Le nom des restaurants à l’hygiène douteuse devrait-il être rendu public?
Un inspecteur alimentaire contrôle l’hygiène dans le frigo d’un établissement public.
Keystone / Gaetan Bally
Un rapport révèle des conditions d’hygiène alarmantes dans un magasin asiatique en Argovie, relançant le débat sur la transparence des contrôles alimentaires. Malgré des sanctions, l’identité du magasin reste secrète. La conseillère nationale PS Gabriela Suter milite pour une réforme de la loi.
Du poisson décongelé qui baigne dans son propre jus dans un bac, un réfrigérateur sale et collant, un congélateur réglé six degrés trop chaud, aucun distributeur de savon pour les employés: en Argovie, un récent rapport du service de contrôle sanitaire révèle des conditions d’hygiène répugnantes dans un magasin d’alimentation asiatique.
Le propriétaire du magasin d’alimentation concerné a récemment été condamné par ordonnance pénale pour infraction à la loi sur les denrées alimentaires. L’année dernière, pas moins de trois contrôles menés sur place par l’Office cantonal de la protection des consommateurs se sont révélés insatisfaisants. Une dénonciation avait été déposée par les autorités.
Le magasin ne disposait d’aucun concept d’autocontrôle, ont noté les inspecteurs lors du premier contrôle. Les aliments étaient mal stockés et la salle de production était très sale. Les légumes étaient enveloppés dans du papier journal et conservés ainsi dans le réfrigérateur. L’accès aux toilettes était encombré. La planche à découper était dans un tel état qu’il n’était plus possible de la nettoyer tout en garantissant l’hygiène, ont constaté les services cantonaux.
Cela représente-t-il un danger pour la population? Pas nécessairement, répond Thomas Stadelmann, le chef du service argovien de protection des consommateurs: «Seul un contrôle visuel est effectué sur place. Nous ne disposons pas de résultats de tests concernant les risques pour la santé.»
2500 francs d’amende après le troisième contrôle
Un cas tel que celui du magasin asiatique n’est pas fréquent, précise Thomas Stadelmann à SRF. Le Canton d’Argovie effectue chaque année 3000 contrôles et prononce entre 15 et 20 dénonciations pénales. Selon le service de la consommation, une décision de fermeture d’un établissement est très rare. Cela se présente environ cinq fois par an.
En ce qui concerne le magasin asiatique, la situation ne s’est pas améliorée après la première inspection. Lors du deuxième contrôle, le poisson décongelé baignait à nouveau dans son jus, des fruits de mer sans protection gisaient dans le congélateur et les plans de travail étaient sales.
À la troisième inspection, des progrès ont été constatés, mais le nettoyage restait insuffisant. Une fermeture du magasin n’a toutefois pas été jugée appropriée. À la suite d’une dénonciation pénale, le propriétaire s’est vu infliger une amende de 2500 francs, assortie de frais de procédure à hauteur de 700 francs.
Un secret qui alimente le soupçon généralisé
En matière d’hygiène, les consommateurs ne savent pas quels magasins et restaurants sont sanctionnés par les autorités. Les données et les noms des établissements sont gardés secrets. Cette pratique n’est pas satisfaisante, estime la conseillère nationale argovienne Gabriela Suter. «Dans ce cas particulier, tous les magasins asiatiques en Argovie sont maintenant soupçonnés. C’est préjudiciable pour tous ceux qui se comportent de manière exemplaire», relève-t-elle dans un post Instagram.
Gabriela Suter demande que la loi sur les denrées alimentaires soit adaptée de manière que les résultats des inspections soient rendus publics. Elle envisage une solution similaire à celle de la Grande-Bretagne. Des panneaux à l’entrée des établissements y renseignent la clientèle sur les résultats du dernier contrôle. La socialiste est en train de préparer une proposition en ce sens, précise-t-elle, confirmant une information de l’Aargauer Zeitung.
Le Conseil fédéral a jusqu’à présent rejeté de telles règles et propose que les restaurants et les magasins d’alimentation déclarent le résultat des contrôles d’hygiène de manière volontaire. Il faudra encore attendre un certain temps avant que l’intervention de Gabriela Suter soit déposée et discutée au Parlement fédéral. En attendant, le magasin asiatique argovien concerné continuera à être contrôlé régulièrement, affirme le Canton.
Adaptation en français: Didier Kottelat (RTS)