Tunisie

Conférence de presse pour la 13e édition de « Tunis tout court » : projections et critiques.

La maison de la culture Ibn-Rachiq à Tunis accueillera le Festival national du court métrage «Tunis Tout Court» du 3 au 5 octobre, marquant la 13e édition et le 20e anniversaire du festival. Au total, 16 films, dont 14 fictions et 2 documentaires, réalisés entre 2023 et 2025, seront en compétition pour quatre prix : meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure contribution technique et meilleur jeu d’acteur.


La maison de la culture Ibn-Rachiq à Tunis a accueilli le 26 septembre une conférence de presse annonçant le retour du Festival national du court métrage, connu sous le nom de «Tunis Tout Court». Ce festival, qui était suspendu depuis six ans, revient avec une programmation renouvelée, une nouvelle équipe, mais toujours la même passion pour le cinéma court.

Cet événement est orchestré par l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (Atpcc). La 13e édition, qui célèbre le 20e anniversaire du festival, se déroulera les 3, 4 et 5 octobre en partenariat avec le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci) ainsi que la Maison de la culture Ibn Rachiq. Elle mettra en avant le court métrage tunisien professionnel, visant à valoriser et renforcer la visibilité de ce format souvent négligé, tout en stimulant la dynamique culturelle grâce aux échanges et à l’encouragement de la production.

La conférence a réuni de nombreux acteurs du secteur culturel, avec la présence de Mme Ons Kammoun, présidente de l’Atpcc depuis 2024, et de Mme Safa Hleli, coordinatrice générale du festival.

Dans son discours d’ouverture, Mme Kammoun a souligné l’importance du court métrage comme pépinière de films engagés, porteurs de projets et d’ambitions. L’adaptation est au cœur de cette édition, comme en témoigne le choix de l’affiche représentant « Le Réverbère » de Ali Douagi, une œuvre qui a été adaptée à l’écran trois fois.

Le film d’ouverture sera « Un certain regard » de Khaled Barsaoui, datant de 1992, un choix symbolique car la première manifestation organisée par l’Atpcc autour du court métrage s’était faite en 1993 avec la projection de ce même film. « Ça nous donnera encore l’occasion de le voir, d’en parler et d’écrire sur lui », a noté Mme Kammoun. Un hommage sera également rendu au producteur Khaled Agrebi et au regretté grand acteur Fethi Haddaoui.

Au total, 16 films réalisés entre 2023 et 2025 seront présentés, comprenant 14 fictions et 2 documentaires. Le comité de sélection est composé de Mme Ilhem Abdelkefi, M. Lotfi Ben Khelifa et M. Mohamed El May. « Nous avons reçu une cinquantaine d’œuvres », a déclaré Mme Ons Kammoun. « Le qualificatif « professionnel » a soulevé une problématique, et nous avons dû écarter les films indépendants et les films d’école. Nous n’avons retenu que les courts métrages provenant des boîtes de production ou des producteurs professionnels. »

Quatre prix seront remis : meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure contribution technique et meilleur jeu d’acteur. Le jury des films sera constitué de Asma Drissi, journaliste et critique, Hedi Khelil, critique et universitaire, et Slim Ben Cheikh, universitaire.

Comme « Tunis Tout Court » encourage l’écriture sur le cinéma et sa promotion, une compétition pour les articles critiques aura lieu en parallèle de la compétition des films. Le jury de cette compétition sera composé de Mme Neila Gharbi, critique et journaliste, M. Mohamed Moumen, critique et journaliste, et Mme Hamida El Bour, universitaire. Deux prix seront décernés, pour deux catégories : meilleur article critique de l’année 2023 – 2024, avec déjà 10 textes reçus, et meilleur article critique écrit pendant le festival.

En plus des projections, le festival proposera un programme riche, axé sur l’adaptation et l’écriture critique. Un séminaire intitulé « Aux origines du court métrage tunisien : l’adaptation littéraire comme premier geste » sera animé par M. Mohamed El May, écrivain et chercheur, M. Kamel Wanness, écrivain et universitaire, et M. Ahmed Guesmi, romancier et universitaire. Les intervenants reviendront sur les premiers courts métrages réalisés dans les années 1960-1970, plusieurs d’entre eux ayant été adaptés de nouvelles et récits littéraires tunisiens.

Un atelier d’écriture, intitulé « L’adaptation comme matrice du cinéma tunisien : enjeux pour la critique », sera également proposé. Son objectif est de découvrir de nouveaux talents parmi les chercheurs et les cinéphiles. Les participants auront l’occasion d’échanger avec des réalisateurs et des figures majeures de la critique cinématographique pour bénéficier d’une formation de qualité. Mme Ons Kammoun a notamment souligné « un grand vide dans l’écriture critique », ce qui a des conséquences sur la documentation et la traçabilité des courts métrages.

Les productions écrites lors de plusieurs ateliers de l’Atpcc seront publiées et distribuées lors des Journées cinématographiques de Carthage prévues en décembre 2025. Mme Kammoun a également annoncé deux publications à venir : un livre collectif sur le court métrage tunisien post-2011, comportant des analyses critiques et des enquêtes sur la réception des courts métrages, ainsi qu’un guide répertoriant les courts métrages réalisés depuis 2011.

Ces ouvrages auront pour but de recenser, contextualiser et transmettre des informations sur « des films oubliés et des noms dont il reste peu de traces », tandis qu’il existe une production significative, souvent mal archivée, éparpillée sur divers supports et événements.

Mme Kammoun a également évoqué la situation actuelle de l’Atpcc, qui organise le festival. Après une interruption d’activités de trois ans due à la pandémie de Covid-19, l’association, fondée en 1986 et qui fêtera son quarantième anniversaire l’année prochaine, a marqué sa reprise en 2023.

Le nouveau bureau exécutif, en place depuis 2024, s’est engagé à animer des ateliers hebdomadaires pour élargir son réseau et souhaite également s’ouvrir au cinéma arabe et africain. Les Cahiers de l’Atpcc sont publiés régulièrement, et le siteWeb a été relancé. « Une maison virtuelle », selon Mme Kammoun, puisque l’association n’a pas de local depuis 2015.

Trois jours de projections, de rencontres, de documentation et d’hommages sont donc à prévoir à partir du 3 octobre, à la Maison de la culture Ibn Rachik.

Voici la liste des courts métrages participants :

• « Leni Africo » de Marouene Labib
• « 373, Pasteur Street » de Mohamed Ismail Louati
• « Where is Diana » de Samy Chaffai
• « Makun » de Fares Naanaa
• « Le sentier de Isha » de Selma Hobbi
• « Loading » de Anis Lassoued
• « In Three Layers of Darkness » de Houcem Slouli
• « Aucun Numéro » de Hiba Dhaouadi
• « Kamikaze » de Hassen Marzougui
• « Le chemin de l’oubli » de Ali Marwen Chekki
• « To be » de Ghassen Gacem
• « The Carob Tree » de Imed Methneni
• « Between Two Worlds » de Hedia Ben Aicha
• « Flesh and Blood » de Inès Arsi
• « Le monde est petit » de Bilel Bali
• « Fragments of life » de Anis Ben Dali