«La neutralité pratiquée par la Suisse est un outil purement politique»
La politique étrangère suisse n’est guère conforme à l’image d’infaillibilité morale associée à la neutralité, écrit l’historien suisse Hans-Ulrich Jost.
Ce contenu a été publié le 17 février 2021 – 13:59 MetternichLien externe, le représentant de l’Autriche, considérait la neutralité comme un blanc-seing pour s’immiscer à tout moment dans la politique helvétique.
La neutralité n’a pas empêché la Suisse de continuer à envoyer des contingents de mercenaires à l’étranger ni de rejoindre la Sainte-Alliance, l’union politique des grandes puissances. La neutralité s’est également révélée être une couverture discrète pour profiter du commerce international dans le sillage des puissances coloniales. Selon l’évolution de l’équilibre des pouvoirs, la Suisse a requis la protection de l’une ou l’autre des grandes puissances.
Pour la place financière, qui a prospéré avec le secret bancaire, la neutralité s’est par ailleurs révélée très pratique. Elle a d’une certaine façon fait office de certificat de moralité. Un article publié dans la Neue Zürcher Zeitung estime que «le secret bancaire est une forme de neutralité fiscale vis-à-vis des autorités financières des pays étrangers». La neutralité a également servi de prétexte, par exemple, pour contourner l’embargo des Nations unies à l’encontre du régime d’apartheid en Afrique du Sud et développer massivement le commerce de l’or avec ce pays.
La croyance que la Suisse a été épargnée par les deux guerres mondiales grâce à sa neutralité est une histoire glorificatrice. En réalité ce sont plutôt les services, les exportations de matériel de guerre, les transactions financières et son rôle de plaque tournante de l’espionnage qui ont rendu la Suisse inoccupée attractive pour les belligérants.
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Dans une série d’articles, des auteurs et auteures invités s’expriment sur la justification éthique de la neutralité suisse. Les autres contributions ci-dessous:
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