Tunisie

En Tunisie, la justice ordonne la libération de l’opposante Sihem Bensedrine

Sihem Bensedrine, présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD), lors de la conférence de clôture de l’IVD à Tunis, le 14 décembre 2018. Sihem Bensedrine, présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD), lors de la conférence de clôture de l’IVD à Tunis, le 14 décembre 2018.

La justice tunisienne a ordonné, mercredi 19 février, la libération de l’opposante Sihem Bensedrine, l’une des militantes des droits humains les plus connues du pays, en détention depuis le mois d’août 2024, a indiqué à l’Agence France-Presse le porte-parole de la cour d’appel de Tunis.

Mme Bensedrine, 74 ans, était la présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD). Elle avait été accusée d’avoir falsifié des parties du rapport final de cette instance mise en place après la révolution de 2011. La cour d’appel de Tunis a décidé sa remise en liberté, mais elle reste poursuivie et a interdiction de voyager, a déclaré Habib Torkhani.

Son mari, Omar Mestiri, a indiqué à l’AFP que le moral de Mme Bensedrine était « bon ». « Elle a souffert, mais elle est déterminée à faire valoir ses droits », a-t-il affirmé, disant qu’il se préparait à se rendre à la prison de la Manouba, dans la banlieue de Tunis, pour l’attendre à sa sortie.

Cette ancienne journaliste, qui fut l’une des opposantes les plus connues sous la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali, avait annoncé une grève de la faim en janvier pour protester contre sa détention et avait été hospitalisée une dizaine de jours plus tard.

Mardi, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé la « persécution des opposants » en Tunisie, appelant les autorités à mettre fin à la vague d’arrestations notamment de défenseurs des droits humains, de journalistes et d’avocats.

Soupçonnée d’avoir perçu un pot-de-vin

Créée en 2014, dans le sillage de la révolte ayant mis fin à la dictature en 2011, l’IVD avait été chargée de répertorier les violations commises par des représentants de l’Etat entre 1955 et 2013, une période qui couvre les présidences de l’autocrate Habib Bourguiba (1957-1987) et de son successeur, Zine El-Abidine Ben Ali (1987-2011), mais aussi les troubles post-révolutionnaires.

A la fin de son mandat, en 2018, l’IVD a rédigé un volumineux rapport, qui a été publié dans le Journal officiel en 2020. Au moment de l’interdiction de sortie du territoire prononcée en mars 2023 contre elle, Mme Bensedrine avait fait savoir à l’AFP qu’elle faisait l’objet depuis février 2021 d’une enquête judiciaire pour des soupçons de falsification de ce rapport. Elle-même victime d’exactions sous l’ancien régime, Mme Bensedrine était soupçonnée d’avoir perçu un pot-de-vin pour ajouter au rapport un paragraphe accusant la Banque franco-tunisienne (BFT) de corruption. Elle a rejeté ces accusations.

Le Monde avec AFP