Quand l’héritage arrive trop tard pour acquérir un logement
Sans héritage, il n’est plus guère possible pour une partie importante de la population suisse de réaliser son rêve de devenir propriétaire de son logement.
Keystone, Michael Buholzer
Pour s’offrir un logement en propriété, il faut souvent compter sur un héritage. Mais celui-ci arrive parfois trop tard. Avec la hausse constante des prix de l’immobilier, le financement de son propre logement devient de plus en plus difficile.
L’année dernière, plus de 90 milliards de francs ont été hérités en Suisse. Un franc de patrimoine sur deux en Suisse provient d’un héritage. Les héritages ont ainsi plus que doublé au cours des 20 dernières années. La raison: après la guerre, l’économie suisse a connu une croissance qui a entraîné une augmentation rapide de la fortune des baby-boomers. Le groupe des personnes de plus de 80 ans constitue la tranche d’âge la plus aisée en Suisse.
Les héritages jouent un rôle décisif dans le financement d’un logement en propriété. Sans héritage, il est devenu presque impossible pour une part importante de la population suisse d’acquérir son propre logement. En effet, les prix de l’immobilier ont littéralement explosé ces dernières années. Depuis l’an 2000, les prix ne cessent d’augmenter presque sans interruption.
L’héritage pour financer un bien immobilier
Le baromètre actuel des générations montre à quel point un héritage est important pour le financement d’un logement en propriété. Plus des deux tiers des personnes interrogées constatent que sans un héritage important, il n’est plus possible d’acquérir un logement en Suisse. Cette enquête représentative a été réalisée par l’institut Sotomo pour le compte de la Maison des générations de Berne.
Au total, 58% des personnes interrogées considèrent cette dépendance comme un problème. Mais ce qui est décisif, ce n’est pas seulement combien et si l’on hérite, mais aussi le moment où l’on hérite. La manne financière serait la plus utile dans la phase de la vie où l’on fonde une famille et où l’on souhaite en même temps acquérir un logement. C’est à cette période que les finances sont souvent particulièrement serrées.
Le besoin de patrimoine et sa disponibilité sont en décalage
Cependant, la majorité de la population suisse n’hérite qu’à l’âge de la retraite. En d’autres termes: trop tard pour financer un logement en propriété. «Ainsi, le besoin de patrimoine et sa disponibilité réelle sont en décalage», concluent les auteurs de l’étude. Cela réduit considérablement l’utilité des héritages.
Les chiffres de l’étude montrent que la plupart des Suisses ne profitent des héritages que plus tard dans leur vie. Ainsi, les plus de 65 ans ont déjà hérité en moyenne 205’000 francs et s’attendent à recevoir presque autant (189’000 francs). En comparaison, les 18-35 ans n’ont hérité jusqu’à présent que de 48’000 francs, mais s’attendent à recevoir encore 412’000 francs.
Malgré l’importance capitale de l’héritage, on constate que de nombreux Suisses évitent le sujet. Près des deux tiers n’ont pas de testament ou de contrat successoral. Il est également révélateur qu’une majorité des personnes interrogées se montrent sceptiques à l’idée de céder une partie de leur patrimoine à la jeune génération de manière anticipée. Seuls 17% ont des projets concrets, tandis qu’un tiers des personnes interrogées se montrent incertaines.
Très controversé, l’impôt sur les successions est politiquement explosif. Un coup d’œil sur le baromètre des générations montre qu’une redistribution de la fortune par un impôt national sur les successions ne trouve toujours pas de majorité. Selon le baromètre des générations, 57% de la population s’y oppose.
Un impôt sur les successions assorti d’une franchise destinée à protéger les petites fortunes est plus largement accepté. Alors que les hommes sont plus souvent opposés à une taxe (63%), les femmes sont aussi réticentes, mais 49% sont favorables à un impôt sur les successions. La position de la jeune génération est particulièrement nette: 61% des 18-35 ans sont favorables à une taxe.
Contenu externe
Sven Zaugg (SRF) / traduction de l’allemand par RTS