Avec Kais Saïed, l’heure de Sarra Zaafrani viendra une nuit et sans qu’elle le sache

Le Président de la République tunisienne a encore changé de Premier Ministre, son 4ème ou 5ème si je compte bien, je ne sais plus en 4 ans. Il l’a fait de sa manière habituelle, en pleine nuit il y a 2 jours quand tout le pays dormait. Habitude courante des autocrates et dictateurs qui ont peur de la colère du peuple. Bref, comme pour les autres il a jeté comme un vulgaire mouchoir en papier le Premier Ministre Kamel Madouri pour le remplacé par une femme, la 2ème à occuper ce poste, Mme Sarra Zaafrani Zenzri déjà dans le gouvernement au poste de l’équipement et de l’Habitat.
Convoquée au palais de Carthage alors qu’il ne fait même pas encore jour, la nouvelle locataire de la Kasba a écouté son ordre de mission de la part du Président, une instruction aussi lunaire que le Président lui-même » Le renforcement de la coordination des travaux gouvernementaux et l’abaissement de tous les obstacles à la réalisation des attentes du peuple tunisien « . Une feuille de route qui ne veut absolument rien dire, qui n’a aucun sens à l’image de l’échec total de ce Président depuis son élection en 2019, dans un pays sous perfusion, au bord de la faillite économique.
Le Président s’est fait élire en 2019 sans aucun programme économique, sans aucun plan de développement, de vision sociétal, à l’exception d’une paranoïa pour des voleurs, des corrompus dans tous le pays. Pendant son premier mandat, la Tunisie n’a vu aucun développement, aucune réformes, aucune modernisation, mais simplement une « chasse à l’homme » nationale où il a mis en prison la totalité de l’opposition, des journalistes, des avocats, des responsables de la société civile, des jeunes sur les réseaux, tout en transformant le système politique à une dictature, une constitution sur mesure pour lui donner les plein pouvoirs, vider ceux de l’Assemblée l’ARP, transformant la justice en bras armé pour museler le pays. L’année dernière il s’est fait réélire, avec 90 % des voix pour seulement 20 % de votants, mais 5 mois après toujours sans vision, sans programme économique, sociétal, industriel.
Cette nomination de Mme Zafrani n’est ni un honneur pour les femmes tunisienne ni une avancée pour le pays, comme ses prédécesseurs, elle sera muselé, cantonné à la Kasba, car toutes les décisions sont prises à Carthage par le Président. Elle ne sera qu’une exécutante, un simple faire valoir, où sous ce régime la proportion des femmes dans la sphère politique a fondu comme neige sous le soleil brulant tunisien. Une honte pour un pays qui depuis Habib Bourguiba, sous Ben Ali et Béji Caid Essebsi a fait émerger de grandes femmes politiques et économiques. Symbole de cela la « Pasionaria tunisienne » Abir Moussi croupie en prison pour des raisons fabriquées par la justice aussi farfelues que les explications présidentielles.
Le Président Kaïes Saïed, ne sait pas où il va, ne sait pas ce qu’il fait, et pour maintenir son pouvoir agite la technique des dictateurs ; les complots ambiants, les opposants, la corruption. Tel un dictateur il s’est isolé dans son palais, a isolé son pays de la communauté internationale, des instances internationales (UE, FMI, ONU, OCDE, Banque Mondiale, Union Africaine, …) et a mis une chape de son délire sur un peuple, un pays devenu une prison à ciel ouvert où seul le bricolage industriel à l’image de la Transtut, Tunisair, SONEDE… sont des mirages qui enchainent le peuple dans la pauvreté, le dénuement, et le délire parano d’un chef d’Etat froid, rigide et sous qualifié.
Combien de temps ce beau pays du jasmin va tenir dans ce climat incendiaire, de méfiance, de sousmission, de procés fabriqués comme celui » du complot contre la sureté de l’Etat » ouvert il y a quelques semaines avec des accusations aussi vide et farfelues que les mots qui circule à Carthage.
L’évènement du 25 juillet un mouvement légitime du peuple est devenu une orchestration mensongère de l’Etat pour museler le peu de démocratie restant de la Révolution de 2011 volée par les islamiques.
Le Président est seul responsable de la situation, où il a utilisé la soumission et le manque d’intérêt du peuple pour établir une dictature. Kaïes Saïed est dans son monde à lui, déconnecté de la réalité du peuple tunisien, de la réalité du monde. Mais les tunisiens sont aussi responsables, s’enfermant eux même dans la médiocrité, de leurs choix et actes politiques avec des partis qui n’offrent aucune alternative crédible pour les enjeux nationaux et internationaux. Le vide des idées, des projets est le panache des dictateurs, c’est exactement cela qu’un certain inconnu venu de nulle part en 2019 a rempli, un certain Kaïes Saïed.
Le Président pourra changer de Premier Ministre tous les mois si il veut cela ne changera rien de l’effondrement de cette belle nation qu’était la Tunisie.
Ironie cette semaine est sorti en France un film tunisien « Aïcha », un chef d’oeuvre puissant sur la liberté dans une Tunisie en proie à la corruption. Une brillante performance de l’image du pays, de la société, ses oppositions, rural, villes, puissants, pauvres, autorité, soumissions, corruption et justice. Ces images que seul un esprit maléfique façonnent pour mieux régner. La Tunisie de Kaïes Saïed en pleine nuit, la fabrique de complot et l’instauration de machinations pour tenir le pouvoir encore 4 ans. et plus après.
En ce qui concerne Mme Zafrani, son heure viendra aussi une nuit sans qu’elle le sache.
Alain Polomack