Réserver un restaurant et ne pas y aller, la tendance qui énerve
Réserver une table au restaurant et ne pas y aller est une pratique de plus en plus courante en Suisse. Face à ce constat, les restaurants prennent des mesures, par exemple en prenant le numéro de carte de crédit dès la réservation et en la débitant le cas échéant. Mais est-ce légal? Réponse avec Gilles Meystre, président de GastroVaud et vice-président de GastroSuisse.
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Le ‘no show’ est une pratique consistant à réserver une table dans un restaurant, mais ne pas s’y présenter le moment venu, sans prévenir l’établissement. Gilles Meystre est président de GastroVaud et vice-président de GastroSuisse. Dans les cafés et restaurants qu’il représente, le ‘no show’ est un phénomène récurrent. « Il se produit surtout le week-end, dans les villes et auprès des jeunes, qui ont tendance à réserver dans plusieurs bistrots à la fois », précise-t-il dans l’émission On en parle du 3 mars 2025.
Une pratique en augmentation
« C’est une pratique qui va croissant. Une personne qui ne se présente pas est synonyme de perte de chiffre d’affaires pour le restaurateur », explique Gilles Meystre.
Selon le quotidien 24 Heures et la plateforme de réservation The Fork, le ‘no show’ se produit dans 1,9 % des cas en Suisse. Autrement dit, les clients ne se présentent pas lors d’une réservation sur 50. Des chiffres que Gilles Meystre complète. « En 2021, un sondage démontrait que 86% des réservations des établissements recevaient des annulations de dernière minute. Et 60 % des établissements voyaient une croissance du ‘no show’. »
Les restaurants prennent des précautions
Face à ce constat, des établissements demandent un numéro de carte de crédit au moment de la réservation. Cela est justifiable selon Gilles Meystre, mais d’autres solutions sont possibles. « Quand vous allez chez le médecin et que vous ne pouvez pas y aller, on vous facture votre visite qui n’a pas eu lieu. Quand vous allez à l’hôtel, on vous demande un numéro de carte de crédit. Mais avant d’y arriver, il y a des solutions, comme les plateformes en ligne. »
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Est-ce légal d’encaisser une pénalité à l’avance? « Oui. Le simple fait de téléphoner et de réserver une table est déjà un contrat ». Mais dans la pratique, cela s’avère plus compliqué: « Si vous n’honorez pas votre contrat, donc si vous ne vous présentez pas dans le restaurant, il appartient au restaurateur de démontrer qu’il a subi un préjudice. S’il s’agit de deux pizzas, le restaurateur va probablement y renoncer. Par contre, si vous utilisez une plateforme de réservation, il y a des conditions générales qui doivent être lues et validées par les deux parties. »
Des plateformes plus ou moins intrusives
Les plateformes de réservation demandent souvent de nombreuses données aux clientes et clients comme le nom, prénom, numéro de téléphone et le numéro de carte de crédit. « Pour moi, cela n’est pas intrusif si cela est clairement signalé », répond Gilles Meystre. « Cependant, pour certaines plateformes, il y a une dimension commerciale à travers la transmission de ces données. Par exemple, des notifications régulières par email ou SMS, le tracement de vos consommations et de votre localisation. Il appartient aux clients et clientes de décider. Du côté des restaurateurs, ces derniers doivent payer les remises que les plateformes offrent aux utilisatrices et utilisateurs. »
En France et en Espagne, des tribunaux sont intervenus à la demande de restaurateurs et ont fixé des amendes, parfois de plusieurs centaines d’euros, à des clients qui avaient réservé et qui n’étaient pas venus. Ce cas serait-il possible en Suisse ? « Je présume que ce serait possible, mais c’est absolument ce qu’il faut éviter. Un bon accord vaut toujours mieux qu’un mauvais procès. J’encourage les restaurateurs à trouver d’autres solutions », lance Gilles Meystre.
La pandémie de Covid, le point de bascule
Selon Gilles Meystre, le point de bascule a été l’année 2020 avec le début du Covid et le renforcement de la numérisation. « Pendant le Covid, l’hypothèse était que les gens annulaient ou ne se présentaient pas pour cause de maladie. La deuxième hypothèse, puisque ces chiffres vont toujours croissant, c’est que la numérisation ait entraîné une forme de déshumanisation, une distance entre le restaurateur et le client qui fait qu’on a un peu moins de scrupule à annuler à la dernière minute ou à ne pas se présenter sans prévenir. »