26es Journées théâtrales de Carthage : Clôture d’éditions audacieuses et créatives
La 26e édition du festival s’est clôturée hier, après avoir débuté le 22 novembre, avec une cérémonie présentée au Théâtre de l’Opéra de la Cité de la culture Chedly-Klibi, retransmise en direct sur la chaîne nationale. Le jury international a décerné le Tanit d’or à «Les fugueuses» de Wafa Taboubi, tandis que la meilleure interprétation féminine a été attribuée à Lobna Noomane pour la même pièce.

Après une semaine riche en représentations, ayant animé les théâtres de Tunis tout en attirant un large public à travers ses différentes sections, entre compétition officielle, Théâtre du monde, spectacles arabes et africains, productions tunisiennes et Théâtre de la liberté, l’événement a pris fin hier, après avoir débuté le 22 novembre.
La Presse —La cérémonie de clôture s’est tenue au Théâtre de l’Opéra de la Cité de la culture Chedly-Klibi et a été retransmise en direct sur la chaîne nationale. L’hymne national a retenti avant la performance de Chawki Khouja et Oumaima Manai, intitulée «Al masrah» (Le théâtre), qui a ouvert la cérémonie présentée par le couple El Wathek Bellah Chakir et Samia Hammi. En danse, Oumaima et en mots, Chawki ont rendu hommage à l’art noble et profondément humain qu’est le théâtre.
Une vidéo récapitulative a ensuite été projetée, mettant en lumière les moments forts de cette 26e édition, incluant spectacles, rencontres, vie de rue et animations musicales.
Mohamed Mounir Argui, directeur des JTC, a été invité sur scène et a réaffirmé l’objectif permanent du festival : créer de la joie, rassembler et promouvoir la création théâtrale. Il a noté que la clôture coïncidait avec la Journée mondiale de solidarité avec le peuple palestinien, rappelant l’engagement inébranlable de la Tunisie envers cette cause.
Argui a également remercié les partenaires, les artistes, les équipes techniques ainsi que le public, fidèle chaque année, avant d’annoncer qu’il passait le relais au prochain comité.
Hommages et distinctions
La soirée a ensuite honoré des figures majeures du théâtre tunisien.
Mohamed Massoud Idriss, universitaire et ancien directeur de l’Institut supérieur d’art dramatique, a été célébré pour son parcours exceptionnel et ses travaux de référence sur le théâtre tunisien.
Abdelhamid Ben Ghayass, figure incontournable de la scène et de l’écran, a reçu son prix après avoir interprété un extrait de «Wannes Lekloub» (1991) de Mohamed Driss. Il a salué le grand artiste Mohamed Driss et a exprimé ses pensées à ceux impliqués dans ce projet, notamment à la grande comédienne Zahaira Ben Ammar. Acteur polyvalent, Ben Ghayass a marqué le théâtre, la télévision et le cinéma depuis les années 1970.
Leïla Toubel, figure emblématique du théâtre, a présenté un extrait de son monodrame «Solwen», remerciant le public et le festival.
Aziza Boulabiaar, icône vivante du théâtre municipal, a offert une interprétation émouvante d’un extrait d’Aziza Othmana.
Une performance de ventriloquie de Mohamed Lakhouas et sa marionnette Jamil «Laâroussa» a ensuite apporté une touche humoristique applaudie par le public.
Théâtre de la liberté : un programme unique
L’un des moments forts de la soirée a été la remise des prix du Théâtre de la liberté, un programme initié en 2017 et mené en collaboration avec la Direction générale des prisons et de la rééducation. Ce projet permet aux détenus et aux jeunes des centres de rééducation de présenter leurs créations scéniques, favorisant l’expression artistique, la confiance et la réinsertion.
Cette année, 16 œuvres ont concouru. Les prix, annoncés par Kaïs Manai avec un jury composé de Najoua Miled, Lotfi Turki, Mohamed Ali Trabelsi et Fathi Mahdaoui, ont été décernés :
– Centres de rééducation :
.Grand Prix : Centre de rééducation des mineurs délinquants d’El Mourouj — «Une vie sans addiction», mise en scène par Khaled Al-Amdouni et Seifeddine Oueslati.
.Deuxième Prix : Centre de rééducation des mineurs délinquants de Souk Jedid — «Awlèd ‘Arouch», mis en scène par Mahmoud El-Ghabi.
.Troisième Prix : Centre de rééducation des mineurs délinquants de Sidi Al-Hani — «Séance secrète», mis en scène par Kholoud Al-Mathnani.
– Clubs des institutions pénitentiaires :
.Grand Prix : Prison civile de Borj Erroumi – «Sadd Aakel», mise en scène par l’unité des détenus.
.Deuxième prix : Prison pour femmes de Manouba – «Al hawia» (Le conteneur), mise en scène de Rebab El Bouzeidi.
.Troisième prix : Prison civile d’Ennadhour – «Moula El Bache», mise en scène de Hamza Essennani.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a, pour sa part, attribué le Prix Najiba Hamrouni pour la liberté d’expression aux spectacles tunisiens hors compétition et a récompensé la pièce «Znous» de Salah Hamouda, avec une mention spéciale pour «Métamorphose» de Kaïs Boulaâres.
Une autre performance a été présentée par le duo Chawki Khouja et Oumaima, intitulée «Al moumathal» (le comédien).
«Qui suis-je… Creuse, cherche-moi partout. Peut-être dans l’échec, dans l’impuissance… peut-être dans l’amour, oui, dans l’amour…», a lancé Chawki Khouja avec ferveur, avant d’être rejoint par Samia Hammi, dont la voix délicate et éclatante a enveloppé la scène d’une douce émotion.
Palmarès de la compétition officielle
Le jury international, présidé par Lassaad Ben Abdallah et comprenant Saade Aldaass (Koweït), Malek Laakoun (Algérie), Abdon Fortunée (Congo), Thameur Arbid (Syrie) et Imed El May (Tunisie), a révélé le palmarès après avoir examiné 12 spectacles venus de 11 pays :
– Meilleure interprétation féminine : Lobna Noomane pour «Les fugueuses» (Tunisie)
– Meilleure interprétation masculine : Ahmed Abou Zid pour «Chute libre» (Égypte)
– Meilleur texte : Wafa Taboubi pour «Les fugueuses» (Tunisie)
– Meilleure scénographie : «Le Mur» de Sinan Mohsen Al-Azzawi (Irak)
– Le Tanit d’or a été attribué à «Les fugueuses» de Wafa Taboubi, remis par Zahira Ben Ammar ;
Le Tanit d’argent à «Le Mur» (Irak) ;
Le Tanit de bronze à «Jacaranda» de Nizar Saïdi (Tunisie).

