Les Suisses ont dit non à l’élargissement des tronçons autoroutiers
Le non aux élargissements autoroutiers l’a emporté à 52,7% dimanche en votations fédérales. Bien que les sondages prédisaient un résultat serré, cette issue surprend dans les deux camps.
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24 novembre 2024 – 18:08
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Les milieux économiques, les organisations représentant les intérêts automobiles et les partis de droite – UDC et PLR – ont mené la campagne en faveur du projet, faisant valoir la nécessité de réduire les goulets d’étranglement et l’importance stratégique pour la Suisse de disposer d’infrastructures routières fonctionnelles et fiables, afin de répondre aux besoins croissants de mobilité.
Selon les sondages menés par l’institut gfs.bern avant le vote, ces arguments trouvaient l’écho le plus marqué auprès de la population masculine, sympathisante de droite, résidant en petites agglomérations et disposant de revenus élevés.
Une surprise pour les deux camps
Dimanche après-midi, le sénateur tessinois du Centre Fabio Regazzi, co-président du comité en faveur de l’extension des autoroutes, s’est dit surpris par la tournure du vote. Les embouteillages sont un problème pour l’économie, a-t-il déclaré à la radio alémanique SRF, «j’ai du mal à comprendre pourquoi cela n’a pas été compris.»
Estimant qu’une telle votation aurait été facilement gagnée il y a quelques années, il a évoqué un «changement» dans la société et un problème de mobilisation: «Nous avons eu du mal, a-t-il dit à SRF. Seuls quelques cantons étaient concernés. Dans les autres cantons, il n’a pas été aussi facile de convaincre les gens.»
Dans un communiqué, le comité du oui a estimé que le rejet «n’apporte rien», car les opposants n’ont pas démontré comment réduire les embouteillages en hausse.
Le référendum d’opposition aux projets d’élargissement, intitulé «Stop à la folie autoroutière», était quant à lui porté par une large alliance menée par l’Association transports et environnement (ATE) et l’organisation écologiste actif-trafiC, au nom de la protection de l’environnement. Les adversaires de l’élargissement ont aussi insisté sur le coût «exorbitant» du chantier, devisé à quelque 5 milliards de francs, et le risque qu’une capacité autoroutière accrue ait un effet contre-productif à terme, en contribuant à augmenter encore le trafic.
Des arguments auxquels ont été plus sensibles les femmes, les plus jeunes, les personnes affiliées aux partis de gauche et écologistes, ainsi que celles bénéficiant de niveaux de formation supérieurs, selon les sondages avant le vote.
À l’issue du scrutin dimanche, le député Vert vaudois David Raedler, représentant du comité référendaire, s’est dit «positivement surpris», précisant voir dans ce non un «choix mature» de la population, à laquelle «on ne peut pas promettre n’importe quoi».
L’association actif-trafiC a applaudi une «décision historique», car pour la première fois, la population a refusé l’élargissement de l’autoroute. L’association demande un moratoire immédiat sur la construction de routes nationales. Le camp rose-vert a évoqué quant à lui un tournant dans la politique des transports.
Forte polarisation
Le soutien à l’élargissement des autoroutes s’était érodé au fil de la campagne. Lors du premier sondage réalisé par gfs.bern pour la SSR mi-octobre, une faible majorité comptait voter oui au projet, mais la situation s’était inversée dans les semaines suivantes. Le deuxième sondage, publié le 13 novembre, donnait une courte avance au non (51%). Deux pourcents des personnes interrogées se disaient indécises, de sortes que tous les pronostics étaient plausibles.
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Les intentions de vote favorables avaient particulièrement perdu du terrain au sein de la diaspora helvétique au fur et à mesure de la campagne. Favorable à 60% au projet lors de la première enquête d’opinion de la SSR, elle ne l’approuvait plus qu’à 50% dans la deuxième.
Fait notable, l’opposition avait gagné du terrain dans quasiment toutes les catégories de l’électorat, y compris au sein des partis bourgeois. Cette évolution négative est exceptionnelle pour un projet issu des autorités, a souligné gfs.bern, y voyant l’illustration d’une perte de confiance dans le gouvernement et le Parlement.
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