Tunisie

Gouvernance migratoire : La Tunisie ne trouve pas d’organisations internationales

La Tunisie a obtenu, le 8 décembre 2025, l’appui unanime du Groupe africain pour la candidature de sa représentante au poste de première vice-présidente du Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’annonce a été faite lors de la séance inaugurale de la 116e session du Conseil de l’OIM, organisée du 8 au 10 décembre au Centre des congrès de Genève.


Alors que la concurrence pour les postes clés au sein des institutions multilatérales s’intensifie, la Tunisie prend pleinement conscience de l’urgence de renforcer sa présence sur la scène internationale. Entre opportunités à saisir, influence à rétablir et diplomatie à redéfinir, le pays fait face à un défi stratégique : exister là où se prennent les décisions qui façonneront l’ordre mondial de demain.

Pour la première fois, la Tunisie a reçu, le 8 décembre 2025, le soutien unanime du Groupe africain pour la nomination de sa représentante au poste de première vice-présidente du Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette annonce, faite par la Mission permanente de la Tunisie à Genève, a eu lieu lors de la séance inaugurale de la 116e session du Conseil de l’OIM, qui s’est tenue du 8 au 10 décembre au Centre des congrès de Genève. Cet appui collectif dépasse largement un simple vote de procédure, reflétant une volonté africaine commune de voir une voix crédible, constructive et modérée occuper un rôle stratégique au sein de l’une des institutions les plus influentes en matière de politiques migratoires.

Ce soutien massif souligne également une reconnaissance internationale du travail que la Tunisie a réalisé dans le domaine de la migration. Depuis plusieurs années, le pays s’est affirmé comme un acteur engagé dans les débats multilatéraux, prônant une approche basée sur la responsabilité partagée, le respect de la dignité humaine et la coopération régionale. Sa position géographique, au carrefour de l’Afrique, de la Méditerranée et de l’Europe, lui permet de jouer un rôle de médiateur naturel, capable de transmettre des messages équilibrés et réalistes. Cette nomination récompense ainsi une diplomatie tunisienne qui, malgré des ressources souvent limitées, a réussi à tirer parti de son expérience et à améliorer son image auprès de nombreux partenaires internationaux.

Accéder à un poste au sein d’une instance internationale n’est pas acte symbolique ; c’est une affirmation de pouvoir. Les politiques globales se dessinent dans ces espaces, et seuls les pays qui y sont régulièrement représentés peuvent véritablement défendre leurs intérêts et anticiper les changements qui affectent leur territoire. Pour la Tunisie, occuper ce poste est une opportunité pour faire valoir sa présence dans les discussions mondiales, renforcer la visibilité de ses priorités et s’assurer que ses intérêts soient pris en compte dans les décisions internationales relatives à la migration. Ce rôle stratégique doit être pérennisé par une présence continue, une participation active aux discussions et une capacité d’initiative sur des dossiers relevant directement de la région.

La lutte pour les postes de responsabilité dans les organisations internationales est devenue une compétition serrée où les États n’hésitent plus à déployer des stratégies de lobbying sophistiquées. De nombreux pays mettent en avant leurs réseaux diplomatiques, leurs institutions de recherche, leurs diasporas et leurs acteurs économiques pour soutenir leurs candidatures. Ce phénomène concerne tant les grandes puissances que les États émergents ou les petits pays insulaires, qui investissent continuellement dans leur visibilité internationale et la promotion de leurs experts. Dans ce contexte concurrentiel, la Tunisie ne peut se permettre de rester passive. Son influence dépendra de sa capacité à structurer un lobbying d’État solide, à coordonner ses institutions et à promouvoir des profils compétents capables de porter sa voix dans ces arènes très disputées.

Cette nomination devrait rappeler que l’absence au sein des organisations internationales est plus coûteuse que la présence. En occupant des postes décisionnels, la Tunisie peut non seulement influer sur les orientations globales, mais également défendre plus efficacement ses priorités concernant la mobilité humaine, le développement durable, la coopération régionale ou la sécurité. Une présence active dans ces forums renforce également la crédibilité diplomatique du pays et génère des opportunités de partenariats, d’expertise et d’investissements. Dans un contexte où la migration est un sujet particulièrement sensible, notamment en Méditerranée, il est essentiel pour la Tunisie de faire entendre sa voix.

Au-delà du succès diplomatique que représente cette nomination, la Tunisie a l’opportunité de s’inscrire dans une dynamique plus ambitieuse, celle d’un pays qui se projette et organise son influence. Un siège de première vice-présidence est plus qu’un simple symbole ; il devient un espace propice à une diplomatie tunisienne plus affirmée et moderne, attentive aux grands bouleversements contemporains. Cela implique de former une nouvelle génération de diplomates et d’experts capables de maîtriser des questions émergentes — du changement climatique à la cybersécurité, en passant par la mobilité humaine — et de rassembler les ressources intellectuelles du pays, incluant universités, centres de recherche et une société civile apportant un éclairage précieux sur les réalités locales.

Ce moment historique pourrait également servir à restaurer une confiance collective. Confiance en la capacité de la Tunisie à bâtir des alliances solides, confiance en ses représentants qui incarnent souvent bien plus que des institutions, mais une vision, une éthique et une certaine manière d’être dans le monde. La Tunisie n’a jamais été un pays spectateur ; elle a toujours été plus crédible en proposant, en anticipant, et en s’exprimant avec la sobriété lucide qui la caractérise.

L’enjeu ne se limite pas à une candidature réussie. Il s’agit de transformer une reconnaissance temporaire en une présence durable, et de faire de ce poste un levier pour rappeler qu’un pays de taille modeste peut influencer des décisions globaux. En occupant un poste stratégique au sein de l’OIM, la Tunisie affirme sa capacité à participer pleinement aux débats qui façonnent l’avenir et à promouvoir une approche équilibrée et humaine de la migration. Ce rôle dépasse le seul aspect institutionnel, il implique d’imaginer une diplomatie tunisienne capable d’anticiper, de rassembler et d’inspirer, démontrant qu’un pays de taille modeste peut jouer un rôle significatif dans les grandes décisions qui se prennent, que ce soit par les discours, les actes ou les sièges occupés au sein des institutions internationales.