Exposition au palais Ahmed Bey sur l’architecture tunisienne et présence italienne
L’exposition « Italianisances : la présence italienne dans l’architecture tunisienne » a ouvert ses portes au public du 9 au 12 octobre. Elle se déploie en quatre volets thématiques et se présente sous la forme d’un corpus de treize panneaux.
Une belle initiative qui se veut pédagogique. L’exposition avait pour objectif de sensibiliser un large public à l’influence italienne dans l’architecture de Tunis et de ses environs. C’était également un bon prétexte pour dévoiler le nouveau visage de la demeure, fortement marquée par l’empreinte italienne.
Cependant, la forme laisse à désirer. En raison d’un manque de véritable scénographie et d’un contenu limité à de simples panneaux, l’exposition n’arrive pas à mettre en valeur ses visuels ni ses textes, qui se retrouvent étouffés dans une présentation trop dense.
Le palais Ahmed Bey, un bijou architectural construit en 1847 et classé monument historique en 2016, a retrouvé grâce aux artisans et artistes une nouvelle jeunesse. Souffrant d’occupation illégale, dégradé et presque en ruines, l’édifice avait besoin d’une restauration urgente.
Situé près du Saf Saf, ancienne propriété du comte Raffo, ce palais acquis par Ahmed II Bey a longtemps été laissé à l’abandon. Un projet touristique et culturel a permis de lui redonner vie et de restaurer ses couleurs d’antan. L’édifice a ouvert ses portes au public du 9 au 12 octobre lors de l’exposition intitulée « Italianisances : la présence italienne dans l’architecture tunisienne ».
Organisée par l’association Nous Tous, les Archives de la mémoire des Italiens de Tunisie (AMIT), le Laboratoire d’archéologie et d’architecture maghrébines (LAAM) et le Centre culturel Dante Alighieri de Tunisie, avec le soutien de la Fondation Rosa Luxemburg, l’exposition visait à sensibiliser un large public à l’influence italienne dans l’architecture de Tunis et de ses environs.
C’était surtout un beau prétexte pour montrer le nouveau visage de la demeure, qui elle-même porte une forte empreinte italienne. Ramené à son environnement, restauré dans les règles de l’art, le palais renaît après des décennies de délabrement. À quelques mètres de l’un des cafés emblématiques de La Marsa — le café Haouas —, près de la mosquée Al Ahmadi, sur l’une des places publiques principales, l’état pitoyable de la bâtisse, comme d’autres encore présentes sous nos cieux, était préoccupant et révoltait plus d’un.
Souhaitée par tous, la restauration, qui a tardé à se concrétiser, a finalement été réalisée grâce aux efforts de M. Mahmoud Redissi, qui a acquis le palais et engagé sa réhabilitation sous la supervision de l’Institut national du patrimoine. L’objectif est d’en faire un hôtel de prestige à vocation touristique, culturelle et patrimoniale. Cette reconversion de l’ancienne demeure pourrait encourager la réhabilitation d’autres espaces patrimoniaux (en péril ou non) à La Marsa et ailleurs en Tunisie.
Affichant avec fierté sur son fronton sa khabcha (l’équivalent d’un blason ou d’armoiries), sculptée sur mesure par des artisans, le palais Ahmed Bey se pare à nouveau de ses tons ocres, jaunes, verts et bleus. Les visiteurs peuvent y accéder depuis la cour d’entrée, qui mène à un grand hall voûté suivi d’un escalier en marbre.
Des portraits du Bey et d’autres dignitaires accompagnent les visiteurs dans les diverses salles de la somptueuse bâtisse. Le patio supérieur, qui abrite l’exposition « Italianisances » et où se trouvent des chambres et des salons, est entièrement lambrissé de faïence espagnole et éclairé par des fenêtres hautes.
L’exposition se déploie dans les salles d’apparat situées de part et d’autre de l’entrée, avec une élégante fusion de formes traditionnelles et d’innovations baroques. Ces vastes chambres étaient autrefois ornées de lustres vénitiens, de tentures et de meubles dorés, reflétant le luxe d’antan.
« Italianisances » rappelle que la présence italienne dans l’architecture tunisienne remonte au XVIe siècle, mais a surtout culminé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle avec les grandes vagues de migration italienne. Les quartiers dits « francs » ou « européens » de Tunis, marqués par l’Art nouveau, l’Art déco et l’éclectisme, en témoignent.
Déclinée en quatre volets thématiques — Novecento et la ville européenne du XIXe siècle, l’influence baroque et rococo dans les édifices religieux de la médina, les palais beylicaux et leurs décors italiens, et enfin la mémoire des villages ruraux de la Medjerda —, l’exposition est présentée à travers un corpus de treize panneaux.
Photographies d’édifices, détails décoratifs et textes de chercheurs révèlent une archive visuelle vivante où se croisent rigueur architecturale, polychromie des matériaux et finesse des compositions. Une belle initiative visant à être pédagogique, mais dont la forme est perfectible. Faute d’une véritable scénographie et limitée à des panneaux, l’exposition n’arrive pas à mettre en valeur ses visuels ni ses textes, étouffés dans une présentation trop dense.
Une médiation culturelle aurait également permis d’accompagner les visiteurs, notamment les plus jeunes, dans cette exploration du patrimoine. La splendeur retrouvée des lieux atténue néanmoins la déception et permet d’oublier (du moins en partie) les faiblesses de la mise en scène.
Après son escale inaugurale à La Marsa, l’événement se déplacera à l’École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis (13–19 octobre), puis à la galerie El Teatro à Tunis (21–31 octobre).

