Suisse

Le peuple suisse balaie l’initiative écologiste sur les limites planétaires

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Une affiche en faveur de l’initiative sur la responsabilité environnementale sur une route de Sempach, dans le canton de Lucerne.


Keystone / Urs Flueeler

L’initiative sur la responsabilité environnementale est refusée par 70% de l’électorat, selon une deuxième projection du résultat de ce dimanche de votation. Le texte des Jeunes Vert-e-s n’était guère soutenu au-delà de la gauche et des milieux écologistes.

Elle n’énonçait pas de mesures concrètes pour y parvenir mais ses adversaires (au rang desquels le gouvernement, le Parlement, les partis de droite et les milieux économiques) ont fait valoir pendant la campagne qu’elle passerait nécessairement par des ajustements drastiques et menacerait la prospérité du pays.

L’empreinte carbone individuelle devrait ainsi être réduite de plus de 90% pour respecter les limites planétaires, d’après une étude de Greenpeace Suisse.

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Un revers pour les écologistes

L’argumentaire de l’opposition l’a emporté. Pendant la campagne déjà, le projet a peiné à trouver de l’écho au-delà des rangs de la gauche et des organisations écologistes, et les intentions de vote n’ont cessé de fondre. Lors du dernier sondage SSR, moins de 40% de l’électorat envisageait encore de glisser un oui dans l’urne.

Dans un communiqué diffusé dimanche, le comité défendant le non a salué le rejet d’un texte qualifié d’«extrême». C’est «un nouveau revers pour les Verts, leurs politiques d’interdictions et leur volonté d’imposer la décroissance», ont-ils réagi.

De leur côté, les Jeunes Vert-e-s ont dit regretter ce résultat, estimant que la Suisse rate sa chance de lutter contre les crises environnementales.

Le non du peuple est une victoire pour les «défenseurs du statu quo», qui ignorent les avertissements des scientifiques, a réagi le parti dans un communiqué, dénonçant les «discours alarmistes» des partis bourgeois et des milieux économiques.

L’électorat lassé de voter sur l’écologie?

Dans un article publié à moins de deux semaines du scrutin, le TempsLien externe a cherché à comprendre pourquoi le texte semble n’avoir jamais eu la moindre chance, alors même que le changement climatique est une préoccupation importante de la population en Suisse.

Le journal romand pointe notamment les budgets globaux modestes investis dans cette campagne, deux fois moindres du côté des partisans du texte que de ses adversaires (respectivement 230’000 et 450’000 francs). Bien loin des sommes dépensées pour la votation de novembre sur les projets autoroutiers: 4,1 millions par le camp du oui et 2,7 millions par celui du non.

Certaines analyses évoquent aussi la rupture avec le monde agricole, la difficulté pour certaines franges de la gauche de défendre un projet menaçant le pouvoir d’achat, ou encore le niveau d’abstraction de l’initiative.

Mais une autre piste d’explication pourrait résider dans une forme de lassitude, voire de rejet, après plusieurs votations liées à l’environnement, écrit le Temps. «Le débat sur ces questions environnementales reste souvent le même», analyse l’écologiste David Raedler dans le quotidien. Après plusieurs campagnes sur des thématiques écologistes, certaines personnes peuvent avoir l’impression d’avoir «déjà mené ces discussions en faveur du climat et de la biodiversité».

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg