura Corporation ».

Cependant, la région est handicapée par une réalité bien connue mais que peu de responsables osent réellement aborder : Kairouan ne dispose pas des infrastructures qu’elle mérite. Faut-il encore rappeler cette évidence ?

Kairouan ne manque ni de ressources humaines, ni de dynamisme, ni de potentiel. Ce qui lui fait défaut, ce sont des routes sûres, un environnement propre, un urbanisme cohérent et des zones industrielles à la hauteur des ambitions affichées dans les communiqués officiels.

**Les investisseurs ont leurs exigences**

À Kairouan, les zones industrielles sont mal accessibles, les camions circulent sur des routes fissurées, les raccordements aux réseaux essentiels prennent du temps et l’administration est lourde. Dans ces conditions, comment attirer des entreprises internationales de manière durable ?

Plusieurs investisseurs déjà présents à Kairouan, qui ont même élargi leurs activités, soulignent la qualité de la main-d’œuvre locale et le potentiel de la région. Cependant, ils reconnaissent que la durabilité de ces extensions dépendra d’une amélioration tangible des infrastructures et des services essentiels à la compétitivité.

Les investisseurs ne cherchent pas des discours, mais de la fiabilité, de la prévisibilité, de la cohérence. Tant que Kairouan ne possédera pas d’infrastructures de qualité, elle restera une option risquée, alors que des régions mieux équipées comme Sousse ou Sfax accueillent les industriels et commerçants du monde entier, locaux et étrangers.

**L’environnement urbain, un argument économique**

On a trop longtemps fait croire que les investisseurs se contentaient d’une main-d’œuvre. Cette vision démodée est risquée. Les entreprises qui s’installent ici envoient des cadres, recrutent des techniciens et attirent des spécialistes. Ces personnes recherchent une ville où il fait bon vivre : des routes bien entretenues, de la sécurité, un service de transport public minimum, et des espaces de loisirs pour leurs enfants. Si la ville n’est pas attractive, elle ne pourra attirer ni talents ni investisseurs.

**L’impératif de moderniser les zones industrielles**

Trop souvent, l’octroi d’un terrain est célébré comme la fin d’un projet. En réalité, cela marque seulement le début. Les entreprises ont besoin de connexion internet fiable, de réseaux d’assainissement fonctionnels, d’une gestion moderne des déchets, d’une alimentation en énergie stable et de transport collectif pour leurs employés. Ce n’est pas un luxe, c’est une norme mondiale.

On ne peut pas espérer attirer et retenir des groupes internationaux tout en permettant à la ville de stagner dans des conditions dépassées. Il est impossible de parler d’« économie », de « développement régional », de « justice territoriale » si les fondamentaux, comme les routes, l’eau, l’assainissement, la planification urbaine et l’environnement, ne sont pas correctement assurés.

Kairouan ne demande pas des promesses, mais des actions. Elle ne demande pas un miracle, mais une stratégie. Elle ne souhaite pas être « visitable » une fois par an lors des célébrations religieuses, mais bien habitable et surtout investissable : elle a un fort potentiel. La région possède tous les atouts pour devenir un centre économique majeur.

Elle se situe au cœur du pays, dispose d’une main-d’œuvre jeune et attire des industriels de plus en plus exigeants. Il est temps que les décideurs, qu’ils soient locaux ou nationaux, comprennent enfin qu’on ne développe pas une ville par des symboles. On la développe avec du béton, des infrastructures, des investissements publics et de la volonté politique.