Enquête : la majorité des mères ne veut pas vacciner leurs filles contre l’HPV
Une enquête menée auprès de 1 200 femmes dans le Grand Tunis a révélé que entre 76,6 % et 81 % des mères sont contre la vaccination anti-HPV de leurs filles. Le directeur général du Centre National de Pharmacovigilance, Riadh Daghfous, a indiqué que le HPV est responsable de 95 % des cas de cancer du col de l’utérus.
Menée auprès de 1 200 femmes dans le Grand Tunis, une enquête sur les attitudes des mères en matière d’éducation sexuelle de leurs enfants a révélé que la majorité d’entre elles s’oppose à la vaccination de leurs filles contre le papillomavirus humain (HPV).
Cette enquête, réalisée auprès de femmes ayant des enfants âgés de 10 à 19 ans, a montré qu’entre 76,6 % et 81 % des mères sont contre la vaccination anti-HPV de leurs filles.
Réalisée par le Groupe Tawhida Ben Cheikh et présentée vendredi dernier à Tunis, l’étude indique que ce taux de refus est le reflet des tabous liés à la sexualité des jeunes filles ainsi que des campagnes de désinformation et des messages anti-vaccin circulant sur les réseaux sociaux.
D’après la même source, le pourcentage de mères favorables à la vaccination reste minoritaire, se situant autour de 19 à 23 %.
L’introduction du vaccin anti-HPV dans le calendrier national de vaccination en avril 2025 constitue pourtant une avancée significative dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus, selon le directeur général du Centre National de Pharmacovigilance, Riadh Daghfous.
Dans une interview accordée à l’agence TAP en avril dernier, à l’occasion de l’introduction de ce nouveau vaccin en Tunisie, Daghfous a assuré que ce vaccin est sûr et efficace, et qu’il a été intégré au calendrier national pour protéger indirectement les filles du risque de développer un cancer du col de l’utérus.
Les statistiques montrent que le HPV est responsable de 95 % des cas de cancer du col de l’utérus, selon le spécialiste.
« En Tunisie, ce type de cancer est le troisième cancer le plus fréquent chez les femmes, avec plus de 400 nouveaux cas par an, et plus de 200 décès chaque année à cause de cette maladie », a-t-il ajouté.
La vaccination cible les filles scolarisées en sixième année de l’enseignement primaire, généralement âgées de 12 ans. Elle est administrée dans toutes les écoles primaires, qu’elles soient publiques ou privées. Les filles du même âge non scolarisées reçoivent le vaccin dans les centres de soins de santé de base.
Daghfous a précisé que tout vaccin inclus dans le programme national est considéré comme obligatoire. Toutefois, une fiche est remise aux élèves pour obtenir le consentement signé de leurs parents.
Le spécialiste a également insisté sur le fait que le vaccin ne représente aucun danger particulier, signalant qu’il est administré depuis 2006 et que plus de 200 millions de filles dans le monde ont déjà reçu ce vaccin.
« Toutes les autorités sanitaires s’accordent à dire qu’il est sûr et efficace. Les effets secondaires sont comparables à ceux des autres vaccins : douleurs au point d’injection, rougeur, fièvre ou maux de tête. Dans de rares cas, un léger vertige peut survenir, c’est pourquoi il est recommandé de rester au repos un quart d’heure après l’administration », a-t-il précisé.
Il est à noter qu’en avril dernier, le conseil de discipline de l’ordre des médecins avait décidé de prendre des mesures disciplinaires contre une médecin inscrite au conseil de l’ordre, après qu’elle ait posté des vidéos sur les réseaux sociaux mettant en doute la sûreté et l’efficacité du vaccin contre le Papillomavirus/HPV.

