Suisse

La participation électorale de la Cinquième Suisse devient un projet

Réunion du Conseil des Suisses de l’étranger, en mars 2023 à Berne. / Alexandra Jaeggi
Série Élections fédérales 2023, Épisode 12:

Réuni à Berne jeudi et vendredi, le Conseil des Suisses de l’étranger – le parlement de la Cinquième Suisse – a adopté son manifeste électoral. Alors que le maintien de la libre circulation des personnes reste un thème central, le sujet de la participation de la diaspora aux élections s’invite désormais à la table des discussions.

Ce contenu a été publié le 17 mars 2023


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Les Suisses de l’étranger ont-ils assez de pouvoir?

Mais un problème subsiste. La participation aux élections est généralement faible. 800’000 Suisses vivent à l’étranger et seulement un quart de ces citoyennes et citoyens sont inscrits sur les registres électoraux de leur canton d’origine. Sur ces 200’000 personnes, seuls 25% font effectivement usage de leur droit de vote.

Pourquoi les Suisses de l’étranger ne sont-ils pas plus nombreuses et nombreux à vouloir voter? Pourquoi le taux de participation des Suisses de l’étranger inscrits sur les listes électorales est-il si bas?

Un atelier sur la participation politique

Ces questions ont été soulevées par Antoine Belaieff, délégué des Suisses de l’étranger au Canada, et Carmen Trochsler, déléguée des Suisses de l’étranger en Australie. Ils ont invité les délégué-es de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) à un atelier dans le but de trouver des moyens d’inciter les Suisses de l’étranger à participer aux votations et élections.

Comment mieux activer l’électorat de la diaspora suisse? C’est la questions que posent les délégués du Conseil des Suisses de l’étranger Carmen Trochsler et Antoine Belaieff. Un atelier organisé à l’occasion de la session du Parlement des Suisses de l’étranger a fourni des éléments de réponse. / Alexandra Jaeggi

Quelles ont été leurs idées? Nous leur avons posé la question:

L’OSE veut discuter des résultats de l’atelier en mai avec les représentantes et représentants des chancelleries cantonales.

Des changements notables

L’objet principal de la session du Parlement des Suisses de l’étranger était le manifeste électoral. Celui-ci reflète les exigences de la diaspora suisse envers la politique nationale. «Les partis, les candidats et les autorités doivent prendre conscience de l’importance de leurs préoccupations», a déclaré Filippo Lombardi, président de l’OSE.

Le manifeste existe déjà depuis novembre (voir ici notre rapport à ce sujet). Il n’a toutefois pas encore pu être adopté par l’ensemble du Conseil.

Entre-temps, certains points ont évolué. Notamment en ce qui concerne la priorité absolue, à savoir la garantie et la promotion de l’exercice des droits politiques, dont l’OSE estime qu’il est possible de tenir compte au mieux avec le vote électronique. La Confédération vient de reprendre les essais de vote électronique avec un nouveau système.

>> À lire à ce sujet: La Suisse dispose à nouveau d’un système d’e-voting

Dans la foulée, le Conseil fédéral a également abandonné une alternative proposée par le Parlement, dans laquelle le conseiller national Andri Silberschmidt proposait d’envoyer les documents électoraux par courrier diplomatique. Le Conseil fédéral a adopté vendredi un rapport sur les essais réalisés dans ce domaine. Selon un communiqué, il constate que «les documents de vote parviennent à temps à la grande majorité des électeurs suisses de l’étranger».

Espoir de progrès

En revanche, les relations entre la Suisse et l’UE n’ont guère évolué.

Même après huit visites de la négociatrice en chef suisse Livia Leu à Bruxelles, les entretiens exploratoires en cours n’ont pas encore suffisamment progressé pour que les négociations puissent commencer. Une visite en Suisse cette semaine du négociateur en chef de l’UE, Maroš Šefčovič, donne toutefois des raisons d’espérer des progrès sur cette question, selon les parlementaires présents.

La valse-hésitation entre Berne et Bruxelles inquiète les délégué-es des associations suisses à l’étranger, en particulier ceux qui résident dans les pays de l’UE. Le conseiller aux États socialiste Carlo Sommaruga, qui siège au comité directeur de l’OSE, a tempéré les éventuelles attentes d’une percée rapide en se référant à la carte politique de la Suisse.

L’OSE a dû revoir ses attentes à la baisse en ce qui concerne sa revendication initiale d’un meilleur accès à l’AVS facultative. Les conventions de sécurité sociale existantes posent ici des garde-fous fixes. Et Carlo Sommaruga a prévenu qu’il n’y avait actuellement aucune chance réaliste d’ouvrir l’AVS, déjà financée de manière très limitée, à des demandes supplémentaires de la Cinquième Suisse.

>> À lire à ce sujet: Rentes AVS à l’étranger: ce qu’il faut savoir

Les moyens se sont également réduits au sein du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La demande d’un «réseau consulaire couvrant les besoins des Suisses de l’étranger» se heurte à des contraintes budgétaires, a expliqué Laurent Perriard, directeur par intérim de la Direction consulaire.

Offensive sur les réseaux sociaux

Dans le but de fédérer et d’unifier la communication des communautés suisses à l’étranger, l’OSE, soutenue par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), a nouvellement mis en place le site internet «Factor Swiss».

Maria Luisa Bernini, responsable du projet « Factor Swiss ». swissinfo.ch

«Aujourd’hui, beaucoup de membres des clubs suisses à l’étranger sont plutôt âgés et n’ont pas particulièrement d’affinités avec les réseaux sociaux», indique Maria Luisa Bernini, responsable du projet «Factor Swiss» pour l’OSE. C’est pourquoi l’organisation a eu l’idée de mettre à disposition, via ce site internet, des modèles facilement personnalisables qui permettent de créer des publications pour les réseaux sociaux.

En augmentant la présence des clubs suisses sur les réseaux sociaux, l’objectif déclaré est de conquérir un public plus jeune. Mais pas seulement. L’OSE espère aussi densifier fortement la communauté des Suisses de l’étranger, «afin de pouvoir leur fournir des informations utiles par ce biais, d’une part, et de mieux comprendre leurs besoins d’autre part», précise Maria Luisa Bernini. Une communauté unie et nombreuse aurait également un poids politique plus important.

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