Tunisie

Grève des enseignants du primaire : La crainte légitime des familles

Dès hier, 7 octobre, la Fédération générale de l’enseignement de base (Fgeb) a mis à exécution sa menace de grève. Selon les organisateurs, la « grève a été observée à 90% ».


Les parents se trouvent, une fois de plus, face à un problème dont ils se seraient bien passés. À peine l’année scolaire commencée, une grève des enseignants du primaire est annoncée. Ce début inquiétant fait craindre une escalade et des impacts sur leurs enfants.

La Presse — Malheureusement, beaucoup de syndicalistes n’ont pas encore intégré que le temps des grèves à tout va est désormais révolu. De plus, il existe encore une confusion entre les revendications légitimes et les ingérences dans les prérogatives de l’administration. Pendant ce temps, nos syndicats continuent de privilégier des méthodes qui ne sont pas toujours appropriées pour atteindre leurs objectifs.

Dès le 7 octobre, la Fédération générale de l’enseignement de base (Fgeb) a mis à exécution sa menace de grève. En effet, les enseignants avaient déjà commencé leur mouvement le 13 septembre en organisant des réunions dans les établissements scolaires, suivies de rassemblements le 17 du même mois. Alors que nous sommes dans la troisième semaine de la reprise des cours, la Fgeb n’a pas hésité à faire grève. La Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges) a également publié un communiqué de soutien, invitant les enseignants des collèges et lycées qui n’ont pas cours à se rassembler devant les sièges des syndicats régionaux ou devant le siège de l’Ugtt à Tunis.

Bien qu’il n’y ait rien à redire sur le droit de grève, des réserves peuvent être émises quant à la méthode et à l’opportunité choisies. Une journée de grève dans le primaire signifie la privation de 1,9 million d’écoliers de 4 à 5 heures de cours, sans compter la perturbation du quotidien des parents qui doivent gérer leurs enfants tout en coordonnant leur travail.

Bien que les syndicats s’en défendent, ceux qui recourent si rapidement aux grèves prennent finalement en otage les élèves et leurs familles. C’est malheureux à admettre, mais c’est la réalité. Même en invoquant la légitimité de tels mouvements, les critiques demeurent inévitables.

Il est déplorable de constater la longue liste des revendications formulées par les responsables syndicaux, touchant à la situation matérielle des enseignants (primes, promotions, régularisation) et à d’autres points controversés, tels que la désignation des chefs d’établissements, la révision du rythme scolaire, ou l’entretien des écoles. En fin de compte, ces revendications ne relèvent pas de la mission syndicale.

Un point préoccupant réside peut-être dans le fait que les organisateurs se déclarent satisfaits en annonçant que la « grève a été observée à 90 % ». Ce chiffre n’est pas une source de fierté. Au contraire, il devrait susciter des inquiétudes concernant l’avenir de nos enfants et de notre système éducatif. Une journée de grève équivaut à une journée perdue, et les menaces de nouvelles mesures ne peuvent qu’aggraver la situation. Pourtant, lors de la Journée du savoir du 28 août, le ministre de l’Éducation avait annoncé la régularisation de la situation d’environ 24 000 agents et enseignants.

De plus, le 25 septembre 2025, six arrêtés ont été publiés au Journal officiel portant sur des augmentations de plusieurs indemnités pour les cadres et enseignants du secteur éducatif avec effet rétroactif, dont les versements sont prévus pour 2026.