Tunisie

À Dream City : « Métissage » et mémoire coloniale en débat

Un débat sur la race, le statut et la nationalité dans l’empire colonial italien a eu lieu le 11 octobre à la Bibliothèque Diocésaine dans le cadre du programme de Dream City 2025. Le festival Dream City 2025 se déroule à Tunis du 3 au 19 octobre et comprend des ateliers et des conférences sur la mémoire, les migrations et le « métissage ».

Le 11 octobre, dans le cadre du programme Dream City 2025, un débat a eu lieu à la Bibliothèque Diocésaine sur les thèmes de la race, du statut et de la nationalité dans l’empire colonial italien. La recherche ERC « Redmix » vise à cartographier les histoires et les archives des communautés d’ascendance mixte dans la région de la Mer Rouge, entre le XIXe et le XXIe siècle.

À Tunis, durant le festival Dream City 2025, plusieurs rencontres et ateliers portant sur la mémoire, les migrations et le « métissage » ont été organisés. La conférence « Race, statut, métissage et nationalité dans l’empire colonial italien » a été animée par l’historienne Valentina Fusari et le chercheur Adnen El Ghali. L’entrée était gratuite, sous réserve de places disponibles.

Cet événement s’inscrit dans une série d’activités planifiées entre le 10 et le 17 octobre, également en lien avec le projet de recherche européen « Redmix », centré sur l’histoire des personnes d’ascendance mixte dans la région de la Mer Rouge.

D’après le programme officiel de Dream City, le calendrier des « Talks » a annoncé la discussion entre Fusari et El Ghali à la Bibliothèque Diocésaine le 11 octobre, précédée par une intervention de l’auteur et metteur en scène Ahmed El Attar à la Caserne El Attarine, et suivie le 16 octobre par le talk « Vivre en diaspora. L’identité à l’épreuve du temps et de l’espace » avec la chercheuse Sara Zanotta et Adnen El Ghali, également à la Bibliothèque Diocésaine. Le festival, organisé par L’Art Rue, se tient à Tunis du 3 au 19 octobre.

Les activités du projet « Redmix » à Tunis incluent également, au cours de cette même période, des ateliers et des conférences sur la mémoire, les archives et la reconstruction historique de la période coloniale. Parmi les dates importantes, le 16 octobre « Vivre en diaspora », et le 17 octobre une rencontre avec le Professeur Alfonso Campisi de l’université de La Manouba et Adnen El Ghali sur la présence sicilienne à Tunis entre le XIXe et le XXe siècle. Ces initiatives, documentées sur Zenodo, intègrent des approches interdisciplinaires alliant histoire sociale, anthropologie visuelle et pratiques archivistiques.

« Redmix, Unpacking Mixedness for an Inclusive History of the Red Sea (1800s–2000s) » est un projet soutenu par le Conseil européen de la recherche (ERC) avec une Consolidator Grant, dirigé par l’Université de Turin. Il a pour but de reconstituer, selon une approche comparative, l’histoire des communautés d’ascendance mixte dans la région de la Mer Rouge, en développant une archive numérique et en combinant des sources orales et archivistiques dispersées en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.

Le projet emprunte une démarche de « microhistoire globale », connecte les études africaines, moyen-orientales ainsi que les études critiques sur le métissage (Critical Mixed Race Studies), et met en avant la perspective « par le bas » des personnes directement concernées.

La fiche Cordis précise que la période de référence s’étend du XIXe et XXe siècle jusqu’au début des années 2000, avec la création d’une archive numérique sur la « mixedness » et un programme intensif de dissémination scientifique. Le lancement officiel a été marqué par un événement de lancement à Turin au printemps, avec des conférences et des sessions thématiques dédiées à l’histoire sociale de la Mer Rouge.

La dimension méditerranéenne est au cœur des préoccupations : la Mer Rouge représente un carrefour entre l’Afrique, le Moyen-Orient, la Méditerranée et l’océan Indien. Les initiatives à Tunis, inscrites dans un festival qui fait interagir arts, recherche et public dans des lieux historiques, renforcent le lien entre la capitale tunisienne et les recherches historiographiques sur la colonialité, les diasporas et les identités plurielles.

L’implantation à la Bibliothèque Diocésaine, une institution culturelle de la Médina engagée dans des activités de dialogue et de diffusion, rehausse la valeur civique des rencontres.

Le cycle de rendez-vous de Dream City propose à Tunis une réflexion actualisée sur des thématiques sensibles pour la région méditerranéenne, de la mémoire coloniale aux identités diasporiques. L’ancrage dans le projet européen Redmix, qui développe des outils numériques et des réseaux de recherche sur la « mixedness » dans la Mer Rouge, confère au programme une base scientifique et internationale solide.

Pour le public et les universités tunisiennes, cela représente une occasion de dialogue avec des études et des archives en cours de construction, ayant des retombées potentielles sur la didactique, la diffusion et la coopération académique transméditerranéenne.