Suisse

La première femme élue au gouvernement suisse Elisabeth Kopp est décédée

L’ancienne ministre radicale Elisabeth Kopp à l’occasion de la rencontre annuelle des anciens conseillers fédéraux pendant le Lucerne Festival, en 2018. © Keystone / Urs Flueeler

L’ancienne conseillère fédérale Elisabeth Kopp s’est éteinte à l’âge de 86 ans. L’histoire s’en souviendra comme de la première femme élue au gouvernement suisse, mais aussi pour «l’affaire Kopp» qui l’a contrainte à la démission.

Ce contenu a été publié le 14 avril 2023


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La radicale zurichoise avait été la première femme élue au Conseil fédéral, le 2 octobre 1984, soit 13 ans après l’introduction du suffrage féminin dans le pays. À la tête du Département fédéral de justice et police, elle s’était engagée pour un traitement plus rapide des demandes d’asile et avait créé un poste de délégué aux réfugiés.

Elisabeth Kopp avait également œuvré à l’amélioration de la condition féminine en s’engageant avec succès pour un droit matrimonial plus égalitaire et en présentant au Parlement un rapport visant à une égalité des droits entre hommes et femmes.

>> L’ascension et la chute d’Elisabeth Kopp en quelques dates-clés:

Le coup de fil fatal

La ministre radicale était aussi à l’origine de l’un des plus gros scandales politiques de l’histoire politique helvétique. À l’automne 1988, elle avait téléphoné depuis son bureau à son mari, afin de lui demander de quitter le conseil d’administration d’une entreprise soupçonnée de blanchiment d’argent.

Révélé par la presse, le comportement de la conseillère fédérale avait déclenché une levée de boucliers. On lui reprochait de ne pas reconnaître avoir commis une erreur. Elle s’était finalement résolue à présenter ses excuses, avant de démissionner, le 12 janvier 1989.

En novembre de la même année, une commission d’enquête parlementaire avait reproché à Elisabeth Kopp d’avoir enfreint le secret de haute fonction, considérant que cette démission était inévitable. Une accusation dont elle avait finalement été libérée un an plus tard par le Tribunal fédéral.

Par la suite, Elisabeth Kopp avait fait des retours ponctuels dans la vie publique, en donnant des conférences et en s’engageant en faveur de l’entrée de la Suisse à l’ONU (2002), de l’assurance-maternité (2004) ou plus récemment contre l’initiative de l’UDC sur la mise en œuvre du renvoi des étrangers criminels.

Majorité féminine éphémère

Après sa démission, il faudra attendre 1993 et l’élection de la socialiste Ruth Dreifuss pour voir une autre femme accéder au Conseil fédéral. Ruth Metzler (1999), Micheline Calmy-Rey (2002), Doris Leuthard (2006) et Eveline Widmer-Schlumpf (2007) feront tour à tour leur entrée au sein du collège gouvernemental.

Le 22 septembre 2010, avec l’élection de Simonetta Sommaruga, la Suisse avait été dirigée pour la première fois par un gouvernement à majorité féminine, rejoignant ainsi le cercle très fermé des pays (Finlande, Norvège, Espagne et Cap Vert) qui avaient déjà franchi le pas auparavant. Une majorité qui s’est avéré très éphémère, puisque le départ de Micheline Calmy-Rey en 2011, au profit de son camarade de parti Alain Berset, avait signé la fin de cette exception féminine.

Une seule fois dans l’histoire du pays, deux femmes ont été élues simultanément au gouvernement: c’était en 2018, avec l’élection de Karin Keller-Sutter et Viola Amherd. Avec l’élection d’Elisabeth Baume-Schneider au gouvernement suisse le 7 décembre 2022, le nombre de femmes ayant occupé un siège au sein du gouvernement suisse est passé à dix.

>> Les dix femmes qui ont gouverné la Suisse en images:

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